Critique La Vengeance de Salazar #5 [2017]

Avis critique rédigé par Vincent L. le mardi 30 mai 2017 à 16h54

Clones...

Succès suprise de l'été 2003, Pirates des Caraïbes : La malédiction du Black Pearl avait surpris tout le monde en proposant un film d'aventure efficace et déchainé. Servi par un scénario impeccable, une réalisation de qualité et un casting original (rappelons que nous parlons d'un temps où Johnny Depp n'était pas un habitué des blockbusters), le long-métrage posait alors les base d'une juteuse franchise sur laquelle Disney allait miser gros par la suite. Et si la qualité a été en baissant drastiquement d'opus en opus (jusqu'à arriver à un vague téléfilm friqué dans le cas de La Fontaine de Jouvence), les résultats au box-office ont jusqu'ici toujours été à la hauteur des attentes des producteurs (rappelons également que les opus 2 et 4 ont franchi la barre symbolique du milliard de dollars de bénéfices).

Presque quinze ans après La Malédiction du Black Pearl, Jack Sparrow et ses amis reviennent dans un cinquième opus reprenant tous les ingrédients posés par le scénario d'origine de Ted Elliott et Terry Rossio : une malédiction ancestrale, un équipage maudit, un couple glamour aidé par un anti-héros, des pirates folkloriques, des combats sur terre, des combats sur mer, un final délivrant un message d'amour, le tout saupoudré de nombreux clins d'oeil aux précédents opus et d'un rappel des comédiens historiques (Johnny Depp, évidemment, mais également Geoffrey Rush, Orlando Bloom, Keira Knightley, Kevin McNally, tout le monde est là !). C'est propre, rangé, carré, sur des rails, rien ne dépasse... et on s'ennuie comme jamais on ne s'est ennuyé devant Pirates des Caraïbes.

En effet, si La Vengeance de Salazar est incontestablement supérieur au précédent opus (ne serait ce qu'en terme de mise en scène), il souffre toutefois d'un effet de redite qui en fait, au final, un film terriblement plat. Tout ce qui est montré à l'écran, on l'a déjà vu dans au moins un des volets précédents ; du coup, pour compenser ce manque flagrant d'originalité, le studio est allé dans la surenchère. Le problème, c'est justement que le succès du premier film était basé sur un équilibre savant entre toutes ces composantes que sont l'action, l'humour, l'aventure et le fantastique (un équilibre que même Gore Verbinski n'a pas réussi à recréer par la suite). Du coup, en dopant chaque partie à coup de stéroïdes, on en arrive à une espèce de monstruosité qui ne ressemble plus à rien.

En témoigne la prestation catastrophique de Johnny Depp. Dans La Malédiction du Black Pearl, Jack Sparrow était un personnage de cape et d'épée banal (écoutez juste les répliques, si on avait eu une interprétation à la Gérard Philippe, ça aurait correctement fonctionné) auquel le comédien apportait toute son excentricité, un coup de génie qui en faisait immédiatemment un héros mémorable. Quinze ans plus tard, on écrit un personnage excentrique pour Depp, qui livre par dessus une performance encore plus excentrique. Jack Sparrow n'a désormais plus rien de drôle, et le show du comédien, autrefois point d'orgue des films, est aujourd'hui devenu agaçant. A sa décharge, reconnaissons tout de même qu'il n'est pas aidé par ses dialogues consternants (on est gêné pour lui chaque fois qu'on le voit clamer « je fais encore pipi dans ma culotte »).

Autour de lui, les autres acteurs ne font pas grand chose (là, c'est une constante dans la saga). Les deux héros de l'histoire, Brendon Thwaites et Kaya Scodelario, sont tellement peu charismatiques qu'ils réussissent l'exploit de faire regretter Orlando Bloom et Keira Knightley, c'est dire ! Quant à Salazar, le grand vilain de cette histoire, il n'est malheureusement qu'un protagoniste fantôche auquel un Javier Bardem en service minimum prête juste ses traits (un peu comme Ian McShane dans le film précédent). Du coup, on retiendra surtout (mais comme d'habitude) Geoffrey Rush, qui maîtrise parfaitement son personnage et lui apporte la petite touche de classe et d'humanité qui en fait le seul protagoniste intéressant du lot. C'est faible, c'est surtout insuffisant pour contrebalancer l'agacement né de la performance outrancière de Depp.

