Critique Almost Human

Avis critique rédigé par Andre C. le mardi 7 février 2017 à 11h58

saison 1 : l'un a une arme, l'autre est une arme

Les années passent et la science-fiction se raréfie de plus en plus sur les networks. En effet, le genre semble vouer à se limiter au ghetto des chaînes thématiques, type Sy Fy Channel. La diffusion d'Almost Human constituait donc un événement à plus d'un titre : nouvelle production estampillée Bad Robots, mais surtout série qui tentait de foncer tête baissée dans des thématiques désertifiées par les médias mainstream. Si le résultat n'a pas été à la hauteur, nous pouvons tout de même lui trouver quelques velléités nous forçant à lui accorder une attention particulière.

Aux commandes d'Almost Human, nous trouvons J.H. Wyman, un des showrunners de Fringe, l'une des plus belles réussites du studio Bad Robot, à ranger à côté de Person of Interest et Lost. Au vu des antécédents du bonhomme, il était logique de lui accorder le bénéfice du doute quant au niveau qualitatif de son opus. Et cela même si le pitch lui-même ne nous rassurait pas : dans une époque futuriste, un inspecteur de police taciturne doit faire équipe avec un androïde. Nous étions donc en droit de nous attendre au pire, vu qu'un tel synopsis sentait bon les années 80, une époque où le buddy-movie avait le vent en poupe. C'était quand même l'époque des Arme Fatale et consorts. L'enjeu était maintenant de savoir si le format télévisuel n'allait pas donner à la série un côté désuet ou si les auteurs allaient parvenir à mettre au goût du jour cette structure d'un autre temps.

En fait, nous pourrions dire que le résultat se situe à mi-chemin entre ses deux options. La structure correspond bien à celle du traditionnel cop show, à la sauce buddy movie : le pilote nous montre la rencontre entre les deux inspecteurs, avec le refrain connu d'une « cohabitation difficile », et les épisodes suivants sont une succession d'enquêtes indépendantes. Pour être franc, si on ne sent pas de fils rouges qui se dégagent au bout de 13 segments, on concède que l'on perçoit bien ici et là des tentatives pour y semer des graines : le passé de John Keener (Karl Urban, McCoy dans les récents Star Trek), les complots au sein des grandes entreprises, les défauts récurrents des androïdes et d'autres nouvelles technologiques, etc. Rien de bien neuf, mais qui aurait pu accoucher d'une mythologie intéressante au vu du passif des scénaristes : Fringe a eu des défauts semblables à ses débuts, avant que toutes ses histoires de dimensions parallèles ne fasse décoller la série pour de bon.

Effectivement, on devine tout un background s'esquisser au fur et à mesure, par petite touches. Si le canevas du show ne permet pas de les traiter plus en détail au premier abord (les scénaristes préférant se focaliser sur les personnages plutôt que sur les thématiques), nous pouvons sentir une vraie profondeur qui s'installe. En cela, nous pouvons dire que l'alchimie entre les protagonistes y est pour beaucoup et ce, dès le premier épisode : l'inter-action entre John Keener et son coéquipier androïde, Dorian, fonctionne, même si Karl Urban a tendance à bouffer l'écran. Il faut dire que Urban porte si bien le show sur ses épaules dans un rôle à mi-chemin entre le Deckard de Blade Runner et le Anderson de Minority Report, qu'à coté de lui, Michael Ealy a un peu de mal à exister.

Quant à la production design, c'est bien simple, la série se veut l'héritière des long-métrages sus-cités (Blade Runner et Minority Report, donc), comme si Almost Human en était une extension télévisuelle. Alors la série n'est en aucun cas une adaptation desdits longs-métrages ou d'un roman de Phillip K. Dick à proprement parler, mais elle cumule tellement de références que c'est tout comme : les recoins où l'on retrouve John Kenner dans l'épisode pilote évoquent Blade Runner, les bureaux de la police rappellent ceux de Minority Report (les locaux avec des baies vitrées), etc. On est même au point où nous pouvons être surpris qu'il n'y est pas de références directes au lieu de simples allusions : malgré la difficulté de Dorian à gérer ses émotions, le mot Réplicant n'est jamais lâché, il est juste considéré comme un modèle défaillant, regardant le monde avec candeur et s'interrogeant ponctuellement sur sa propre existence, un peu à l'image du personnage de Data dans Star Trek, The Next Generation.

De cette manière, le seul souci de Almost Human provient de sa difficulté à rendre ses thématiques passionnantes. Beaucoup de choses sont survolées, mais les auteurs préfèrent se focaliser sur l'aspect psychologique, au point d'être redondant. Cette tendance a le mérite de rendre les personnages attachants (les acteurs ayant toute la latitude nécessaire pour trouver leurs marques), mais entraîne aussi la frustration de ne rien voir déboucher, à une exceptions près (la fameuse porte ouverte sur un retour possible), puisque les enquêtes ont l'air de se dénouer en 2 temps 3 mouvements sans avoir de conséquences. En somme, nous avons ici vraiment les mêmes défauts que Fringe, ce qui laisse regretter que Almost Human n'ait pas survécu à une saison complète.

La conclusion de à propos de la Série Télé : Almost Human

Auteur Andre C.
55


En raison de sa production design et des talents à l’œuvre, Almost Human était attendu mais aussi bien que redoutée à cause de son pitch. En fait, son principal défaut est de ne pas avoir réussi à trouver ses marques suffisamment tôt. En l'état, elle est un simple autre show lent et bavard alors que le potentiel était là pour que le show devienne une réussite de plus pour le studio.
 

On a aimé

  • Une alchimie quasi-immédiate dans le maincast ;
  • Karl Urban qui aurait pu porter le show sur ses épaules à lui tout seul ;
  • Une production design digne héritière de Blade Runner et Minority Report ;

On a moins bien aimé

  • Des thématiques qui ont du mal à passionner ;
  • Manque de fil rouge ;
  • Une tendance à se complaire dans le bavardage inutile

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