Rencontre @vec...Lucie Chenu
Anthologiste de (Pro) Créations

Je remercie grandement Lucie Chenu d'avoir pu prendre un peu de son temps pour répondre à une série de questions.
J'ai adoré lire sa première anthologie (Pro) Créations et je vous enjoins de faire de même.
Mais maintenant place à cette rencontre avec Lucie Chenu effectuée par mail!


Pourrais-tu te présenter aux internautes de Scifi-Universe ? Ton parcours, une mini bio…
Alors… j’ai arrêté mes études pour faire les Beaux-Arts, mais comme j’étais nulle en dessin – ce qui est quand-même un peu gênant aux Beaux-Arts – j’ai repris mes études par correspondance, passé mon bac et, dans la foulée, obtenu divers diplômes de biologie, biochimie, pour finir avec un doctorat de génétique microbienne. Qui ne me sert strictement à rien, sinon à me dire que j’ai réussi à mener ça jusqu’au bout.
Et pendant tout ce temps-là, je lisais beaucoup, de la SF, du fantastique et de la fantasy (à l’époque, ça ne s’appelait pas « fantasy », d’ailleurs) mais aussi plein d’autres choses. Et je me racontais des histoires. Un jour, je me suis décidée à écrire certaines de ces histoires, celles que je n’avais pas choisi de vivre pour de vrai.
Je vis avec un éleveur de chevaux au sud-ouest de Toulouse, bien loin de notre Normandie. Lui et nos deux enfants sont ce que j’ai de plus précieux.
Quand et comment ta passion des littératures de l’Imaginaire ont-elles débuté ? As-tu une préférence dans les genres préétablis comme la SF, la fantasy, le fantastique ou l’horreur ?
J’ai beaucoup de mal à distinguer entre ces genres, que je ne trouve pas tellement préétablis. Après tout, ils se sont établis bien après que j’ai commencé à les lire ! J’ai commencé à les écouter très tôt, avec les histoires que me racontaient ma mère à l’imagination débordante. Quand j’ai su lire, j’ai écumé les bibliothèques puis, plus tard, les librairies.
Je n’ai pas vraiment de préférence – c’est pour ça que je tenais à ce que (Pro)Créations contienne des textes issus de ces diverses mouvances. En fait, j’accroche avec un style, une voix, un auteur. Et là, je dévore ses écrits.
As-tu un auteur favori ?
J’en ai plusieurs ! Et ça a varié selon les époques. Bon, si je mets de côté les auteurs de (Pro)Créations ;-)… Je reste fidèle à Asimov, dont je suis une inconditionnelle, Tolkien. Et je ressens toujours un grand plaisir à relire mes romans préférés de Marion Zimmer Bradley (même si je n’aime pas tout ce qui a été publié sous son nom), la saga de Ténébreuse ou Les Dames du Lac.
Avec quel roman l’as-tu découvert ?
J’ai découvert Asimov avec Fondation, Tolkien avec Bilbo le Hobbit, et Bradley… je crois que c’était avec Chasse sur la lune rouge, mais je ne suis pas sûre. C’était il y a très, très, très longtemps. Dans une autre vie.
Ta plus belle émotion littéraire même si elle ne vient pas de ton auteur favori ?
Le Dieu dans l’ombre, de Megan Lindholm (alias Robin Hobb), Musiques de la frontière, de Léa Silhol… et les ouvrages des auteurs de (Pro)Créations, parce que c’est quand-même ça qui m’a attirée chez eux : l’émotion que leur œuvre suscitait en moi !
Et récemment, STYx, de Jean-Michel Calvez. Et un autre roman qui va être publié chez Glyphe et dont je ne peux pas parler parce que le contrat n’est pas encore signé, ce qui me fait trépigner :-D
Le 16 avril 2007 paraissait aux éditions du Glyphe ton anthologie (Pro)Créations sur le thème de la Naissance. Cette anthologie inaugurait donc ta première anthologie et par la même occasion la première collection des littératures de l’Imaginaire des éditons Glyphe.
