Critique 20th Century boys Episode 1 [2009]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 3 mai 2010 à 18h02

Un Ami qui vous veut du Mal

Oubliés, les rêves d'enfant de Kenji Endô, sympathique trentenaire tokyoïte. Lui qui, en compagnie de ses camarades d'école, s'imaginait jadis en sauveur de l'Humanité et qui, un moment, embrassa même la carrière de rock-star mène désormais une vie bien banale. Aujourd'hui employé dans un konbini, Kenji partage en effet ses journées entre des livraisons de bière chez des clients acariâtres et la garde de sa nièce, abandonnée par sa mère.
Tout à ses banales occupations, Kenji ne fait guère cas de l'arrivée au devant de la scène politique d'Ami, un mystérieux personnage aux propos prophétiques... jusqu'à ce que certains évènements dramatiques fassent ressurgir dans l'esprit de Kenji certains détails de son passé... comme un enfantin Cahier de Prédictions.

Au Japon, l'annonce courant 2007 de la mise en production d'une adaptation cinématographique (en live action, qui plus est!) de 20th Century Boys a fait l'effet d'une bombe. Imaginez, 20th Century Boys, au pays du soleil levant, c'est un monument connu de presque tous les japonais amateurs de bandes dessinées, un magnifique manga de 24 volumes faisant quasiment partie du patrimoine national (l'œuvre est également reconnue en Europe puisqu'elle s'est vu attribuer en 2004 le prix de la meilleure série au prestigieux festival d'Angoulème). Cette annonce fut donc perçue comme un évènement, un peu comme si en francophonie l'on annonçait la mise en chantier d'une adaptation de Lanfeust. Cependant, après avoir savouré avec délectation une telle nouvelle, les fans n'ont pas manqué de se poser la question: comment les responsables de l'entreprise allaient-ils pouvoir retranscrire l'univers complexe et complètement dingue de ce manga? Une partie de la réponse est arrivée rapidement: par la mise en chantier de, non pas un, mais trois films de durées conséquentes construits sur un scénario supervisé par Naoki Urasawa en personne.

La deuxième partie de la réponse saute aux yeux dés la vision des premières minutes de 20th Century Boys, premier volet de ce triptyque cinématographique au confortable budget (20 millions de dollars rien que pour ce premier opus), sorti sur les écrans japonais, à grand renfort de publicité, le 30 aout 2008. En effet, par une retranscription la plus fidèle possible (ce premier film reprend les tomes un à cinq) et un choix de comédiens physiquement très proches des personnages du manga, scénaristes et réalisateur affichent leur intention de coller le plus possible à l'œuvre originelle. Il en ressort un film assez lent, plutôt bavard, sujet à quelques chutes de rythme, mais dont le déficit en cinégénie se voit largement compensé par la découverte (ou redécouverte) d'une intrigue très intéressante et sacrément bien ficelée, faisant apparaitre 20th Century Boys comme un OVNI dans le petit univers du manga live action (de la même manière que Watchmen est un OVNI dans l'univers du comic adapté à l'écran).

Yukihiko Tsutsumi met donc son style très (trop?) classique au service d'un scénario riche en flashbacks et en projections pour nous offrir un spectacle addictif hautement intelligent né d'un maelström créatif issu de l'esprit d'un auteur marqué par de nombreuses influences occidentales et asiatiques. Ainsi, si l'on peut trouver dans 20th Century Boys des éléments typiquement mangas (keiju eiga, yurei eiga et sentai), il vient s'y glisser d'autres composantes narratives inspirées du thriller américain. Ainsi, l'intrigue, qui met en scène un groupe d'amis d'enfance devant se retrouver pour lutter contre un Mal lié à leur enfance, ne manque pas d'évoquer certaines œuvres de Stephen King (ça, Stand by Me), par le sujet, mais aussi par la structure même de cet attachant groupe humain. A coté de cela, le réalisateur n'oublie pas de restituer à l'écran l'esprit critique de l'œuvre, qui égratigne bon nombre de valeurs philosophiques, de courants politiques et de comportements sociaux. Comme dans le manga, tous ces éléments s'assemblent, telles les pièces d'un puzzle, avec la plus grande logique, pour laisser apparaitre, au fil du récit, une machination nihiliste et millénariste d'envergure universelle.

Il est également intéressant de noter que Yukihiko Tsutsumi a choisi d'apporter à sa mise en scène une "couleur identitaire" assez neutre, apte à contenter un "très large" éventail de public. En effet, dans 20th Century Boys, les comédiens font preuve d'une grande sobriété dans leur jeu (il en sera un peu autrement dans la suite avec l'introduction de personnages plus "typiques"), assez éloigné de la théâtralité rencontrée habituellement dans le cinéma asiatique. Un choix judicieux, qui permet une meilleure installation de l'intrigue, plus proche du drame - le récit s'attarde énormément sur les personnages - que du film d'action, et offre une meilleure lecture au public occidental qui peut ainsi se concentrer sur le décryptage d'une intrigue assez alambiquée.

Comme dit plus haut, le principal défaut de 20th Century Boys découle de l'une de ses qualités: la fidélité a une œuvre magistrale, découpée en 24 épisodes fourmillant d'idées et de destins croisés. Car condenser une histoire aussi riche ne pouvait se faire sans conséquences néfastes et, au final, ce premier volet apparait parfois comme une succession d'épisodes au fil arythmique qui risque fort de déplaire aux spectateurs amateurs d'œuvres se déroulant à flux tendu. Le métrage est également peu fourni en séquences spectaculaires (hormis sa dernière demi-heure) mais il convient de se souvenir que ce volet reste la mise en place d'une intrigue adulte (malgré son titre original, 20th Century Boys est un seinen manga) jouant plus sur le mystère et le drame humain que sur l'action. Les épisodes suivants se révèleront nettement plus riches en péripéties (ne vous attendez cependant pas à une sorte de super sentai, vous seriez déçu).

Pour ce qui est de l'interprétation, il peut paraitre surprenant de ne trouver que peu d'acteurs connus dans 20th Century Boys. La production a en effet jugé plus opportun d'engager des comédiens présentant des similitudes avec les personnages du manga que de se payer les services de stars. Au final, on ne peut que leur donner raison quand l'on constate l'excellence de l'interprétation de Toshiaki Karasawa (Kenji) ou Etsushi Toyokawa (Otcho), pour ne citer que ces deux excellents acteurs. Les enfants, présents dans les nombreuses séquences de flash back sont également formidables (Les séquences se déroulant dans "la base secrète" n'ont pas manqué de me rappeler les meilleurs teen movies des années 80).

La conclusion de à propos du Film : 20th Century boys Episode 1 [2009]

Auteur Nicolas L.
70

Fidèle retranscription d'un excellent manga, 20th Century Boys perd en rythme et en action ce qu'elle gagne en intelligence et en force dramatique. On assiste donc à un spectacle hermétique au premier regard, mais rapidement addictif si l'on prend la peine de s'intéresser à l'histoire de ces adultes voyant se réaliser leurs fantasmes d'enfants. Avec son intrigue captivante et son casting de qualité, le film de Tsutsumi a tout pour satisfaire un large éventail de public, qu'il soit fan du manga ou simple spectateur avide de curiosités.

On a aimé

  • Une fidèle retranscription de l'œuvre
  • Une intrigue bien ficelée et riche en personnages
  • Une œuvre intelligente
  • Un casting de qualité

On a moins bien aimé

  • Des chutes de rythme
  • Une réalisation sans grande personnalité
  • Des effets spéciaux perfectibles

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