Critique Halloween 5 [1989]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 14 septembre 2005 à 09h51

Punaise, ou ais-je bien pu mettre mon couteau?

Le film reprend au moment même où se termine le quatrième volet de cette interminable saga. On y constate que l’ami Michael Myers a réussit à échapper à la police et à la mort en tombant dans un vieux puit, puis en rampant jusqu’à une rivière dans laquelle il se laisse glisser. Là-haut, près du puit, la nièce de Michael, qui sous son contrôle psychique a poignardé sa mère, observe la scène d’un regard vide. Un an plus tard, Michael Myers sort de sa torpeur et décide d’éliminer la fillette, qui est hospitalisée à Haddonfield, dans un centre psychiatrique. Mais il aura fort à faire car le docteur Loomis (Donald Pleasence) veille au grain.

Le personnage de Michael Myers (contrairement à Jason Vorhees qui est plus flexible) est d’une construction définie et monolithique. En effet, le docteur Loomis le dit lui-même : Michael est sur Terre car on ne veut pas de lui en enfer. Phrase explicite ; créature tourmentée et psychologiquement interrogative, cette entité ne peut être tuée car elle est la personnification de la Mort elle-même. Sans robe ni faux, mais avec un masque et un couteau de boucher, outil rituel, athamé négatif symbolisant la rupture du fil de la vie. Contrairement à Jason donc, qui est plus malléable car il représente le Mal sous toutes ses formes (ou à Freddy Krueger, qui incarne plutôt la Peur), il est inconcevable, si on veut rester dans la psychologie posée par les précédents volets, de changer quoi que ce soit dans son attitude et ses rituels.

Et c’est dans ce secteur que le réalisateur bouleverse le plus le mythe. Incroyablement, Michael tue en utilisant d’autres ‘’ustensiles’’ que son sempiternel couteau de cuisine ; avec une bêche par exemple. L’utilisation de ces armes improvisées en lieu et place de cette lame habituelle – que l’on pourrait facilement assimiler à un appendice supplémentaire tant elle fait partie du personnage - et les endroits où se produisent les crimes (une grange, une ferme, un hôpital) nous donne l’impression étrange de s’être trompé de film. On se croirait dans Vendredi 13. Ce choix de sortir des sentiers battus n’est pas, bien sur, un crime en soi. Mais une telle prise de risque - comment les fans vont-ils réagir ? – fragilise la position du réalisateur et le met dans une situation qui le prive de tout droit à l’erreur. Et hélas pour lui, des erreurs, il en commet une bonne dose. Commençons néanmoins par les coté positifs, car il y en a, bien sur.

Le réalisateur respecte déjà parfaitement une chose ; la sobriété dans le gore. Michael n’est pas, contrairement à Jason, un boucher, c’est un exécuteur froid et détaché. Othenin-Girard simplifie au maximum l’acte fatal, préférant jouer sur les ambiances voyeuristes qui précédent les meurtres. La scène dans laquelle Rachel est tuée dans la maison renvoie parfaitement aux précédents volets ; patience de l’observation, choix d’un moment propice, puis exécution rapide et sans fioriture. Le travail parfait de l’ouvrier consciencieux, qui ne se presse pas pour effectuer sa tache. La Mort a de toutes manières toujours le dernier mot.

Il a également le mérite d’essayer de relancer le mythe, même si les moyens peuvent sembler incongrus. Le lien qui relit Michael à sa nièce est intéressant, cette sorte de cordon viscéral qui peut-être, en fait, cache un secret familial. Cette impression est hélas gâchée par d’autres dons de la petite fille qui réduisent ce concept de conscience collective à un simple shining. Finalement, à ce sujet, je ne sais pas du tout où veut en venir Othenin-Girard.

Le coté technique est un des bons points de Halloween 5, et cela depuis le générique, qui est très réussi. Bien sur, ça manque d’originalité et ce n’est pas du grand art, mais c’est le travail d’un artisan honnête. On peut dire la même chose de l’interprétation des comédiens, qui sans être géniaux – à leur décharge, il faut dire que les dialogues ne les servent pas trop – jouent leur rôle avec professionnalisme. Seul bémol, la petite Jamie qui me fait trop penser à un porcelet qu’on égorge lorsqu’elle crie ; insupportable.

Venons-en maintenant aux choses qui font mal, en se penchant sur les incohérences scénaristiques. Dés le début, on reste perplexe. Mais que fait donc Michael durant une année chez le vieil ermite, avant de l’étrangler et de partir dans sa quête mortelle ; il dort ? Ellipse stupide et malvenue, elle met immédiatement le spectateur avisé dans une situation de méfiance du style ; je sens qu’il me prend pour un con, ce Othenin-machin.

Ensuite, revenons un peu sur ce fameux shining de la nièce de Michael, qui instaure une liaison psychique avec lui, pourquoi pas, mais avec aussi avec Tina, en place et lieu de Rachel ! Et c’est qui d’abord cette Tina ? On voit la petite s’inquiéter comme une folle du sort funeste qui attend cette inconnue, alors qu’elle se moque de celui de sa demi-sœur comme de sa première chaussette. D’ailleurs, tout le monde se fout éperdument de Rachel, et cela durant toute la deuxième partie du métrage. Ni ses copains, ni Loomis ne s’inquiètent de son sort. Pauvre fille.

Et Loomis, parlons-en, mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Un véritable hystérique. Il secoue la fillette comme un prunier pour lui faire cracher le morceau. Sacrée psychologie pour un spécialiste du comportement. Manque plus que les coups d’annuaire téléphonique sur la tête et on file direct Quai des Orfèvres. Je veux bien que la mission que s’est fixé le docteur tourne à l’obsession, mais là on sombre dans le n’importe quoi. L’attitude de la police est également complètement débile et irresponsable. Deux d’entres eux sont complètement ridiculisés et on assiste à une action totalement improbable ; lorsque Michael s’en prend au personnel hospitalier et qu’un message d’alerte est reçu, les forces de police dans leur totalité se rendent dans un endroit où le tueur n’a plus aucune chance de se trouver, laissant la surveillance de la nièce à la charge d’un flic bedonnant et d’un invalide (Loomis).

Toutes ces ‘’erreurs’’, que je considère plus comme étant en fait de la négligence, font tomber le film dans le surréalisme et plongent le spectateur dans l’incrédulité. L’interrogation étant quand à elle conservée par les agissements de cet étrange homme aux santiags affublé d’un tatouage odiniste, la rune Thurisaz, à l’intérieur du poignet. Un individu mystérieux qui libère Michael dans un bain de sang à la fin du métrage. Evénement annonciateur d’une suite. Suite qui sera, hélas, le pire épisode de la série.

La conclusion de à propos du Film : Halloween 5 [1989]

Auteur Nicolas L.
40

Halloween 5 part sur une bonne intention ; celui de faire évoluer le mythe. Mais le scénario est tellement truffé d’incohérences que le film laisse finalement l’impression d’être le résultat d’un manque d’imagination, et surtout d’une absence de conscience professionnelle. Si l’on met ce paradoxe de coté, on pourra apprécier la prise de risque de Othenin-Girard, la réalisation correcte et l’interprétation honnête. Un film à réserver cependant aux fans du genre.

On a aimé

  • Réalisation correcte
  • Evolution du mythe

On a moins bien aimé

  • Rempli d’incohérences
  • Scénario brouillon
  • Personnages ridiculement caricaturaux

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