Critique Lake Placid 3

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 14 octobre 2010 à 22h39

FLOU SAURIEN

Ce nouvel opus de Lake placid se déroule sur les rives d'un dénommé Black Lake (c'est du moins ce que signale une pancarte durant les première minutes du film) au bon gout bulgare mais se revendique comme la continuité des précédents opus. On y fait la connaissance de la famille de Nathan Bickerman (Colin Ferguson, la star de la série Eureka), le neveu de la vieille dame qui nourrissait, dans le premier volet, les crocodiles immigrés clandestins (et, ). Venus pour vendre la maison, les Bickerman finissent par trouver le coin sympa, et Nathan, en sa qualité de naturaliste compétent, s'installe avec sa femme et son épouse dans ladite maison au bord du lac.

En réalité, en plus de posséder un nom différent, il a bien changé ce lac. Plus grand, plus sauvage, il est désormais bien moins urbanisé, aucune résidence secondaire n'apparaissant plus sur ses rives. En fait, les seules choses qui n'ont pas changé, c'est qu'il y a toujours des crocodiles dedans et qu'il se trouve toujours un abruti pour les essayer de les domestiquer. Ici, c'est le fils complètement débile de Nathan qui, en manque de compagnie, a décidé de faire copain-copain avec ces tueurs en leur donnant à bouffer. A croire que cette manie est une tare congénitale car, rappellez-vous, la soeur de le vieille dame avait déjà fait perdurer la tradition dans la suite réalisée en 2007 par David Flores. En manque de vaches et de corps humains, le jeune garçon va même aller jusqu'à piquer de la viande de boucherie dans les magasins et le frigo familial (sans que les parents ne s'en aperçoivent!). Mais bon, il en faut plus pour satisfaire ces monstres à l'appétit insatiable.

Les premiers à payer de leur personne cette impressionnante boulimie sont, comme souvent, des vacanciers. Récupérant l'entame des Dents de la Mer, flirtant sur la vague Piranha 3DGriff Furst nous propose (dans la version Unrated) une introduction mêlant plans fesses et plans gores. A travers quelques cadres très explicites, on y voit en effet deux jeunes campeurs totalement dénudés se baigner dans le lac avant de faire leurs affaires sur la plage. Puis arrivent les crocodiles (ici encore bébés), attirés probablement par la blancheur des fesses de ces fripons. Bon, là, on ne voit pas encore grand-chose, mais l'on a la vague impression que du coté des effets numériques, cela ne va pas être le Nirvana.

On se retrouve quelques années plus tard. Encore avec une bande de campeurs. Cette fois-ci, ils sont quatre. Ils sont jeunes et appétissants et, eux aussi, ils attirent les crocos, qui nourris par le gamin débile, ont bien grandi. C'est à ce moment que l'on déchante définitivement. Réalisées avec des sauriens totalement numérisés, les attaques se déroulent dans le flou le plus total, au milieu d'une explosion de pixels. Et il ne sert à rien d'essayer de régler votre téléviseur, c'est la composition et l'incrustation CGI qui sont responsables de cette qualité visuelle exécrable. C'est d'autant plus dommage que les prédateurs sont correctement modélisés (du moins, d'après ce que l'on peut en voir). Comme l'on est au début du métrage et de nature optimiste, on peut à ce moment espérer que cette scène particulièrement ratée soit une exception. Hélas, non, ce rendu pitoyable style flou gaussien sera à chaque fois au rendez-vous, dans tous plans d'effets spéciaux, même quand les crocodiles ne sont pas directement impliqués. Par contre, des plans coquins, après une brève séance de voyeurisme où les deux jeunes filles enfilent leurs maillots, vous n'en verrez plus. Pas même le bout d'un nichon.

A la place, vous suivrez les tribulations d'un duo de chasseurs trisomiques guidées par Reba, une baroudeuse pleine de TOC qui ne peut dire une phrase sans l'accompagner de grimaces et d'écarquillement des yeux. Elle roule des mécaniques, se sape comme un broussard, mais n'est même pas capable de s'orienter dans un bois clair et réagit comme si elle se trouvait perdue en pleine Amazonie. La comédienne Yancy Butler (que l'on a déjà vu plus inspirée) surjoue tellement qu'elle finit par sombrer dans le ridicule le plus absolu. Ce qui, finalement, contribue à rendre le film moins barbant. A sa décharge, reconnaissons qu'elle n'est pas aidée par des dialogues d'une rare ineptie. Ah oui, j'oubliais, parmi cette sacrée brochette de crétins se trouve aussi l'ex-petit copain de l'une des campeuses. Un mec un peu collet monté isolé au milieu de bouseux, tout ça histoire de pouvoir meubler le métrage de dialogues "croustillants" entre les chasseurs redneck, la miss Crocodile Dundee et le jeune homme amoureux... et d'entrainer quelques gags, comme lorsque, armé d'un fusil, il rate sa cible (un crocodile de six mètres situé à deux pas) et touche le guide. Car, vous l'avez deviné, ces clichés ambulants seront les nouvelles victimes des monstres, avec la nounou (russe?) du fils de Nathan. Pendant ce temps, non loin de là, le père Brickerman essaie de convaincre le shérif (un Michael Ironside en surcharge pondérale prit en flagrant délit de narcolepsie) que les responsables de l'actuel massacre de cerfs ne sont pas les braconniers. Pour ce faire, il l'amène patauger dans la boue. Trépidant. 