Pourrais-tu tout d’abord nous présenter (Pro)Créations avec tes propres mots ?
C’est une anthologie sur le thème de la Naissance et de l’Enfantement, deux choses si semblables et si différentes, deux visions diamétralement opposées du plus grand miracle qui soit. Je parle de miracle au sens biologique, si je puis dire, du terme. Pas au sens « rose layette », « oh ! qu’il est joli, ce poupon ! ». Non, je trouve que la naissance, la reproduction, le fait d’être capable de mettre au monde un autre être vivant, tout aussi vivant que soi, et distinct, est quelque chose d’extraordinaire. Et donc, cette naissance – par laquelle nous sommes tous passés, mais nous ne nous en souvenons pas, et ça aussi, c’est quelque chose d’extraordinaire ! – et cet enfantement – que seule une partie d’entre nous vivons – je voulais qu’ils puissent aussi être traités d’un point de vue métaphorique, à travers l’acte de création.
Je voulais aussi que cette anthologie soit ouverte à des courants très différents : SF, noir, fantasy, polar, fantastique…
Comment t’est venue l’idée et l’envie de réaliser cette Anthologie ?
Il y a six ans, environ, quand une lectrice m’a fait prendre conscience que le thème de l’Enfance, et celui de la Naissance, revenaient très souvent dans mes nouvelles. Je me suis alors rendue compte que dans mes lectures aussi j’explorais, plus ou moins consciemment, ces thèmes. De « La Créode », de Joëlle Wintrebert, à L’Heure des Sorcières, d’Anne Rice, en passant par Le Dieu dans l’Ombre, de Megan Lindholm, il est question de naissance. Alors, petit à petit, je me suis mise à rêver de cette anthologie, à imaginer les auteurs que j’y convierais. Et puis deux conversations en parallèle, avec Joëlle Wintrebert et Léo Lamarche, m’ont donné le coup de pouce dont j’avais besoin pour oser mettre ça en route.
Comment s’est déroulé ta collaboration avec les éditions Glyphe ?
Très bien ! Je suis arrivée avec mon projet pile-poil au moment où Éric Martini voulait lancer une collection consacrée à l’Imaginaire, et le thème « naissance et enfantement » (le titre, (Pro)Créations, a été trouvé plus tard) l’a complètement enthousiasmé. Nous avons beaucoup parlé de ce que nous voulions, de la maquette, de la couverture, des présentations d’auteurs, etc… J’avais très envie que Sébastien Bermès fasse la couverture, et ça tombait à merveille parce que Sébastien avait déjà illustré La Mallette jaune, de Carole Boudebesse, et qu’Éric Martini souhaitait retravailler avec lui.
En fait, ça s’est tellement bien passé qu’il m’a proposé par la suite de diriger la collection Imaginaires. Après un moment de réflexion, j’ai choisi de la co-diriger avec lui, et j’ai le plaisir de t’annoncer que nous allons publier en novembre un roman de Jean-Michel Calvez, STYx, qui est un gros coup de cœur.
Quel effet cela fait de passer de l’autre côté de la barrière ? Attendu que tu participes beaucoup à des sites de l’imaginaire comme nooSFere ou la Yozone, ainsi qu’à des revues, comme Faeries ou Galaxies, en tant que journaliste. Et même si tu as déjà à ton compteur de nombreuses publication de nouvelles !
Eh bien j’ai découvert avec stupéfaction à quel point c’était difficile de répondre à une interview :-D Je ne l’aurais pas cru. Sinon, je trouve passionnant de découvrir, petit à petit, les différents actes qui tournent autour du livre, les « métiers du livre », comme on dit. Ça me donne un sentiment de complétude. Et j’apprends tous les jours.
