Critique Dog Man [2025]

Critique de la version française

Petits phénomènes littéraires depuis plus de 25 ans, Le Capitaine Slip et Dog Man ont depuis quelques années envahis nos écrans pour un déluge d'humour comme d'action destinés à la jeunesse.

A la base il y a Le Capitaine Slip créé à la fin des années 1990 par l'Américain Dav Pilkey dans une série de comics ensuite rejointe par le spin-off Dog Man. Il faut ensuite attendre le milieu des années 2010 pour voir DreamWorks s’intéresser à cet univers avec la sortie de Capitaine Superslip au cinéma en 2017. Et comme pour beaucoup de films d'animation DreamWorks, une série sur Netflix suivit (Les Aventures de Capitaine Superslip) notamment développée par l'Américain Peter Hastings. Cela fait un moment que l'homme travaille dans les séries d'animation avec des œuvres cultes telles que Les Animaniacs ou Minus et Cortex ainsi que sur la version 2012 des Les Tortues Ninja. Il est même passé à la réalisation en 2002 avec l’oublié Les Country Bears. C'est avec la bénédiction de Dav Pilkey qu'il scénarise et réalise Dog Man principalement développé au sein des studios d'animation partenaires de DreamWorks, le Britannique Jellyfish Pictures (Les Bad Guys, Kung Fu Panda 4...) en tête. Assez modeste dans son budget (40 millions de dollars) pour une production DreamWorks, le film sort fin janvier aux Etats-Unis et dans le reste du monde au printemps 2025 récoltant au moins trois fois sa mise au moment où ces lignes sont écrites.

L'action se déroule dans la ville de Ohkay City alors qu'un policier et son chien sont à la poursuite du chat criminel Monpetit mais sont gravement blessés. Le corps du chien ne peut survivre tandis que c'est la tête qui est atteinte pour le policier. L'hopital décide de fusionner ce qui fonctionne encore créant ainsi un policier à la tête de chien : Dog Man. Une créature qui va continuer à combattre les crimes de Monpetit mais qui aura du mal à être accepté par sa hiérarchie tout en se retrouvant seul dans le civil... Malgré sa traque implacable de Monpetit, il est mis sur la touche tandis que on ennemi teste tous les plans afin de se débarrasser de ce policier trop efficace. Jusqu'à avoir l'idée de se cloner, une action qui va avoir de grandes conséquences pour les deux adversaires...

Dog Man est clairement proposé comme un divertissement familial dans le sens où il cible autant un public jeune que les adultes qui les accompagne généralement. Et c'est dans cet entre-deux qu'il a souvent du mal à nous convaincre. Le scénario mené tambour battant nous plonge dans un univers assez barré et absurde avant de quelque peu s'essouffler dans un film qui veut autant amuser les plus jeunes que contenter les parents tout en s'avérant quelque peu méta par moments. Souvent cela fonctionne avec des dialogues assez bien pensés saupoudrant des gags très cartoons à base de courses-poursuites et de bagarres. Ces dernières sont assez bien fichues car si le budget est modeste (en rapport avec le tout-venant de l'animation américaine), il y a une volonté d'en mettre plein la vue à travers les inventions de Monpetit ou encore un combat final renvoyant aux oeuvres de robots géants. Néanmoins, le film veut aussi se montrer touchant quand il aborde plusieurs fois le thème de la solitude pouvant être réparée par l'amitié et l'amour. Des passages qui font moins mouches car trop classiques et arrivant un peu comme un cheveux dans une soupe où l'absurde prend beaucoup de place.

Dog Man souhaite donc plus s'adresser à nos zygomatiques qu'à notre cœur mais à force de vouloir titiller les deux, il tombe parfois à plat. L'histoire adaptant librement trois tomes des comics originaux peine à pleinement nous emballer avec des moyens un peu artificiels de relancer les péripéties. Pour autant, l'univers dépeint est assez attachant car le film ne va jamais renoncer à son ambiance absurde assumant des situations loufoques comme ses running gags. Certaines répliques sont ainsi assez osées pour un jeune public (en version originale, on retrouve des noms comme Pete Davidson ou Ricky Gervais au doublage, pas forcément des humoristes tout public) mais sans complètement en faire un divertissement mature. Encore une fois, le mélange a du mal à prendre pleinement quand bien même le film s'avère toujours plaisant. La direction artistique assume quant à elle pleinement sa cible, un public jeune. Elle reprend la mode actuelle des films en images de synthèse avec une apparence traditionnelle. Un style qui n'est plus original en 2025 mais qui ici fonctionne car il renvoie aux livres illustrés pour enfants. Sans nous en mettre plein les yeux, Dog Man reste charmant dans son style.

Production DreamWorks oblige, Dog Man bénéficie d'une animation de grande qualité qui donne très bien naissance aux différents défis proposés. Elle suit déjà parfaitement le rythme souvent effréné tout en réussissant d'abord à rendre crédible ce chien-homme dont il garde principalement les mimiques du premier. Les différentes animaux se comportant comme des humains sont très bien animés comme les immeubles vivants à la fin. Il y a aussi quelques gourmandises d'animation appréciables ici et là. Encore une fois, on reste clairement un cran en dessous ce que les productions américaines ont pu nous offrir ces dernières années. Mais on a jamais l'impression d'avoir un film au rabais qui reste toujours cohérent avec ce qu'il souhaite nous raconter. Peter Hastings livre un travail de réalisation soigné démontrant sa maîtrise d'un humour cartoon bien écrit dans ses dialogues hérité des Animaniacs comme de Minus et Cortex. On reste plus critique sur sa gestion de l'émotion étant plus plan-plan et prévisible. Il réussit toutefois à parfaitement gérer son personnage principal « muet » en doublant lui-même ses aboiements. Avoir un tel personnage principal reste une originalité appréciable. Pour ce qui est du casting vocal français, il est de grande qualité mené par des professionnels rompus à l'exercice.

On vous le conseille si vous aimez Robocop, Sam & Max, Wallace et Gromit...