Rencontre avec... Pierre Louis Besombes !
Avant la sortie de la suite de Spiris le chant de Pierre.

Pierre-Louis Besombes a sorti son premier roman, Spiris, le chant de Pierre, aux éditions Quintescence en 2005. Quatrième de couverture: "À une époque reculée, où les civilisations de l'Antiquité n'avaient pas encore vu le jour, deux empires se faisaient face. C'est là que Spiris a grandi. Il va pousser telle une mauvaise herbe de contrée en contrée et finir par mettre ses pas dans les traces d'une mystérieuse communauté initiatique, gardienne du secret de la résurrection des morts. Pour progresser sur cette voie et dévoiler cette énigme, il doit faire route vers le Kandhsamra, en compagnie de Karan son maître instructeur et de Leylane, une jeune fille, disciple tout comme lui. Leur parcours sera parsemé d'obstacles mais aussi de rencontres singulières. En gravissant les grades initiatiques, Leylane et Spiris, seront instruits aux énergies invisibles et aux mystères du sacré. Jusqu'à ce que des parchemins, découverts dans les ruines d'une cité perdue, bouleversent leur destinée…" Son deuxième roman, le faiseur de foudre est prévu pour Noël 2006. SFU vous propose cette Interview de Pierre-Louis Besombes, où cet auteur a pu pleinement s'exprimer sur le chant de Pierre par courriel:
Oman: Bonjour Pierre Louis Besombes. Spiris est votre premier roman. Travaillant dans l’industrie en tant qu’analyste, dites nous comment vous êtes venu à l’écriture ?
Pierre-Louis Besombes: Bonjour Oman, je salue aussi tous les internautes de SciFi Universe qui ont classé « Spiris, le Chant de la Pierre » en tête du Top 10 de leurs livres préférés pendant plusieurs semaines. En fait, je pense que le goût de l’écriture ne peut venir que d’une passion pour la lecture. Durant l’enfance, quand on est fasciné par des livres, on s’imagine à son tour pouvoir transporter des lecteurs. Je me suis mis à écrire et raconter des histoires. J’ai beaucoup écrit de contes et finalement encouragé par les retours de mes proches, je me suis dis pourquoi ne pas embarquer pour un long voyage. Et je me suis lancé dans le roman. J’écris d’abord par passion et pour le plaisir de savoir ce qu’une histoire pourra m’apporter et où elle pourra m’emporter. Si le succès vient ensuite, c’est tant mieux. Je ne sais plus qui disait, « le contraire du succès n’est pas l’échec, mais le fait de ne pas essayer. Si vous n’essayez pas, vous ne savez pas ». Le métier d’analyste dans l’industrie n’est pas si éloigné que cela de l’écriture, car là aussi il faut savoir écrire pour informer ses lecteurs par le biais de rapports ou de e-newsletters.
O: Votre roman s’inscrit dans un univers a priori fantasy. Pourtant, j’ai eu le sentiment que le background n’était pas très important dans ce roman. C'est-à-dire que l’intrigue se situe de facto dans l’univers fantasy, mais ce livre aurait très bien pu être un roman historique se passant dans le Moyen-Âge ou peut-être même dans le XXème siècle. Pourquoi avoir choisi ce cadre de la fantasy ? Pourquoi ne pas l’avoir pas situé aujourd’hui par exemple ?
PLB: J’avais envie de construire un univers inconnu avec des personnages extraordinaires, une langue inconnue, un bestiaire fantasmagorique, deux empires qui se faisaient face. Vous avez raison Oman, cette histoire peut très bien se dérouler à n’importe quelle époque, mais ce qui m’importait c’était aussi de me débarrasser de tous les repères existants (historiques, politiques, religieux, technologiques et autres) pour laisser parler ma seule imagination. Et, pour moi, le résultat a dépassé mes espérances. J’écrivais ce roman comme si je le lisais, découvrant chaque nouvelle page avec étonnement.
Le seul repère que je m’étais permis et que j’offre au lecteur est une carte que j’ai dessinée de ce royaume inconnu. Une carte un peu boussole, orientée selon les quatre points cardinaux, mais qui peut désorienter. C’est une carte qui représente symboliquement le labyrinthe intérieur où se trouve Spiris. Peut-être aussi celui du lecteur ? Et le lecteur va marcher en compagnie de Spiris à travers toutes ces contrées en un sinueux voyage initiatique pour le forcer à se questionner sur son propre chemin. Regardez votre index, votre empreinte, ne représente-t-elle pas un labyrinthe avec ses formes spiralées ? Et quelle direction montre votre doigt à cet instant ? Il y a des chances qu’il soit tourné vers vous. Le chemin pour traverser le labyrinthe et dévider votre fil de soi ne peut être accompli que par vous-même. Encore faut-il faire le premier pas.
L’imagination est un moyen fantastique pour décupler notre créativité et apporter des solutions à des questions. L’imagination est plus puissante que la connaissance, c’est aussi ce que disait Einstein. Dans le roman fantasy, l’imagination par le biais d’images, de symboles, d’archétypes est une clé pour accéder directement à notre inconscient, au centre de soi, où nous ne sommes plus ce que les autres voudraient que l’on soit. C’est la seule langue que décrypte véritablement notre inconscient.

