Critique Oddworld : La Fureur de l'Etranger #4 [2005]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 10 janvier 2020 à 09h00

Il était une fois Oddworld

Testé sur PS3

La saga Oddworld est une des plus originale dans l'industrie des jeux vidéo, dotée d'un statut culte, mais néanmoins assez obscure pour beaucoup de joueurs tant ses titres n'ont pas été de gros succès commerciaux. Un constat qui fut renforcé par son 4ème épisode, La Fureur de l'Etranger.

La licence Oddworld est l'œuvre d'un studio, les Californiens d'Oddworld Inhabitants, et surtout d'un homme, Lorne Lanning. Ce véritable touche à tout fut le créateur, réalisateur, scénariste et très souvent doubleur des différentes aventures développées par son studio. Ce nouvel épisode sorti en 2005 en exclusivité sur la première Xbox et édité par Electrinoc Arts se voulait être le troisième épisode de la saga Oddworld après les aventures d'Abe en deux parties (L'Odyssée d'Abe et L'Exode d'Abe) et de L'Odyssée de Munch sorti sur la même console en 2001. Trois excellents jeux qui mélangeaient avec brio plates-formes et réflexion dans un monde imaginaire aussi originale qu'incongru en forme de critique cynique forte en humour noir de nos sociétés capitalistes. Après les aventures de Munch qui transposaient très bien la philosophie des aventures d'Abe en assurant le passage de la 2D à la 3D grâce à une nouvelle génération de console, La Fureur de l'Etranger avait pour ambition de proposer un véritable renouveau : Un FPS dans une ambiance western...

Le jeu se déroule ainsi dans le même univers d'Oddworld mais dans un temps ou une contrée où les protagonistes des épisodes précédents ne semblent pas exister. On incarne ainsi un chasseur de prime sobrement appelé l'Etranger qui parcourt les différentes villes et régions plus ou moins désertiques à la recherche des prochains bandits à capturer/éliminer. Notre antihéros travaille principalement pour une race ressemblant à des poulets géants luttant face aux Wolwarks, une race beaucoup plus agressive menée par les différentes cibles des contrats que l'on accepte. L'Etranger ne récupère pas ses primes seulement pour l’appât du gain, et encore moins pour sauver la veuve et l'orphelin, mais pour pouvoir se payer une opération chirurgicale indispensable à sa survie. Une opération hors de prix qui pourra être payée avec une mission spécifique : rapporter la tête d'une créature appartenant à une race quasiment disparue... Lors de ses voyages, l'Etranger va rencontrer la race primitive de lézards, les Grubbs dont les rivières se sont taries à cause de la construction d'un énorme barrage dirigé par l'infâme Sekto. Le chasseur de primes va devoir se mouiller un peu plus qu'il ne l'aurait voulu...

S'il reste très classique, le scénario de La Fureur de l'Etranger n'en est pas moins sympathique avec ce qu'il faut de péripéties et de moments de tension pour contenter n'importe qui. Il dispose même d'un twist extrêmement intelligent au milieu de l'aventure (qu'on vous laisse découvrir) redéfinissant complètement les enjeux narratifs. Outre cette surprise agréable, le jeu dispose de magnifiques cinématiques comme la série a toujours su nous en proposer. Les différentes cutscenes insufflent ce qu'il faut d'humour avec un bon nombre de dialogues et de personnages démontrant un certain second degré. Le jeu se déroule donc dans une sorte de western (tendance spaghetti) avec des créatures fantastiques offrant une véritable originalité. Comme à son habitude, Lorne Lanning intègre une critique de nos sociétés actuelles avec un message plus écologique puisque sous couvert de respect des civilisations, on trouve aussi une dénonciation de l'appropriation de ressources vitales par les plus puissant. Les aventures de l'Etranger s'inspirent fortement des rôles de taiseux de Clint Eastwood faisant que la critique est moins acerbe qu'à l'accoutumée ce qui montre que ce nouvel opus est peut-être plus aseptisé que les autres. Les fans de la licence doivent aussi comprendre que cet épisode est complètement indépendant par rapport aux autres si ce n'est une direction artistique proche et quelques clins d'œil.

La direction artistique est une nouvelle fois la grande force de cette série dont l'originalité et les ambiances qu'elle insuffle dans ses jeux la rend vraiment unique. On a vraiment l'impression de traverser un western avec des créatures fantastiques grâce à des plaines et forêts désertes, des villages de pionniers balayés par la poussière et des repères d'outlaws faisant parler la poudre sans oublier le peuple d'indigènes et le magnat qui tire les ficelles de son bureau... C'est donc un vrai plaisir de contrôler la figure du chasseur de primes dans cet univers aussi fort que loufoque. Les décors ne sont pas seulement liés au genre du western mais propose aussi des sites plus proches de la science-fiction mais en ruines comme si on déambulait dans une terre touchée par un cataclysme il y a longtemps. Les différents niveaux permettent ainsi à Oddworld Inhabitants de proposer des ambiances différentes qui offrent un plaisir constant de la découverte au fur et à mesure que l'on progresse. Le studio montre encore une fois sa très grande qualité quand il s'agit de créer des univers décalés à l'identité très forte.

