Critique Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street [2008]

Avis critique rédigé par Richard B. le jeudi 31 janvier 2008 à 17h57

Le gothique musical par Burton

Tim Burton est ce qu’on peut appeler un être singulier. Ce genre de personnage hors-norme dont chaque film signé - hormis peut-être la planète des singes - possède la touche du maître. Tim Burton à du style, Tim Burton est un artiste, après on aime ou on n’aime pas. Sweeney Todd, tel que je le vois, ne fait pas exception à la règle. Il appartient à l’univers Burton, mais il n’en est pas moins une œuvre apportant sa propre touche à l’édifice.
Dans cette histoire, Benjamin Barker n'est pas vraiment le genre d'homme que l'on pourrait qualifier de chanceux. Purgeant une peine carcérale en Australie de 15 ans pour un crime qu'il n'a pas commis, Benjamin Barker n'a qu'une idée en tête, se venger du Juge Turpin qui le condamna afin de lui voler sa femme, Lucy, et sa fille Johanna. Sa vengeance va prendre forme sous le pseudonyme de Sweeney Todd et s'amplifier au contact de Nellie Lovett, une boulangère qui est tombée sous le charme de ce dernier.
Il faut être honnête, le scénario de ce film n'est pas vraiment original. Tirée d'une comédie musicale écrite en 1979 par Stephen Sondheim, cette histoire de tueur en série a surtout l'énorme particularité d'être complètement décalée par rapport au registre classique, habituellement plus enjoué. Sweeney Todd, c'est finalement une sorte de Jack l'Éventreur, mais en plus noir. La particularité de ce projet, par rapport à d'autres potentielles adaptations, réside à ce qu’il soit tombé dans les mains de Tim Burton. Pouvait-on rêver mieux? Pour moi, la réponse est non car l'univers correspond en tout point à celui du cinéaste. Pas le celui du Burton enjoué et coloré de "Charlie et la chocolaterie" ou de "Mars Attack", mais plutôt le gothique de "Sleepy Hollow" et de "Ed Wood".


Rien que le générique est typique d'une introduction Burtonienne. À l'instar de "Charlie et la chocolaterie", nous suivons une fabrication, mais cette fois-ci, bien entendu, pas de chocolat. Il nous est plutôt offert de suivre "les futurs" secrets de fabrication de la fameuse cuisine de Miss Nellie Lovett. Ensuite, nous sommes entraînés dans un Londres qui entre dans la lignée des productions "Hammer" de la bonne vieille époque. Quant à ceux qui s'imaginent un film avec du "gore" réaliste, il faut savoir qu'au contraire Burton joue sur la démesure sanglante, mais jamais réaliste, plutôt artistique, avec un sang rouge vif rappelant celui du cinéma italien. Un sang donc en total contraste avec le reste qui baigne dans des tons plus froids.
Comme dans tous ses films - malgré la cruauté que déploient Sweeney Todd et Nellie Lovett -, Tim Burton fait de ses monstres des victimes engendrés par la société. Seule différence, c'est qu’à l’ opposé de son "Edward aux mains d'argent", Sweeney Todd est un être transformé qui crie vengeance et qui utilise son savoir-faire en matière de lames d'une manière beaucoup moins pacifique.
Tim Burton et son équipe ont pris beaucoup plus de risque qu'à l'accoutumé. Déjà, le côté musical risque de ne pas être au goût de tout le monde, en effet celle-ci ne correspond pas vraiment à des titres répondant aux tendances "marketing" du moment et s'éloigne de la relecture moderne de vieilles pièces musicales comme avait pu le faire "Moulin rouge", à titre d'exemple. Ensuite l'amour que porte Tim Burton aux films des années 50-70 est une fois de plus très visible, il est donc sûr et certain que ceux qui n'aimaient déjà pas Burton ne l'aimeront pas plus cette fois-ci. Nous sommes très loin du formatage type La planète des singes et on ressent largement le plaisir de l’auteur sur ce film, qui est certainement l'un de ces plus personnels depuis "Ed Wood".

Il me paraît presque inutile d'évoquer le casting dans la mesure où Tim Burton a appris à se servir de ses acteurs à la perfection. Johnny Depp et Helena Bonham Carter restent donc impeccables, mais je n’en attendais pas moins. Celui qui arrive toujours à me surprendre et pourtant depuis le temps je devrais être habitué, c'est le personnage d'Alan Rickman totalement pathétique, mais si divin dans les tréfonds de la médiocrité humaine. Une fois encore Rickman se sublime dans la prestation de celui que l'on aime détester et même si tous les acteurs font merveille c'est lui que l'on retient le plus.

La conclusion de à propos du Film : Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street [2008]

Auteur Richard B.
90

Si Sweeney Todd n'est pas le meilleur Tim Burton, il figure incontestablement parmi ses plus grands films. Gothique, et musicalement en dehors des tendances actuelles, il risque de ne pas faire l'unanimité, surtout auprès des plus jeunes. Mais tous les amateurs ayant été bercés par les films anglais de la Hammer et les films italiens des années 70 devraient trouver ce film tout simplement admirable, d’autant plus qu’à cet aspect référenciel se rajoute la si particulière "Burton’s Touch".

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