O: Lisez vous de la littérature de l’imaginaire (fantasy, science fiction, fantastique, horreur) ?
PLB: Enfant, j’ai été bercé par l’imagination fertile de Jules Verne. Adolescent, je me suis naturellement tourné vers les romans d’anticipation. J’adorais les romans de science fiction et la fantasy comme ceux de Tolkien ou de Van Vogt, « Le Monde Des A », « la Guerre contre le Rull ». Plus tard, ceux qui m’ont questionné s’appelaient Aldous Huxley, « Le Meilleur des Mondes », George Orwell, « 1984 », Barjavel, « La Nuit des Temps », mon préféré demeurant Ray Bradbury avec « Fahrenheit 451 » ou « Chroniques Martiennes ». Mon film favori est toujours Blade Runner, reprise d’un livre de Philip K. Dick. Puis, j’ai découvert des auteurs comme Henri Gougaud « Les Sept Plumes de l’Aigle » ou Henri Vincenot, « Les Etoiles de Compostelle » qui exploraient de nouveaux sentiers. Mais lorsque j’écris, comme c’est le cas actuellement avec le tome II de Spiris, je préfère lire le moins possible afin de ne pas me laisser influencer par un style ou un autre.


O: Dans votre roman, vous faites référence à deux religions, deux Eglises, deux nations qui s’opposent, au milieu desquelles bourgeonne la fraternité dont Spiris va faire partie. N’avez-vous pas voulu d’une certaine façon, pour instaurer une atmosphère mystérieuse, une certaine ressemblance de cette communauté avec des sociétés secrètes spirituelles et magiques d’un ancien temps, de type obscur, voire sectaire ?
PLB: J’ai effectivement cherché à créer une atmosphère mystérieuse. Pourquoi toujours suivre les pas du connu ? Pourquoi ne pas s’engager dans l’inconnu ? C’est le chemin suivi par Spiris. Spiris, c’est l’histoire d’un jeune orphelin chassé de son clan par un oracle et qui va errer de chapardages en menus larcins. Jusqu’à ce que ses pas le mettent en présence d’une mystérieuse communauté. Il se demande s’il s’agit de brigands, d’un ordre monastique ou simplement de parias de la société. Mais, en fait, il s’apercevra que ce sont plutôt des gardiens d’une connaissance oubliée.
Pour cette communauté d’un genre particulier, je me suis basé (sans dévoiler tous mes secrets d’écriture) sur des religions ou sociétés initiatiques de l’antiquité telles Isis et Osiris en Egypte, les mystères d’Eleusis en Grèce ou le Mithraïsme dans l’Empire Romain. Ils ont tous disparu en 392 sur un décret d’un empereur romain, Théodose I°, pour privilégier la nouvelle religion dominante, l’église catholique romaine. Mithra, Osiris, Perséphone sont des mythes bien antérieurs au Christ. Curieusement, Mithra et Osiris étaient nés le 25 décembre, Perséphone remontait une fois l’an du monde souterrain vers la lumière, tel le germe de blé, le jour du solstice d’hiver. Ces sociétés du monde antique proposaient des mythes fondateurs et c’était à vous à les découvrir.
Ces sociétés initiatiques n’étaient ni des religions, ni des sectes. Contrairement aux religions basées sur des dogmes que l’on ne peut remettre en question (fils de Dieu, né d’une vierge,…) ou des sectes qui endoctrinent et délestent financièrement leurs fidèles, ces sociétés s’adressaient à l’homme par le biais des mythes et d‘épreuves initiatiques pour les libérer de leurs peurs et de leurs conditionnements.

