Critique La Chasse au requin tueur [2005]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 4 juillet 2007 à 15h58

Sea, sex and… shark

Aux Baléares, le bodybuildé Ralf Moeller est un ancien champion de natation reconverti dans le transport de touristes par hélicoptère. Comme un paquet de ses compatriotes lorsqu’ils s’équipent de sandales et d’un short, il réside plus ou moins à Majorque, contrée sexy des boîtes branchées et des plages de sable fin surpeuplées. Ralf Moeller a donc tout ce qu’il faut pour être un teuton comblé. Ben vi, soleil, mer, bière, pizza et petites pépées… le rêve quoi ! Seulement, Ralf Moeller a subi un trauma qui le suit toujours : il a perdu sa femme il y a peu, croquée par un requin qui n’a jamais été retrouvé. Et par conséquent Ralf Moeller déprime. Il est dans un tel état qu’il envisage même de quitter ce paradis, peuplé presque essentiellement de minettes canon en bikini qui se prélassent sur les plages ou se tortillent dans les soirées techno, pour retourner dans sa grise et sinistre Germanie. C’est dire si son cas est grave. Et, comble de malheur, il en délaisse même sa fille Maja (prononcer Maya, comme l’abeille) qui, abandonnée à son sort, occupe ses loisirs entre des excitantes chevauchées sur son jet-ski ou sur son Willy basané.