Techniquement, le constat n'est pas beaucoup plus glorieux. Certes, le film ne souffre d'aucune vraie fausse note (mais à 230 millions de dollars, l'inverse aurait été surprenant), mais il ne bénéfice d'aucune véritable qualité. Les effets spéciaux sont certes réussis mais ils sont soit peu originaux (les méchants sont une copie numérique plus friquée de ceux du premier film), soit confinant au ridicule (on croirait que le final a été filmé dans un aquarium, et ne parlons pas du trident en plastique de Poseïdon). La photographie est quant à elle appliquée mais manque cruellement de personnalité (on est vraiment dans du standardisé qui copie/colle les autres blockbusters). On est enfin presque surpris qu'un compositeur ait été embauché tant la bande originale n'est qu'une compilation des compositions de Klaus Badelt et Hans Zimmer.

En terme de réalisation, le constat est toutefois moins sévère. S'il manque tout de même à la barre l'ambition démesurée de Gore Verbinski, reconnaissons que Joachim Rønning et Espen Sandberg savent bien mettre en valeur les grands espaces. Il souffle ainsi sur La Vengeance de Salazar un bon souffle aventureux, les grands paysages étant clairement au coeur de leur mise en scène. Bien que le quota de scènes spectaculaires soit bizarrement très réduit (on a seulement le droit à une seule petite scène combat navale), et que le tout manque cruellement de spectaculaire (il n'y a aucune véritable fulgurance visuelle), les deux réalisateurs parviennent à garder le cap et à insuffler à leur film suffisamment de rythme pour constamment divertir le spectateur (et il en fallait, car on parle de 2h10 de vide !).

En fin de projection, la question se pose : La Vengeance de Salazar aurait-il pu être une réussite ? Le problème, globalement, est que la saga, autrefois outsider auquel personne ne croyait, est aujourd'hui une manne financière conséquente pour Disney. Du coup, le film se contente de dupliquer une formule archi-connue (et somme toute très simple). Ici, tout le monde a probablement fait du mieux qu'il le pouvait avec ce qu'il avait, mais le fait de brider à ce point toute liberté artistique rend chaque nouvel opus tellement stéréotypé qu'il échoue à créer toute forme de surprise. Pire, chacun n'existe désormais plus que dans la comparaison avec les films précédents (comparaison qui se fait systématiquement en sa défaveur). Il faudrait du neuf pour renouveler tout cela, mais malheureusement, comme le sous-entend la scène post-générique, le prochain film s'apprête à suivre la même voie...

La conclusion de à propos du Film : La Vengeance de Salazar #5 [2017]

Auteur Vincent L.
40

Bien que légèrement supérieur à l'opus précédent, La Vengeance de Salazar n'en demeure pas moins une suite sans grand intérêt à la saga Pirates des Caraïbes. On pourrait pointer les nombreux défauts qui font de cette entreprise un spectacle sans grand intérêt, mais la réalité est plus simple que cela : parce qu'elle ne se renouvelle pas, la franchise tombe dans le piège de la redite ennuyeuse. Ce cinquième volet ressemble ainsi à un best-of de tous les autres, compilant sans aucune originalité une formule désormais éculée...

On a aimé

  • Quelques bons passages ici et là,
  • Une mise en scène correcte,
  • Un film correctement rythmé.

On a moins bien aimé

  • Un scénario navrant,
  • Un casting qui sucre les fraises,
  • Peu de grandes scènes spectaculaires,
  • Ressemble à un mauvais best-of de la saga.

Acheter le Film Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar [#5 - 2017] en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar [#5 - 2017] sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter

Critiques liées

  • Voir la critique de La Fontaine de Jouvence
    40

    La Fontaine de Jouvence

    par Vincent L. | Lecture : 8 mn 34

    Ca commence à sentir le sapin... : Au final, ce quatrième opus de la saga Pirates des Caraïbes s'avère être un divertissement rythmé, mais jamais plus que cela. Plom…

  • Voir la critique de La Fontaine de Jouvence
    50

    La Fontaine de Jouvence

    par Richard B. | Lecture : 4 mn 43

    Jack Sparrow et la quête de la vie éternelle : Si ce nouveau pirates des Caraïbes offre sa dose de dépaysement et son lot d'aventures, le film de Rob Marshall possède un certain…

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    80

    La Malédiction du Black Pearl

    par Sylvain T. | Lecture : 3 mn 56

    « Trinquons mes jolies… yoho ! » : Surfant sur des acquis qui fonctionnent, et qui fonctionneront toujours, ce divertissement avant tout familial fait fi des préjugé…

  • Voir la critique de Jusqu'au bout du Monde
    45

    Jusqu'au bout du Monde

    par Nicolas L. | Lecture : 5 mn 1

    Canonnade numérique et lobotomisée : Dans Jusqu'au bout du monde, Gore Verbinski a été encore plus loin dans la démesure pyrotechnique et numérique. Une opulence d'eff…

  • Voir la critique de BO-OST-score Pirates des caraïbes 3 - Jusqu'au bout du monde
    85

    BO-OST-score Pirates des caraïbes 3 - Jusqu'au bout du monde

    par Manu B. | Lecture : 2 mn 46

    Et de trois ! : Voilà un score qui conclut en beauté et avec humour cette histoire un peu légère de pirate déjanté.