O: Cette communauté cultive une forme de spiritualité que votre héros va peu à peu épouser. C’est le coeur du roman. Ce qu’il faut retenir est qu’il faut revenir à la source de son être intérieur, et désapprendre ce qu’on a appris du fait de notre éducation, de notre environnement, pour atteindre la liberté et la plénitude. Quelles sont vos sources d’inspiration pour cette forme de spiritualité ? La religion en fait elle partie ?
PLB:Spiris en tant qu’orphelin poursuit une quête identitaire. Il ne faut bien évidemment pas apprendre à tout désapprendre, mais refuser de devenir ce que les autres veulent que vous soyez. Enfant, nous avons que nous voulions ou non été façonné par nos parents, par l’école et la société. Et nous le sommes encore tous les jours par nos proches, notre environnement, nos préjugés. Une Lune, comme dirait Karan, l’instructeur de Spiris, il faut se remettre en question pour rechercher notre authenticité, car nous sommes tous uniques, et devenir véritablement soi-même. Il faut bien se connaître pour savoir jusqu’où vous pouvez aller. Vous savez sur ce thème, tout a déjà été écrit ou presque. Il n’y a qu’à relire Socrate : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux ». Et ce qui était valable pour l’homme de l’antiquité l’est aussi pour l’homme moderne. Au Moyen-Age, les alchimistes avaient la réputation de transmuter le métal en or, mais ne travaillaient-ils pas plutôt à leur propre transformation intérieure ? Plus près de nous, un auteur comme C. G. Jung a aussi beaucoup écrit sur la recherche de soi par le biais de l’étude des rêves ou des synchronicités (les coïncidences qui arrivent au cours de notre vie et qui font sens). Pour ma part, la religion offre une orientation différente vers Sa propre vérité or c’est à l’homme de trouver Sa propre vérité.
O: Ce roman vous a pris 4 bonnes années. Le chemin spirituel de Spiris n’a-t-il pas été le vôtre d’une certaine manière? Sinon, avez-vous trouvé votre chemin ?
PLB: C’est une question que l’on me pose souvent. Le personnage de Spiris correspond peut-être à une projection de mon inconscient. Pour moi, c’est un personnage indépendant qui est désormais créateur de sa propre vie, je ne fais que conter ses aventures… L’écriture me permet peut-être d’apaiser mes doutes et mes questions. Le simple fait de poser des questions est déjà une manière d’y répondre. Je reste toujours en quête. J’essaye d’être en harmonie là où je me trouve et avec ce qui m’entoure. Mais parfois « ma face obscure » resurgit et il faut me remettre au travail. Avec Spiris, je suis rentré sur un nouveau sentier que j’étais loin d’imaginer. Ce livre m’a permis de réaliser des rencontres très enrichissantes avec mes lecteurs lors de salons ou conférences. Ces échanges constituent, à eux seuls, un chemin merveilleux.
O: Spiris est un candide, un naïf. Il va devenir l’épicentre de ce monde. N’avez-vous pas peur d’avoir choisi un personnage déjà vu, déjà utilisé par de nombreux auteurs, en fantasy et en science fiction (je pense notamment à Robert Silverberg qui décrivait un candide de la même façon dans le temps des changements, ou dans les ailes de la nuit) pour ce thème initiatique ?
PLB: Ce qui m’interessait, c’était de tracer le chemin parcouru par Spiris et d’assister progressivement à sa transformation, à sa métamorphose. Avant de transmettre quoi que ce soit, il nous d’abord être instruit et apprendre. A un moment où un autre de notre vie, nous sommes tous des candides, c’est-à-dire des « candidats » à la connaissance. Une synchronicité amusante : j’ai appris après avoir trouvé le nom de Spiris, que c’était aussi le nom d’un papillon. Spiris accomplira sa chrysalide. C’est le but conscient ou non de tout homme.
O: Les maîtres de Spiris (Karan, Elrad, Rengrald, Serviteur Intense) s’adressent à Spiris de manière professorale sous forme de longs monologues. Cet enseignement ne s’adresse-t-il pas en fait au lecteur ?
PLB: J’aurai pu écrire un essai, mais je vous l’ai dis, je préfère narrer des histoires et à travers des histoires, plusieurs niveaux de lecture sont possible. Vous lisez un livre une première fois et vous comprenez certaines choses. Vous le relisez une deuxième fois et vous percevez de nouveaux sens. Le roman permet de faire passer des messages sous une forme imagée. « Spiris, le Chant de la Pierre » peut se décrypter à plusieurs niveaux. A un moment, Spiris s’égare dans un souterrain, dans des cavernes. En grec cryptos signifie ce qui est caché. La crypte de nos églises n’est rien d’autre qu’une représentation de la grotte, la caverne. C’était dans des grottes que se tenaient les initiations de Mithra et des enseignements bien mystérieux y étaient donnés. Je laisse au lecteur le plaisir de découvrir le sens caché des épreuves souterraines de Spiris.
O: Vous allez faire paraître le faiseur de foudre, le deuxième volet de la trilogie de Spiris. Pouvez vous évoquer succinctement ce qui attend Spiris, et Leylane ?
PLB: Dans le premier tome, le lecteur a vu comment Spiris et Leylane, en effectuant un long parcours dans les deux empires, ont œuvré à leur propre transformation intérieure pour devenir non pas des maîtres, mais maîtres d’eux-mêmes. Dans le deuxième tome, leurs aventures seront différentes. Spiris sera instruit aux énergies des quatre éléments. Pour déjouer les pièges de ses ennemis, il lui faudra devenir un Faiseur de Foudre en maîtrisant les tempêtes, les éclairs et les séismes. Son combat le mènera à une machine énigmatique qui ne sert à rien, si ce n’est à fabriquer des Dieux…
O: Avez-vous d’autres projets, dans le cadre de la littérature de l’imaginaire ?
PLB: Modestement, et c’est déjà une aventure en soi, la suite des péripéties de Spiris avec le Tome III. Les Editions Quintessence ont aussi le projet de réaliser une bande dessinée du Tome I.
O: Merci à vous Pierre-Louis Besombes.
PLB: Merci à vous Oman et à tous les internautes de SciFi Universe. Et bonne lecture des aventures de Spiris !
Bon courage pour la suite !
Le blog de l'auteur: http://spiris.oldiblog.com/
Les avis des lecteurs: https://www.scifi-universe.com/commentaires_media.asp?media_id=6090

Auteur : Manu B.
Publié le lundi 27 mars 2006 à 16h00

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