Mais cela va changer. Tel un ours mal léché dérangé dans son hibernation, Ralf sort de sa léthargie lorsqu’il apprend que des morts mystérieuses se sont produites ces derniers jours, ainsi que des disparitions de marins ou de baigneurs. Rendu sur les lieux, il trouve une énorme dent en polystyrène fichée dans une planche en balsa sensée représenter les restes d’une barque. Il est alors convaincu que le requin qui a bouffé sa femme est de retour. Bien évidemment, comme cela se passe dans 90% de ces Jaws-like, personne ne le croit – pas même son pote Carlos, qui n’est non pas le célèbre interprète en chemise à fleurs de ‘’doudou dis-donc’’ mais un chef de police hirsute et dépressif (faut le comprendre, sa femme se meurt dans un hôpital, rongée par le cancer)- et il décide de mener seul l’enquête. Ses ‘’investigations’’ (en fait, comme le scénario, il avance en attendant que les choses se passent) l’amènent à rencontrer une jolie biologiste (Julia Stinshoff, une star de la télé allemande) et à un centre de recherches marines qui pue l’activité louche avec pléthore de gardiens et de scientifiques aux regards obliques (des fois que l’on aurait pas pigé qu’ils y sont pour quelque chose dans cette histoire).
Ralf Moeller va alors mettre le doigt où il ne faut pas. Mais non, pas dans la biologiste bande de pervers (quoique ça va venir plus tard), mais dans une opération de manipulation génétique qui a redonné vie à une espèce de requin disparue depuis l’époque de Rahan. Pourquoi ? Bonne question… Il faut dire que ces gens là travaillent dur pour trouver dans le cerveau des requins un remède contre le cancer (en Allemagne, il ne savent apparemment pas que Rika Zaraï l’a déjà trouvé), et selon toute évidence ils ont pensé que les requins normaux sont trop petits pour les tests. Ils ont donc créé un requin géant à partir de l’ADN d’un poisson préhistorique. C’est vrai que les grands conditionnements, c’est plus pratique et cela revient moins cher, comme pour les raviolis. Seulement, malgré qu’ils soient dotés des derniers modèles d’écrans plats et d’un labo au design hyper classieux, cela ne le empêche pas cette équipe de chercheurs d’être des cons et le requin géant, ben il s’est barré.
Vous avez compris. Ce squale fugitif a bouffé la femme de Ralfie, puis il est parti on ne sait où pour enfin revenir dernièrement, afin de continuer son repas. Aidé par la biologiste, notre ami Ralf va alors essayer de prévenir toute mort supplémentaire et si nécessaire, il est bien décidé à casser lui-même la gueule de l’assassin de sa chère et tendre. Ca va être chaud, d’autant plus que les scientifiques sont prêt à tout pour récupérer vivant leur protégé et que sur la plage s’organise une compet’ de jet-ski.
Mamma mia, mais qu’est-ce que c’est que ce machin ? Un mélange incohérent de Peur Bleue (la manipulation génétique des squales), de la série des Jaws (la lutte entre l’homme et le requin, la régate), d’Alerte à Malibu (avec un multitudes de plans inserts sur des maillots échancrés) et de Sous le Soleil (amourettes d’été entre Maja et son copain, avec rivalité féminine à l’appui, par l’intermédiaire d’une pétasse blonde). Le tout est brassé, sans aucune homogénéité, par le biais d’une réalisation anarchique qui change totalement de style en fonction des séquences.
Le réalisateur Jorgo Papavassiliou (si, si) alterne donc des traitements aussi opposés que la comédie américaine et son humour de répétition - comme lorsque les héros tombent régulièrement sur le même milliardaire débonnaire dans leurs pérégrinations -, le thriller allemand aussi morne qu’un jour sans bière, le feuilleton pour ados bourré de clichés et le clip vidéo MTV (avec une étonnante prestation d’une sous Shakira qui interprète une chanson hyper-moisie mais au refrain qui m’a fait plier de rire : ‘’I’m ready for a 69’’ qu’elle gazouille la coquine). Il use et abuse de ralentis grotesques issus des clips publicitaires pour lunettes de soleil ou bagnoles de sport, noie sa réalisation par des effets photographiques et des arrêts sur image puis, soudainement, il enchaîne avec une réalisation posée et dramatique, au rythme ‘’pachyderrick’’. Bref, il mélange tout et secoue très fort. Le premier film labellisé Orangina ! C’est parfois drôle, souvent chiant et toujours nul (pour s’occuper, remarquez, on peut considérer ce film comme une sorte de quiz, et s’amuser à y rechercher toutes ses ‘’inspirations’’ scénaristiques et techniques).
Nous étions quatre au début du film. Ma femme a abandonné dés la fin des dix premières minutes, mon fils aîné a tenu une demi-heure (de temps en temps, attiré par la musique techno, il revenait régulièrement jeter un œil pour mater le cul des filles) et le petit s’est endormi avant la fin. Courageusement, j’ai donc assumé mon rôle de staffeur SFU, en espérant voir au moins quelques fx sympas. Snif. Même pas. Déjà, si vous espérez du gore, passez votre chemin, y’a pas la moindre trace de sang dans ce film. Bon, j’exagère, il y en a un peu quand même, mais rien de notable (les décès sont en effet très propres). Quand au requin numérique, sa qualité de modélisation alterne entre le très moyen et le catastrophique. Disons que lorsqu’il est filmé en plan large, seul en mer ou avec des petits copains (comme au début du film), cela va encore, mais dés qu’il s’agit de faire des incrustations dans les scènes d’actions, cela tourne au jeu vidéo vintage avec un rendu pas du tout naturel. Pour résumé, ça craint à tous les niveaux…

La conclusion de à propos du Téléfilm : La Chasse au requin tueur [2005]

Auteur Nicolas L.
10

Que dire de ce produit issu de la rare collaboration cinématographique germano-espagnole ? Ben, tout d’abord que si c’est pour offrir des navets pareil, je suis fort aise qu’elle reste rare et que je préfère me taper 100 fois un Mort au Large que ce truc sans queue ni tête (pour un film de requin admettez que c’est un comble). En fait, à part quelques gags qui m’ont fait rire (mais je dois préciser que je suis d’esprit assez potache), y’a rien à sauver dans ce Hai-Alarm auf Majorca… sauf si vous êtes un fan des défilés de filles en maillot de bain.

On a aimé

  • Quelques gags, volontaires ou non, qui prêtent à sourire

On a moins bien aimé

  • Tout le reste

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