Le jeu n'est finalement pas complètement un FPS puisque l'on peut contrôler le chasseur de primes à la troisième personne et que les phases d'exploration/plates-formes ont aussi leur importance. Concrètement, notre héros se déplace de ville en ville pour trouver des contrats. Des villes qui deviennent ainsi des hubs dans de vastes niveaux où les différentes cibles sont planquées avec leur armée. On peut donc prendre les contrats dans les bureaux des primes et faire ses emplettes au magasin pour améliorer ses équipements ou se ravitailler en munitions. Une fois le contrat accepté, les habitants peuvent vous donner des indices sur le chemin à suivre et vous allez ainsi affronter généralement toute une bande puis leur chef. Les ennemis peuvent être autant assommés que tués et il faudra ainsi les capturer pour pouvoir récupérer de l'argent. Les primes sont plus élevées si vous capturer votre cible comme ses sbires. Si la première partie s'avère ainsi très sympathique, elle reste néanmoins monotone. Heureusement, le twist évoqué plus haut rend la narration plus pressante avec une véritable fuite en avant pour le héros qui permet de transformer quelques règles de manière efficace et de renouveler correctement l'expérience de jeu. On peut néanmoins penser que le gameplay s'avère bien plus mainstream que le précédant opus qui assumait jusqu'au bout sa particularité.

L'Etranger se contrôle donc à la première comme à la troisième personne. Cette dernière s'avère surtout utile pour se déplacer sur de longues distances, pour explorer et pour les phases de plates-formes. Ce mode de contrôle est efficace à défaut d'être totalement réussit car les phases de plates-formes sont molles et la caméra pas toujours heureuse. La partie FPS est bien plus réjouissante grâce à une idée vraiment géniale : vos munitions sont des créatures vivantes ! Une sorte d'écureuil peut attirer les ennemis tandis qu'une araignée les emprisonne ou qu'un putois les fait vomir tandis qu'une autre créature les électrifie ou on peut utiliser des sortes de guêpes servant de mitraillette... Ces munitions peuvent être disposées au nombre de deux sur l'arbalète du héros et on peut en changer quand on le souhaite. Cela rend les combats aussi tactiques que jouissifs car on peut élaborer de véritables stratégies se basant autant sur nos armes que sur l'environnement grâce à un level-design ingénieux. Même si les combats manquent un peu de pêche et que les ennemis ont tendance à être de trop grands tireurs d'élite, on s'amuse énormément. Oddworld Inhabitants démontre parfaitement qu'un univers barré peut s'intégrer complètement au gameplay de manière très intelligente. Le titre propose aussi des boss avec de véritables phases fonctionnant très bien. Le titre vous prendra entre 7 et 10h de jeu avec malheureusement un pique de difficulté mal géré sur la fin.

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Oddworld : La Fureur de l'Etranger #4 [2005]

Auteur Bastien L.
80

Oddworld : La Fureur de l'Etranger est une incontestable réussite grâce avant tout à un univers fort et une direction artistique exceptionnelle. Le portage HD est techniquement très propre et permet de profiter au mieux d'un gameplay insufflant une grande originalité au genre du FPS au contrôle de ce chasseur de primes. Enfin, les fans de la licence Oddworld peuvent regretter un titre finalement plus mainstream que les précédents...

On a aimé

  • Un univers aussi fou qu'original accompagné d'un bon scénario
  • Une direction artistique exceptionnelle
  • Un gameplay très solide

On a moins bien aimé

  • Les phases de plates-formes
  • La difficulté pas toujours bien gérée
  • Du Oddworld moins corrosif

Acheter le Jeu Vidéo Oddworld : La Fureur de l'Etranger #4 [2005] en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Oddworld : La Fureur de l'Etranger #4 [2005] sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter

Critiques liées

  • Voir la critique de Oddworld : L'Odyssée de Munch #3 [2002]
    80

    Oddworld : L'Odyssée de Munch #3 [2002]

    par Bastien L. | Lecture : 7 mn 54

    Monster Munch : Cette Odyssée de Munch est un véritable plaisir pour les joueurs en recherche d'originalité n'ayant pas peur de regarder dans le r…

  • Voir la critique de L'Exode d'Abe
    80

    L'Exode d'Abe

    par Bastien L. | Lecture : 6 mn 57

    Faites de la bière et pas la guerre. : L'Exode d'Abe reste une véritable pépite pour tout hardcore gamer qui se respecte. On est toujours autant charmé par cet univers s…

  • Voir la critique de L'Odyssée d'Abe
    80

    L'Odyssée d'Abe

    par Bastien L. | Lecture : 6 mn 4

    Bienvenue à Oddworld ! : Véritable petite pépite pour 5 euros, Oddworld : L'odyssée d'Abe reste encore aujourd'hui une réussite. Cela tient d'un univers ri…