Critique 1. Complètement Marteau #1 [2015]
Avis critique rédigé par Bastien L. le samedi 17 mai 2025 à 09h00
Queen Harley
Les personnages de comics barrés ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. D'où le plaisir que l'on a à lire les aventures de Harley Quinn.
L'éditeur DC Comics regorge de personnages plus ou moins iconiques avec des têtes de gondoles inévitables. Et parmi ces têtes connues il y a l'anomalie Harley Quinn qui contrairement à tous ses camarades n'est pas née sur le papier mais à la télévision. Elle apparaît en effet la première fois en 1992 dans un épisode de l'excellentissime série animée Batman créée par Paul Dini et Bruce W. Timm. Elle connaît ensuite quelques apparitions dans des comics avant d'avoir sa propre première série régulière (2000-2004) d'abord emmenée par le duo Karl Kesel et Terry Dodson. S'en suit le reboot complet de l'univers DC en comics avec l'évènement New 52 en 2011 où Harley Quinn connaît de nouvelles origines dans la série Suicide Squad (2011-2014). C'est à la même époque que le personnage se voit confier sa seconde série régulière cette fois-ci confiée au couple de scénaristes américains Amanda Conner et Jimmy Palmiotti.
La première est d'abord dessinatrice ayant travaillé pour divers éditeurs dans les années 80 et 90 (notamment sur le personnage de Vampirella) avant de se fixer chez DC Comics où elle commence à scénariser notamment sur la mini-série consacrée au second Spectre Soyeux du projet Before Watchmen. Palmiotti est quant à lui d'abord encreur avant de passer scénariste dans les années 1990 travaillant sur des personnages tels que Painkiller Jane, Jonah Hex ou Batwing... Les dessins sont confiés à Chad Hardin qui s'est fait connaître dans les années 2000 en dessinant des aventures de The Spiritou encore de Zatanna avant de se voir confier ce projet ambitieux. La série débute fin 2013 aux Etats-Unis avant de débarquer en 2015 en France chez Urban Comics divisée en tomes cartonnée dont le premier intitulée « Complètement Marteau ». A noter que ce tome existe en deux versions complètes (avec une histoire bonus) dont la seconde accompagnait la série du film Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn avec une couverture et un titre (Birds of Prey – Harley Quinn) différents. Il existe une autre édition française sans le récit bonus avec couverture souple sortie en juin 2020 à 4,90 euros pour la fin du premier confinement lié au Covid-19. C'est cette édition qui est ici critiquée.

Le récit commence alors que la criminelle Harley Quinn (Harleen Quinzel de son vrai nom) est récemment redevenue célibataire s'étant donc séparée du Joker. Elle décide de quitter Gotham City pour retourner vivre à Brooklyn où un de ses anciens patients de l'asile d'Arkham lui a légué un immeuble. Ce dernier convient parfaitement à ses goûts puisqu'il abrite toute une tribue de freaks qui vit grâce à un cabaret ou encore un musée macabre. Problème : elle va devoir trouver pas mal d'argent pour en assurer les frais et elle est au même moment la cible d'une prime d'assassinat lui envoyant à intervalle très régulier des assassins bien déterminés. Pour ce qui est de l'argent elle va devoir se retransformer en Harleen afin de décrocher un emploi bien payé tout en intégrant une équipe de roller-derby féminin. Pour ce qui est de son emménagement et des assassins, elle pourra compter sur un des locataires, Big Tony, mais aussi de son alliée et amante Poison Ivy. Sans oublier de nombreuses rencontres qui vont la plonger dans le monde des assassins, des anciens espions soviétiques traqués par un ancien agent américain cyborg mais aussi bien d'autres situations des plus improbables...
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, Amanda Conner et Jimmy Palmiotti ont concoté un prologue (un numéro 0 paru en novembre 2013) qui va donner le ton complètement décalé de la série. En effet, on y retrouve Harley Quinn en pleine introspection à discuter avec son castor empaillé sur son devenir alors qu'elle est seule. Et elle va s'imaginer de nombreuses possibilités tout en semblant dialoguer avec les scénaristes du comics. On voit donc ces différentes possibilités changer à chaque page qui est confiée à des dessinateurs différents dont l'inévtable Bruce W. Timm mais aussi des noms importants de la maison DC comme Jim Lee ou Darwyn Cooke ainsi que des invités prestigieux (Charlie Adlard...) et même le Français Stéphane Roux... Un délire parfaitement maîtrisé qui enchaîne les approches artistiques parfois radicalement différentes rendant l'ensemble très distrayant à lire alors qu'on reste impressionné par l'entreprise mise en œuvre pour rendre hommage au personnage assez instable de Harley Quinn. Rien que le prologue vaut le coup d'oeil mais il serait idiot d'ignorer le reste.
