Critique Gotham [2014]
Avis critique rédigé par Andre C. le vendredi 18 septembre 2015 à 21h06
saison 1 : Gordon begins
Dorénavant, nous pouvons le dire de manière officielle : DC Comics et Marvel se tirent la bourre par écran de télévision interposé. C'est bien simple, durant la saison 2014/21015, nous avons eu une explosion de séries estampillés « comics books » à l'antenne, même si la quantité est encore bien loin d'égaler les cops show, style Les Experts ou NCIS. Alors que Marvel joue la carte de l'univers partagé (Agents of SHIELD et Agent Carter sont connectés avec les films) et prend son temps pour s'installer, DC Comics appuie sur le champignon et donne le feu vert à tous les projets exploitant son catalogue, la plupart sans lien les uns avec les autres.
Or, là est le problème de la firme, cette maison d'édition n'a, à ce jour, que deux franchises immédiatement identifiables par le grand public : Batman et Superman. Au lieu d'essayer de rendre bankable un autre personnage (alors qu'ils ont tout de même des Flash, Wonder Woman, Green Lantern dans leur giron), les producteurs continuent encore et encore d'exploiter le même filon. Sur la CW, on remarque bien la tentative de bâtir une mythologie avec un super-héros méconnu, mais, au final, Arrow s'avère être une sorte de sous-Batman : entre les caractéristiques du personnage (un milliardaire menant une double-vie de justicier) et l'angle abordé (un tel personnage dans un contexte se voulant réaliste), un parfum du Dark Knight version Nolan plane sur le show.
De cette manière, c'est sur ce point que le projet de Bruno Heller, créateur de The Mentalist et de Rôme, s'avère ingénieux. Gotham se présente, de prime abord, comme un cop show tout ce qu'il y a de plus classique : la série est portée sur les épaules de James Gordon (Benjamin McKenzie, Newport Beach, Southland), ici en nouvelle recrue, un rookie, fraîchement muté, et à ses côtés, nous avons Harvey Bullock (Donald Logue), dans la peau du blasé aux méthodes borderlines. L'originalité de l'entreprise est de situer le contexte dans l'univers de Batman, chaque élément d'une enquête renvoyant à la mythologie du Caped Crusader. Ainsi, si Arrow peut être perçu comme une série sur Batman qui ne dit pas son nom, Gotham, elle, peut être vue comme une série sur l'univers de Batman mais sans Batman, étant donné que le personnage n'existe pas encore : Bruce Wayne est bien présent, mais il n'a que de... 8 ans.
En effet, là encore, le projet se révèle à double-tranchant puisque Gotham dévoile peu à peu une dimension matricielle en voulant narrer les origines de l'univers en question. L'épisode-pilote s'ouvre sur l'arrivée de Gordon au poste de Police de la Cité et sur le meurtre des parents de Bruce Wayne. Ce dernier événement devient donc l'acte fondateur non seulement du jeune homme (ce traumatisme est l'un des éléments déclencheurs de son avenir de justicier de la nuit), mais surtout du jeune inspecteur : cette enquête contraint Gordon à explorer les milieux les plus mal famés de la ville et à prendre conscience par lui-même du degré de corruption qui règne en ces lieux.
Or, dès le second épisode, la série s'installe confortablement dans une routine. Comme tout cop show, nous avons donc l'affaire de la semaine, menée par le duo Gordon/Bullock qui obéit aux codes du buddy-movie, avec en parallèle 2 ou 3 fils rouges comme l'ascension de Oswald Cobblepot, le futur Pingouin, au sein de la mafia, et l'évolution psychologique du jeune Bruce Wayne qui doit gérer le traumatisme de la mort de ses parents, élevé par Alfred, le majordome. Le show se voit même nanti de la présence de Selena Kyle, future Catwoman, et de Edward Nigma, futur Riddler, ici légiste de la Police.
Cette tendance à vouloir ménager les fans du comics en surlignant tous les clins d’œils et allusions à l'univers de Batman constitue le gros point faible du show. Au mieux, cette manie peut prêter à sourire (lorsque les termes connotés comic books sont insérés, comme un cheveu sur la soupe, au détour d'une réplique, on frôle la parodie), au pire, elle peut devenir franchement agaçante, en cassant un rythme qui a déjà du mal à décoller. D'autant plus qu'il faut souvent être un grand connaisseur pour pouvoir les apprécier : il n'est pas certain qu'un spectateur lambda puisse comprendre l'intérêt de montrer un Harvey Dent jouer avec sa pièce de monnaie (une seule scène l'illustre alors que ce geste est censé être un tic du personnage) ou le fait de voir une jeune Poison Ivy et Selena Kyle devenir amie, si ce n'est caresser les fans dans le sens du poil.
