Critique La route [2009]

Avis critique rédigé par Richard B. le lundi 14 décembre 2009 à 07h53

Survivre là où la mort s’imposerait.

Que reste-t-il du monde tel que l’avait connu cet homme qui voyage avec son fils ? Équipés seulement de ce que peut loger leur caddie, ils font route vers l’Ouest et l’océan, espérant trouver là-bas plus de chaleur et de vivres. La route va être cependant longue et le danger jamais trop éloigné.

Adapter le roman de Cormac McCarthy(No country for old men) était un pari délicat, le livre, avec son petit nombre de personnages, étant assez intimiste. Cependant, le roman - lauréat du prix prix Pulitzer 2007 - avait une histoire des plus séduisantes et offrait une perspective de film post-apocalyptique non encore traité sur grand écran, du moins dans sa façon d’aborder les différents éléments. En effets, nous pouvons voir en La route tout l’opposé d’un Mad Max. Alors que le film de Miller cumule les courses poursuites, une forte luminosité, une civilisation aux couleurs «punk» - et bien que partageant la même quête de recherche de vivres et d’essences -, le film de John Hillcoat (qui, tout comme Miller, est Australien) est sombre. Les hommes sont sales et chaudement vétus... le désert a fait place aux débris et aux cendres. Mais surtout, la différence se situe dans le choix d’être fidèle au roman. En effet, le film prend son temps et plutôt que décrire tout un panel de personnages, il y est surtout question de suivre un père et un fils qui luttent pour leur survie. Survivre à ce qui les entoure, mais aussi à eux-mêmes face au désespoir de voir l’humanité sombrer. Il leur faut rester en vie alors que des êtres chers sont morts. Ils doivent lutter pour leur vie alors que la douleur est omniprésente et qu’il suffirait d’une seule balle pour abréger ces souffrances. Plus qu’un film sur l’apocalypse, la route est un film qui parle de la survie dans tout ce que ce mot peut signifier.

 

Si le cannibalisme - et la peur de ce que cela représente - environne tout le film, John Hillcoat à la très bonne idée de ne pas sombrer dans la violence graphique et préfère opter pour la suggestion plutôt que la démonstration. Ainsi, la violence est plus froide et dure, d’autant plus que les conditions laissent sous-entendre que n’importe quel individu (même foncièrement bon) pourrait en arriver là, car, une fois encore, la question est de se nourrir ou de se laisser mourir. Et c’est sur cette idée que le film arrive à générer un suspense qui capte l'attention du spectateur. Le personnage principal, joué par Viggo Mortensen, n’a plus foi en l’humanité. Désormais pour lui tout le monde s'est tourné vers le mal et il s'estime désormais être la seule source de bien pour son fils. Un fils qui est essentiel, car représentant sa dernière flamme d’humanité. Du coup, la paranoïa du personnage principal fonctionne et se transmet, surtout que cette dernière est parfois justifiée. Chaque rencontre laisse ainsi place à un doute, et bien que l’on devine que rien ne peut leur arriver tant que le métrage continue de dérouler, l’issue finale, de par la noirceur du film, reste incertain et ne pourra que surprendre.

La réussite du film tient aussi à son casting, Viggo Mortensen (le Seigneur des Anneaux) et Kodi Smit-McPhee (bientôt dans le remake de Let the Right One in) devant assurer le gros morceau à eux deux. Dans le cas de Viggo Mortensen, la réussite n’est plus vraiment une surprise, l’acteur ayant déjà montré qu’il était bon dans tous les registres et certainement l’un des plus talentueux comédiens de ces dix dernières années. La surprise se situe donc plutôt du côté de Kodi Smit-McPhee qui justement arrive à tenir la distance face à son partenaire pourtant plus âgé et expérimenté. Un rôle qui, de plus, était vraiment dur à jouer, le scénario étant loin de proposer un exercice pour petit garçon. Au casting figurent d’autres grands noms du cinéma comme Charlize Theron, Robert Duvall et Guy Pearce. Si leurs présences à l’écran sont souvent éphémères, elles n’ont rien d’anecdotiques et se devaient être pour insuffler de l’émotion au film, avec derrière des gens capables de tenir la route. À ce titre, Robert Duvall gagne la palme et les deux scènes dans lesquelles il est présent sont véritablement remarquables.

Bien qu’au final, à ma sortie de la salle obscure, tout m’a semblé remarquable dans ce film.

La conclusion de à propos du Film : La route [2009]

Auteur Richard B.
87

Si la route peut déplaire, ce sera à cause de son rythme lent qui, à coup sûr, ne correspondra pas aux goûts des adeptes de MTV et des films de Mark Neveldine et Brian Taylor. Pour les autres, la route est une très belle adaptation et surtout un très grand film qui doit sa réussite autant à son casting qu’à l’ambiance distillée.

On a aimé

  • Une réalisation sobre et efficace, des acteurs merveilleux,
  • Un traitement post apocalyptique original au cinéma,
  • Une histoire brillante.

On a moins bien aimé

  • Le rythme déplaira à un certain public

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