 Au milieu du film, tous les survivants se retrouvent dans la maison du lac, assiégée par des crocodiles. La nounou (russe?), grignotée comme un cracker Belin, se meurt sur le sofa. Le reste du casting tourne en rond pour tenter de donner du rythme. Puis, en ayant probablement marre de poireauter dans le jardin, les cocros prennent la maison d'assaut! On se rend compte à ce moment que ces animaux sauvages sont dotés d'une étrange capacité: malgré leur taille imposante (équivalente à une grosse berline), ils parviennent à passer le seuil des maisons sans endommager les portes et même à se balader dans le salon sans renverser une table!  Aurions-nous affaire aux premiers crocos à volume et densité variables? Par contre, quand ils se déplacent rapidement sur la terre ferme, ils continuent de ramper en trainant leur bide au sol, au lieu de se dresser sur leurs pattes comme le feraient n'importe quel saurien un brin évolué - de quoi y laisser ses bijoux de famille. Toutefois, force est d'admettre que ces crocodiles Barbapapa compensent largement leur stupidité par une force colossale, mêlée à une grande précision. Il suffit d'admirer l'un d'entre eux en train d'attirer à l'eau le véhicule des Brickerman, rien qu'en tenant délicatement son pare-choc avec le bout de ses dents pour s'en convaincre. La logique aurait voulu que le pare-choc, arraché, finisse dans sa gueule. Et bien, non. Ces monstres dont des artistes.

Par contre, quand ils pénètrent avec grand fracas dans le supermarché de la ville voisine pour y chercher des victimes, ils se montrent nettement moins délicats (mais toujours aussi flous). Il faut dire aussi qu'ils ont des raisons d'être furax, à commencer par ce couteau disgracieusement planté dans le crane de l'un d'eux par Reba, qui a trouvé refuge dans ce commerce. C'est d'ailleurs en cet endroit que la guide va finir sa vie, dispersée sur le sol carrelé, dans l'un des rares plans gore du film. Car, finalement, c'est qu'il manque le plus à ce film; c'est un brin de folie et des débordements graphiques, voire même un esprit Z assumé! Le premier opus, réalisé par Steve Miner, n'était certes pas un chef d'œuvre, mais il réunissait tous les ingrédients qui vont qu'une série B est agréable à visionner: de l'humour un peu crétin, des personnages sympathiques et des effets spéciaux amusants. Ici, G.E. Furst n'arrive même pas à assurer le minimum syndical et il fait même pire que David Flores (réalisateur d'un très mauvais second épisode qui, au moins, était un peu gore). Sa réalisation manque de rythme, d'esprit fun et de sens potache et seules les scènes d'effets spéciaux foireux (l'explosion éclair du bateau) composent, prises au dixième degré, les moments drôles du métrage. C'est vraiment trop peu pour que Lake Placid 3 soit autre chose qu'un téléfilm insipide (même si l'ouverture de style nudie peut surprendre).

La conclusion de à propos du Téléfilm : Lake Placid 3

Auteur Nicolas L.
20

G.E. Furst, même en remplaçant les baigneuses en monokini par des filles à poil (enfin, à poil, c'est une façon de la parler, la mode actuelle étant celle du ticket de métro), ne fait pas mieux que David Flores, qui nous avait pourtant bien fait pitié avec un Lake Placid 2 de triste mémoire. Ici, tout est vraiment très mauvais, des effets spéciaux à l'atmosphère du film, en passant par le jeu des comédiens, calamiteux ou insipide (Michael Ironside, avachi et bedonnant, est carrément pathétique). Si l'on rit parfois, c'est soit par le surréalisme de certaines situations soit par pure nervosité, car, il faut bien le dire, visionner ce truc infâme peut vraiment mettre vos nerfs à l'épreuve. Je mets un généreux 20%, et encore, pour la version Unrated. Pour la version diffusée sur Syfy, vous pouvez même la diminuer de moitié.

On a aimé

  • Parfois involontairement drôle
  • La surprenante séquence des campeurs (version Unrated uniquement)
  •  Des crocodiles correctement modélisés

On a moins bien aimé

  • Un scénario débile et ennuyeux
  • Manque d'esprit fun, manque de gore
  • Des personnages énervants
  • D'exécrables incrustations CGI

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