Le plus frustrant est que Gotham a tout pour être une série captivante en raison de sa production design soignée (on se croirait dans une version télévisuelle de Batman Begins) et le standing du casting (David Zayas, John Dorman, Jeffrey Combs, Morena Baccarin, etc), même si le niveau d'interprétation globale frôle l'indigence : Benjimin McKenzie fait le job mais s'ennuie ferme, Robin Taylor en Cobblepot est de plus en plus ridicule, seul Donald Logue sauve les meubles en campant un Harvey Bullock plus vrai que nature. De plus, les scénaristes peinent à entremêler harmonieusement tous les story-arcs. On pourrait se demander pourquoi continuer à suivre le jeune Bruce Wayne alors que son affaire a été bouclée ? Les enquêtes de Gordon n'ont, au final, que peu de lien avec la mafia, alors quel est l'intérêt de l'ascension de Cobblepot ? Surtout que tous ses détails zappent une bonne partie du suspense que pourrait avoir le show si leur présence à l'écran était réduite de manière drastique.
La conclusion de Andre C. à propos de la Série Télé : Gotham [2014]
À force de trop se complaire dans le fan-service, les auteurs se forcent à intégrer quelques visages familiers au point s'encombrer inutilement. Il en résulte un traitement trop brouillon pour convaincre totalement. Cette première cuvée part dans tous les sens sans jamais trouver un ton qui lui soit propre (cop show ? Feuilleton ? Soap ? À un moment, il faut choisir !), mais surtout, on constate un manque de rigueur globale qui tire toute la série vers le bas. Gotham devient une petite curiosité agréable, si on n'est pas exigeant.
On a aimé
- Quelques acteurs qui parviennent à tirer leur épingle du jeu
- Une ambiance de polar soignée
- Des références au comics
On a moins bien aimé
- Un fan-service trop envahissant
- Des scénarii trop brouillon
- Un jeu d'acteur très inégal
- Des effets spéciaux médiocres
Acheter la Série Télé Batman : Gotham [2014] en un clic
Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Batman : Gotham [2014] sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.
Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux
Critiques liées
-
Batman Silence [2010]
par Bastien L. | Lecture : 7 mn 57
Hush Hush Sweet Batman : Batman Silence est effectivement un incontournable si vous vous intéressez à la carrière du Chevalier Noir ou que vous voulez comp…
-
Batman : Joker : Folie à Deux #2 [2024]
par Bastien L. | Lecture : 9 mn 24
Vol au dessus d'un nid de chauve-souris : Joker : Folie à Deux est une suite surprenante qui dispose de réelles qualités cinématographiques comme la mise en scène, la …
-
Batman, le Chevalier Noir Intéragle - Tome 1 [2019]
par Bastien L. | Lecture : 9 mn 34
Classique certes, mais terriblement bon : Cet intégrale de la série Le Chevalier Noir est une réussite grâce à deux histoires chapeautées par David Finch qui offrent deux a…
-
Batman : The Dark Knight Strikes Again #2 [2002]
par Bastien L. | Lecture : 6 mn 49
The Return of The Dark Knight Returns : The Dark Knight Strikes Again est une œuvre à part et un peu oubliée aujourd'hui sans que cela soit une réelle injustice. Frank Mi…
-
Batman : The Dark Knight Returns #1 [1987]
par Bastien L. | Lecture : 8 mn 17
The Comics Return : The Dark Knight Returns est effectivement un monument de la culture américaine. Un récit de super-héros aussi divertissant que ric…
-
Batman the Dark Knight returns : le jeu [2022]
par Nathalie Z. | Lecture : 4 mn 45
Incarnez Batman dans un jeu de plateau immersif solo : Sauver Gotham n’est pas une mince affaire… Mais quel plaisir de jouer Batman. Le jeu est fluide, les épreuves difficiles, les cond…
-
Batman : Année Un [1988]
par Bastien L. | Lecture : 5 mn 52
Batman Begins : Batman : Année Un est un classique des œuvres mettant en scène le Chevalier Noir. Il faut dire que le script de Frank Miller …
-
Batman : Les Anges de la nuit : Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn [2020]
par Bastien L. | Lecture : 9 mn 40
Battle of the Sexes : Birds of Prey est un honnête divertissement qui ne peut malheureusement pas dépassé ce statut. S'il dispose d'une histoire prenant…
-
Batman : Joker [2019]
par Bastien L. | Lecture : 10 mn 11
La valse du pantin : Joker est une approche aussi audacieuse que salutaire dans le genre des adaptations de récits de super-héros. Le film de Todd Phil…
-
Batman : Gotham City Chronicles [2019]
par Nathalie Z. | Lecture : 6 mn 36