Alors explique-nous de quelle manière c’est déroulée cette création ? La réunion des 22 auteurs, la choix des nouvelles, comment as-tu communiqué avec eux, etc.
Ça a d’abord mijoté pendant un moment dans ma tête, j’ai fantasmé cette anthologie, j’ai rêvé aux auteurs que j’aimerais y convier. À un moment, j’ai senti que c’était prêt, et j’ai commence à en parler à un éditeur qui m’a dit être intéressé par ma proposition de sommaire. J’en ai donc parlé aux auteurs… et l’éditeur en question a arrêté de publier des anthologies ! Heureusement, les auteurs m’ont suivie et je les ai tenus informés de mes diverses démarches auprès des éditeurs. C’était un peu le feuilleton de l’été 2006, jusqu’à ma rencontre avec Glyphe.
Quelle a été la plus grosse difficulté rencontrée dans ce projet ?
Tu veux dire, à part trouver un éditeur intéressé ? Définir l’ordre des nouvelles. C’est quelque chose de très important, dans une anthologie ; il faut que chacun des textes soit mis en valeur par ses voisins et leur rende la pareille… C’est un véritable casse-tête quand on a, comme dans (Pro)Créations, des textes aussi variés, tant par le thème que par le style ou la longueur !
Et inversement ta grande joie ?
Tu veux dire, à part trouver un éditeur intéressé ? (rires) Sans aucun doute, l’acceptation de chacun des vingt-deux auteurs. Même si, pour les extraits de roman et l’une des nouvelles, les droits de reproduction sont rachetés par mon éditeur à l’éditeur original, j’ai tenu à avoir l’accord de chacun. Je conserve précieusement la lettre que m’a écrite Amin Maalouf :-)
Pourrait-on désigner ton anthologie (Pro)Créations comme un top 20 de tes auteurs favoris ?
Un top 22 alors ;-)
On peut dire qu’ils sont tous dans mon top, oui. Mais surtout, je les ai choisis parce qu’il « collaient » avec le thème… et ils ont choisi, eux, de répondre à mon appel ! Il en est d’autres, parmi mes auteurs favoris, qui ne sont pas dans (Pro)Créations, mais que j’espère avoir l’occasion de publier dans une autre anthologie. Pour certains, ça devrait se faire courant 2008. Les autres ne perdent rien pour attendre ;-)
Pour quelle(s) raison(s) as-tu choisi principalement des auteurs français ?
En fait, il y avait une nouvelle anglo-saxonne que j’aurais souhaité inclure, mais l’auteur en question, décédé, n’était pas représenté par un agent en France, et les ayant-droits n’ont jamais répondu aux sollicitations de l’agent américain !
Mais j’ai d’abord contacté des auteurs que je connaissais personnellement, suffisamment pour pouvoir les entraîner dans cette aventure sans filet, et dont je sentais qu’ils allaient écrire quelque chose de fabuleux sur ce thème. Ensuite, quand j’ai vu que ça prenait tournure, j’ai contacté des auteurs que je ne connaissais pas, comme Amin Maalouf et Martin Winckler, pour leur demander l’autorisation de publier un extrait de roman (bon, Martin Winckler, j’ai bien essayé de lui faire écrire une nouvelle, mais il n’avait vraiment pas le temps ;-) )
Je reviens vers ton parcours dans le monde de l’Imaginaire – et surtout tes nombreuses interviews d’auteurs – car j’aimerais savoir quelle a été ta plus belle rencontre/interview littéraire ?
Chacune de ces interviews a été l’occasion d’une rencontre pas seulement littéraire, mais humaine, aussi. Mais j’ai un faible pour mon interview des traducteurs, parce qu’à chaque nouvelle série de réponse, je découvre de nouveaux aspects de ce métier fascinant, alors qu’on aurait pu craindre des redites. Et Pierre Gévart et moi nous sommes régalés avec notre interview croisée expliquant ce qu’est un Puat. Il faut dire que le Puat, c’est une telle aventure ! D’ailleurs, celui-ci devrait paraître aux éditions Répliques fin octobre ou début novembre.
