Critique Hercule [2006]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 9 août 2006 à 07h12

5+1= 12

Cet Hercule version 2005 narre la vie héroïque du fils de Zeus, au cours d’une longue épopée de 180 minutes présentée aux USA sous la forme d’une mini-série et en Europe sous celle d’un long téléfilm.
Le film démarre par une présentation très dense de l’environnement complexe dans lequel Hercule sera conçu. On y apprend de manière assez brute et précipitée – heureusement, ce passage peu élégant du point de vue narratif sera unique – les différentes composantes de la haute société de Thèbes, les contentieux déchirant les différents cultes issus de la dure rivalité qui sépare Zeus et son épouse Héra, et les enjeux politiques de l’aristocratie en place. Bref, cette exposition ‘’mythologique’’ est assez indigeste et il faut s’accrocher pour appréhender toutes les informations délivrées en un petit quart d’heure, souvent sous la forme d’une simple réplique ou d’une courte séquence au montage très rapide. Cependant, malgré cette précipitation, la première sensation reste positive, grâce à des acteurs charismatiques (notamment la belle Elizabeth Perkins dans le rôle d’Alcmène et un surprenant Timothy Dalton en fier guerrier et mari éconduit), de beaux costumes, de jolis décors, et quelques créatures de synthèse plutôt sympathique (centaure et satyre). Le ton est donné, le décor est posé, la grande histoire d’Hercule peut débuter…
Vient alors la naissance d’Hercule et de son demi-frère jumeau (si,si, c'est possible)Iphiclès, puis la mise en place de la conspiration – chuchotements, apartés, séductions ; une véritable tragédie grecque (tiens donc…) - visant à l’écarter de la route du trône et la naissance de son amour vain et maudit avec Mégara, sa cousine. Finalement exilé de Thèbes pour un crime inexistant, l’assassinat du poète Linos (interprété par un Sean Astin à l’allure toujours aussi ‘’hobbit’’), Hercule va alors rejoindre le centaure Chiron, son nouveau tuteur, entrer en communion avec la nature et faire connaissance avec la jolie nymphe vierge Deianera.
Fils de Zeus et d’une prêtresse d’Héra qui le déteste, symbole de la désharmonie entre les deux divinités majeures de l’Olympe, le jeune Hercule va devoir faire ses preuves afin de reconquérir une dignité qui lui a été ravi par son bannissement. Sa première rencontre, assez inamicale, avec Anthée, fils d’Héra, sera pitoyable et appellera une revanche, des années plus tard. Le passage d’Hercule de l’age de l’adolescence à celui de l’age adulte se fait alors au moyen d’une ellipse (hélas) hilarante sous forme de fondu enchaîné durant lequel le jeune homme se transforme en une sorte de stripteaseur pour soirée d’enterrement de vie de jeune fille, sourire Pepsodent en prime. Heureusement, après cette première apparition ratée, l’impression de ridicule s’estompera un peu, l’acteur bodybuildé Paul Telfer s’en sortant plutôt bien, compte tenu des circonstances (un acteur qui marche sur les traces de Steve Reeves puisqu’il est également présent dans une récente version d’Alexandre et une autre de Spartacus) On assiste alors aux exploits d’un Hercule adulte, affectivement très attaché à Deianera (on le comprend volontiers, et ils auront même un fils plus tard), qui n’hésite pas à voyager très loin pour faire glorifier son nom devant la jalousie de la majorité de ses parents - en dehors de son père adoptif Amphytrion, toujours aussi aimant.
Mais la malveillance d’Héra et de ses adeptes s’acharne sur lui, et c’est un Hercule naïf et manipulé par sa mère qui tuera ses trois fils, conçu lors d’une nuit de bacchanale avec Mégara, et qui se retrouvera obligé à effectuer des travaux pour se faire pardonner auprès des dieux (au cours d’une séquence dans laquelle on voit intervenir un oracle de Delphes plus fantasy que classique). Ainsi commence la partie réellement épique du récit avec l’exécution de cinq travaux et non pas douze. L’Hydre de Lerne ayant déjà été abattu par ses soins, Hercule s’acharne sur deux malheureuses Harpies à la tête de perroquet moisi, le lion de Némée (en fait un sphinx), un troupeau de belles juments blondes aux croupes sympathiques, sans oublier de casser deux fois la figure à son rival Anthée (la deuxième fois en descendant aux Enfers y chercher un Cerbère que l’on ne verra jamais). Bref, c’est du Hercule à la petite semaine, il faut bien l’admettre, d’autant plus que les effets numériques sont parfois vraiment ratés.
Le téléfilm reste cependant agréable à visionner malgré sa longue durée. La raison en est principalement la bonne mise en place des rivalités entre les personnages et une interprétation plutôt convaincante des comédiens qui rivalisent de zèle pour donner à l’œuvre un sympathique air de peplum italien des années 60. Passons sur la performance de Sean Astin que l’on pourrait croire abonner au rôle de camarade de quête ; il nous ressort simplement son numéro de Sam Gamegie vu dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. On appréciera plus une Leelee Sobieski magnifiquement belle et juvénile dans sa tenue de nymphe, une Elizabeth Perkins manipulatrice et pathétique dans celui d’Alcmène et Leeana Walsman, femme complexe et déchirée dans la peau de Mégara. Oui, c’est bien cela, Hercule malgré son héros viril et son festival de torses bombés, est un film dans lequel les femmes sont à l’honneur, et c’est tant mieux, car la chose est plutôt rare (surtout dans la fantasy et le peplum).
On en vient alors au respect de l’œuvre originale. Et là, c’est sur, ce secteur risque fort de déplaire aux hellénistes tant la liberté d’adaptation est grande. Même si Hercule porte la peau du lion de Némée sur le dos et qu’il manie mieux la massue que l’épée, il est très loin de l’icône mythologique classique ; le grand colosse à la barbe drue, la poigne honnête et la voix tonnante. Soigneusement épilé, le cheveu bien rangé et les rangées de dents bien faites, l’acteur Paul Telfer pourrait, dans un autre contexte, nous faire passer le demi-dieu pour un modèle de magazine gay. Heureusement, bien encadré par la réalisation de l’expérimenté Roger Young, il n’en est rien.
Le problème des travaux est tout autre. Il est certain que mettre en scène la totalité des épreuves subies par Hercule aurait grandement augmenté la durée d’un métrage déjà relativement long, mais pourquoi avoir changé la teneur des cinq ayant obtenus la faveur des scénaristes ? Ces ouvrages télévisuels se veulent être également des outils pédagogiques et il est vraiment dommage de prendre tant de libertés avec une histoire pourtant déjà très riche en action, en héroïsme et en émotions. Cela reste un mystère à mes yeux.

La conclusion de à propos de la Mini-série : Hercule [2006]

Auteur Nicolas L.
65

Pour conclure, je dirais que Hercule est creusé dans la même veine que la plupart des téléfilms luxueux qui fleurissent sur les câbles américains et les chaînes payantes (Merlin, Terremer, L’anneau Sacré…). La réalisation est très sérieuse, les comédiens charismatiques et la plupart du temps talentueux, les décors et les costumes vraiment convaincants. Seul le scénario (et quelques fx ratés, il est vrai) m’a réellement déçu. Non pas pour sa tenue narrative et son traitement, mais pour cette inutile liberté d’écriture prise par rapport au texte classique. Vraiment dommage…

On a aimé

  • Réalisation soignée
  • Beaux décors et beaux costumes
  • Interprétation de qualité

On a moins bien aimé

  • Une réécriture pas toujours judicieuse
  • Quelques effets numériques trop médiocres

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