  • Voir la critique de Jusqu'au bout du Monde
    65

    Jusqu'au bout du Monde

    par Richard B. | Lecture : 4 mn 29

    Le trop, ennemi du bien ? : Spectaculaire et mené par une première partie hallucinante PDC3 est un très bon spectacle. Hélas, la deuxième partie cumule assez …

  • Voir la critique de BO - OST Pirates des Caraïbes 2
    75

    BO - OST Pirates des Caraïbes 2

    par Manu B. | Lecture : 1 mn 40

    Dans la lignée de Pirates des Caraïbes : Quelques nouveautés instrumentales font de ce deuxième opus de Pirates des Caraïbes 2 un score agréable à écouter.

  • Voir la critique de Le Secret du Coffre Maudit
    65

    Le Secret du Coffre Maudit

    par Nicolas L. | Lecture : 5 mn 19

    Salade de poulpe un peu trop légère : Pirates des Caraïbes 2 assure le spectacle. Uniquement le spectacle. Et c’est là que le bât blesse. En voulant nous en mettre plei…

  • Voir la critique de Le Secret du Coffre Maudit
    72

    Le Secret du Coffre Maudit

    par Richard B. | Lecture : 3 mn 57

    La loi des pirates : Toujours plus ! : Pirates 2 ne manque pas de piquant et rien que la scène avec le Kraken (hommage direct a 20 000 lieues sous les mers) vaut le déto…

  • Voir la critique de Le Secret du Coffre Maudit
    70

    Le Secret du Coffre Maudit

    par Lujayne M. | Lecture : 1 mn 55

    Sparrow est de retour : Vous en aurez pour votre argent, c'est bien ce qu'on peut dire de ce film. Si vous avez aimé le premier, vous apprécierez forcémen…

  • Voir la critique de Le Secret du Coffre Maudit
    65

    Le Secret du Coffre Maudit

    par Gil P. | Lecture : 2 mn 16

    Les pirates exploitent le filon : Faire un film sur les bonnes idées du premier quand celui-ci n'est déjà que l'excellente surprise d'un été (mais pas un film référ…

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    78

    La Malédiction du Black Pearl

    par Nicolas L. | Lecture : 5 mn 1

    Hissez Haut ! : Pirates de Caraïbes m’a vraiment surpris, moi qui avait à son encontre de malheureux préjugés. Même si ce n’est pas le film d’aven…

  • Voir la critique de Pirates des Caraïbes BO-OST
    80

    Pirates des Caraïbes BO-OST

    par Manu B. | Lecture : 1 mn 32

    Gladiator bis ? : Entrainant, trépidant, léger, ce score est de bonne facture, même si il rappelle par certains thèmes la composition de Gladiator, …

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    70

    La Malédiction du Black Pearl

    par Manu B. | Lecture : 3 mn 23

    Aventures et pirateries : C'est un film plein d'aventures, de combats à l'épée, de fourberie, de boum et de hue! Le thème des pirates est cette fois traité …

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    32

    La Malédiction du Black Pearl

    par Halpheus | Lecture : 53 s

    Un blockbuster familial sans grand intérêt : Pirates des Caraïbes est donc fidèle aux dernières productions animées de chez Disney, c'est à dire qu'il s'agit d'un divertisseme…

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    80

    La Malédiction du Black Pearl

    par Lujayne M. | Lecture : 43 s

    Un vrai plaisir ! : Voilà un bon film d'aventure comme on les aime ! J'avoue que j'étais assez sceptique quant à un film tiré d'une attraction, mais l…

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    75

    La Malédiction du Black Pearl

    par Gil P. | Lecture : 2 mn 40

    Ho hé du bateau : Une bonne idée et un réalisateur intelligent qui laisse sa star mener le bateau ! Johnny Depp survole le film et ajoute le petit "…

  • Voir la critique de La Malédiction du Black Pearl
    82

    La Malédiction du Black Pearl

    par Richard B. | Lecture : 2 mn 19

    Pop'corn et gros navires : Bruckheimer comme pour chaque été nous sort sa grosse production, mais cette fois ce qui n’est pas toujours le cas, pour le plus g…