A l’inverse quel auteur souhaiterais-tu rencontrer/interviewer à tout pris ?
Ça va te paraître étrange, mais je ne sais pas si je saurais encore interviewer quelqu’un. Pas après avoir, moi-même, répondu à des questions sur mon travail. Ou alors, d’une autre façon, une conversation orale, quelque chose comme ça. À condition de ne pas bafouiller.
Des auteurs que j’aimerais rencontrer un jour ? Robin Hobb, Amin Maalouf, Anne Rice… sans compter ceux que je connais mais n’ai jamais encore eu l’occasion de voir en vrai, comme Léo Lamarche ou Pierre-Alexandre Sicart !
Et quand j’aurai ma machine à remonter le temps : Asimov, Tolkien et Marion Zimmer Bradley.
Mais en y repensant, il y a une interview que j’aurais aimé faire : sur le mode de mes 15 questions à 15 traducteurs, j’aurais voulu interroger des duos d’auteurs comme Claire et Robert Belmas, Sylvie Miller et Philippe Ward, etc… J’ai déjà co-écrit une nouvelle, moi-même, avec Julien Fouret, et ça a été une expérience passionnante. Mais je crois qu’il y a autant de façon de co-écrire qu’il y a d’auteurs, et ça m’intéresserait de savoir comment l’ont vécu ces écrivains que j’admire.
Aurons-nous le plaisir de te retrouver dans une prochaine création d’anthologie ?
Oui, je peux maintenant annoncer qu’une anthologie va paraître, au printemps 2008, chez Terre de Brume. Son thème ? Les personnages de l’épopée arthurienne, transposés à notre époque. Que seraient Merlin, Arthur ou Morgane, au XXIe siècle ?
Toujours en 2008, une anthologie-jeunesse devrait voir le jour, sur le thème de l’Initiation, du passage de l’Enfance vers l’âge adulte. L’Adolescence, quoi…
Et puis j’ai participé, il y a quelque temps, à des projets collectifs, dont ce fameux Puat 3, que j’ai été chargée d’anthologiser :-) Ça devrait paraître à l’automne 2007, si je ne prends pas trop de retard, aux éditions Répliques.
Et j’ai un ou deux autres projets que je compte proposer à Glyphe (c’est tout l’intérêt de la co-direction : je peux continuer à soumettre des projets). Mais là, on arrive à fin 2008-début 2009.
Et n’as-tu pas l’envie de réunir tes propres nouvelles dans un recueil ?
Oui, pourquoi pas :-)
Pourrais-tu te prêter au jeu du portrait chinois ?
Argh ! C’est très dur, je trouve, de dire un seul…
Si oui…
Si tu étais :
- Un Livre : La Maison des Amazones, de Marion Zimmer Bradley - Un Mot : « heu… » ;-) - Une Phrase : Je souhaite que mes enfants deviennent un homme et une femme heureux, justes et bon. Et en bonne santé, ça peut servir ! - Un Film : The Rocky Horror Picture Show - Une Chanson : Child in time - Un Objet : un ordinateur - Un Animal : une chouette - Une Couleur : rouge - Une émotion : le rire - Une fin : ouverte, vers un après, un ailleurs, un autre chose…
Merci beaucoup Lucie Chenu…
Merci à toi, Lucie M. :-)

» Lire la chronique: Une Anthologie avec une grand A

Auteur : Lucie M.
Publié le lundi 22 octobre 2007 à 06h00
Source : SFU

Fiches de l'encyclopédie de la SF en rapport avec l'article

Commentaires sur l'article

Les commentaires des membres sont désactivés temporairement car nous sommes en train d'optimiser cette fonctionnalité qui ralentit l'ensemble du site. Ils sont remplacés par les commentaires facebook. Merci de votre compréhension.

Pour aller plus loin grâce à nos archives

Articles de 2007 : janvier | février | mars | avril | mai | juin | juillet | août | septembre | octobre | novembre | décembre