Plongez dans les rues de Gotham city : Batman: Gotham City Chronicles est un excellent jeu deplateau avec figurines immersif de Fred Henry édité par Monolith. De no…
-
Batman Arkham City : Harley Quinn's Revenge [#2 - 2012]
par Bastien L. | Lecture : 3 mn 10
Quinn of the Lonely Heart : Si cette vengeance d'Harley Quinn bénéficie des qualités techniques, d'ambiance et de gameplay d'Arkham City, elle offre surtout l…
-
Batman: Arkham City [#2 - 2011]
par Bastien L. | Lecture : 9 mn 49
My (Arkham) City Screams : Batman: Arkham City est avant tout une œuvre généreuse. Une adaptation d'un univers avec une cohérence rarement vue. Les équi…
-
Batman : Arkham Asylum [#1 - 2009]
par Bastien L. | Lecture : 8 mn 16
Batman Arkham Begins : Batman Arkham Asylum est une indéniable réussite. En plus d'être une œuvre à la gloire du Dark Knight, il s'agit surtout d'un très…
-
Batman Begins [2005]
par Bastien L. | Lecture : 8 mn 30
Une adaptation intéressante : Batman Begins est une bonne adaptation du film de Christopher Nolan. Le gameplay hybride intégrant la notion de peur fonctionne to…
-
Batman : The killing joke [2016]
par Vincent L. | Lecture : 29 s
Sourire d'enfer... : Alors c'est ça l'épisode mythique de Batman écrit par Alan Moore ? Honnêtement, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Si ce n'…
-
Hécatombe
par Gil P. | Lecture : 1 mn 27
libre comme l'air... : Une bande dessinée essentielle, notamment pour l'une des histoires avec le joker présente dans ce tome, pour autant alors que les …
-
Batman Anthologie
par Gil P. | Lecture : 2 mn 45
Oh capitaine ! Mon capitaine ! : Au travers de 20 récits de Batman, de la première à la toute dernière parue au moment de cette anthologie, c'est toute l'hist…
-
Nightwing
par Gil P. | Lecture : 1 mn 25
Le petit oisillon des hiboux : En dehors d'une section au dessin totalement différent (pas mal au demeurant mais surprenant), la "marque" Nightwing construite su…
-
Nightwing
par Gil P. | Lecture : 1 mn 8
Le petit frère de la nuit : Bien qu'un peu dure à suivre, ce premier épisode est brillament dessiné et fait bien ressentir une action et un mouvement inérant …
-
The Dark Knight Rises
par Vincent L. | Lecture : 9 mn 10
Une conclusion cohérente, bien que moins passionnante... : The Dark Knight Rises offre un final sympathique à la relecture de Batman par Christopher Nolan, concluant de manière relativement…
-
The Dark Knight Rises
par Sylvain T. | Lecture : 6 mn 39
Permission de briller : Vous êtes prévenu, en embarquant dans le voyage de The Dark Knight Rises, vous vous retrouverez devant une œuvre aussi exceptionne…
-
Batman: Arkham City
par Sylvain T. | Lecture : 3 mn 45
Etrange, vous avez dit étrange ? : Batman: Arkham City est l’archétype même de la suite qu’il faut absolument faire afin de pleinement satisfait les fans. Pas pour a…
-
Batman : Dark Victory
par Nicolas W. | Lecture : 9 mn 8
L'autre versant de la justice : Malgré son petit air de déjà-vu, Dark Victory réussit à nouveau à développer une histoire forte mêlant une intrigue policière fine…
-
Batman : Dark Knight Returns
par Nicolas W. | Lecture : 12 mn 11
Quand Batman a tout changé ! : Œuvre fondamentale non seulement du Batman mais du comics dans son ensemble, The Dark Knight Returns envoie Frank Miller au firmam…
-
Joker
par Nicolas W. | Lecture : 7 mn 56
Le Joker est libre : Une excellente surprise, voilà ce qu'est Joker. Avec ce duo de surdoués que forment Brian Azzarello et Lee Bermejo, le comics cent…
-
Batman Silence
par Nicolas W. | Lecture : 6 mn 54
"J'ai enterré trop de gens" : Mélangeant une intrigue trépidante à des préoccupations majeures centrées sur le Batman, Silence peut aussi se voir comme une des …
-
Batman Year One
par Nicolas W. | Lecture : 7 mn 43
Les débuts du Batman : Avec la parution de The Killing Joke d'Alan Moore la même année, Batman Year One va changer radicalement le visage du justicier co…
-
Batman : Un long Halloween
par Nicolas W. | Lecture : 10 mn 18
Un Halloween inoubliable : Quelques rares perles ont marqué à la fois l'histoire du héros qu'elles abordaient en même temps que le genre lui-même. Un long Ha…
-
L'asile d'Arkham
par Nicolas W. | Lecture : 5 mn 27
Au coeur de la folie : L'asile d'Arkham mérite de figurer au panthéon des comics sur le Batman aux cotés du Killing Joke de Moore, du Dark Knight de Mill…
-
The Killing Joke
par Nicolas W. | Lecture : 4 mn 6
Une blague à mourir de rire : Comme Tim Sale l'explique si bien dans la préface, il faut un certain temps pour digérer cet opus, comprendre toutes les implicati…