Ce premier tome comprend 8 chapitres (en plus du prologue) qui ne constituent pas forcément un arc réfléchi puisqu'il y a une réelle division entre plusieurs histoires avec toutefois le fil rouge des assassins lancés à la poursuite de Harley. Conner et Palmiotti ont magnifiquement révisé leur manuel du personnage de comics gentiment dérangé pour nous offrir un récit qui fait furieusement penser à du DeadPool. Sans être aussi frontal que le mutant Marvel, on a le droit à un récit où action, humour, violence graphique et passages meta s'enchaînent à un rythme d'enfer. L'objectif principal est qu'on s'amuse et le pari est remporté haut la main. Harley Quinn s'avère aussi attachante qu'imprévisible avec ses accès de violence mais aussi sa candeur comme sa volonté de faire au mieux pour poursuivre son rêve de vivre dans cet immeuble. On apprécie aussi beaucoup toute la galerie de personnages secondaires à ses côtés que cela soit la vénéneuse et très capable Poison Ivy, le fidèle Big Tony ou encore le très improbable Syborg lancé à la poursuite d'espions soviétiques grabataires... Le récit offre quelques intrigues principales et d'autres plus ponctuelles mais aussi des pauses dans le récit qui s'apparentent à des passages encore une fois très surprenants car partant dans tous les sens. Les découvrir est un des grands plaisir du ce premier tome. Il faut néanmoins être fan de l'humour meta qui semble parfois si poussé qu'on est pas toujours sûr d'avoir bien saisi les références quand on les lit dix ans après...
Pour ce qui est dessins, la découverte du talent de Chad Hardin est un réel plaisir. On lui doit surtout une excellente maîtrise des personnages sachant offrir des corps différents de tout sexe et de tout âge. Son Harley Quinn est sexy en diable sans jamais être vulgaire et seule Poison Ivy réussit à lui tenir tête à ce niveau offrant un duo de sublimes femmes bénéficiant d'une approche graphique forte. On apprécie de découvrir chaque nouvelle tenue de Harley jouant sur le motif de l'arlequin. Mais les autres personnages ne sont pas en reste comme Syborg et son fauteuil roulant ainsi que toute la galerie d'assassins que va croiser notre héroïne. Chad Hardin réussit parfaitement à être entre le crédible et la caricature dans son approche des personnages notamment ceuxs âgés. Enfin, il démontre qu'il est aussi très à l'aise avec les animaux en témoigne les chiens qui sont abondants où tout le chapitre se déroulant dans un zoo. Ses décors réalistes et souvent assez quelconques permettant au moins d'offrir un réel décalage avec les aventures déjantées de son héroïne. Sa mise en page est vraiment dynamique permettant d'imprimer le rythme voulue afin de rendre justice à la folie du récit. On retiendra notamment ce passage où Harley a ingurgité une plante la rendant irrésistible aux yeux de ceux qu'elle croise. La coloration chaude fonctionne parfaitement faisant que le tome est agréable à feuilleter.
On vous le conseille si vous aimez Batman, Deadpool, Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn...
La conclusion de Bastien L. à propos de la Bande Dessinée : 1. Complètement Marteau #1 [2015]

A défaut d'être incontournable, ce premier tome de la série DC Renaissance de Harley Quinn est hautement recommandable. Un cocktail d'action et d'humour destiné à un public plus mature offre une divertissement de haute volée. On prend grand plaisir à accompagner Harley Quinn dans des rencontres et des situations des plus improbables. Le tout dans une ambiance originale qui n'oublie néanmoins jamais qu'il flirte avec l'univers de Batman.
On a aimé
- Un récit très divertissant
- La belle galerie de personnages dont Harley Quinn
- Les sublimes dessins de Chad Hardin
On a moins bien aimé
- Les blagues meta qui veillissent mal
- Ca part parfois un peu trop dans tous les sens
- Des décors trop quelconques
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