Critique Je suis une légende [2007]

Avis critique rédigé par Vincent L. le jeudi 20 décembre 2007 à 12h37

La claque de cette fin d'année...

Globalement assez pauvre d’un point de vue cinématographique, l’année 2007 allait se terminer en catastrophe sur le gros blockbuster américain attendu au tournant : Je suis une légende. Rien, mais alors rien du tout, ne laissait entrevoir de mince espoir quant aux possibles qualités intrinsèques de cette adaptation du cultissime roman de Richard Matheson. Pensez plutôt : Francis Lawrence, réalisateur du pitoyable Constantine, à la barre, Akiva Goldsman, calamiteux scénariste (Batman et Robin, Perdu dans l’espace, Le Da Vinci code, quand même !) chargé d’adapté le prétendu inadaptable, et les producteurs des Fast and Furious, Volcano ou Souviens-toi l’été dernier derrière le chéquier.

Ajoutons à tout cela l’annonce, quelques semaines avant la sortie américaine, de retouches des producteurs quant à la fin tournée par le réalisateur, et l’on ne pouvait qu’espérer, au mieux, qu'un film mauvais qui ne soit pas trop catastrophique… Et bien non ! Je suis une légende est la claque de cette fin d’année, et, probablement, le meilleur film sf que l’on ait pu voir ces douze derniers mois. Un véritable choc qui, en moins de deux heures, nous rappelle que Will Smith est un bon acteur, nous démontre que Constantine n’était peut-être qu’une erreur de jeunesse de Francis Lawrence et nous prouve que si le roman de Matheson était bel est bien inadaptable tel quel, il était tout de même possible d’en tirer un bon film.

On ne le dira jamais assez, mais aujourd’hui, les campagnes promo faites autour des films prennent de plus en plus d’importance. Il devient de plus en plus rare – mis à part quand on le veut vraiment – que l’on aille voir un film sans avoir aperçu avant ne serait-ce qu’une bande-annonce. Quand, en plus, on regarde avec impatience les making-of, interview et autres scènes du film disponibles sur le net, on finit par entrer dans la salle avec, en tête, une certaine idée du film que l’on veut voir. C’est là que le bas blesse, car Je suis une Légende n’a, au final, rien du gros film d’action à la 28 jours plus tard qu’on nous a vendu avec, dans le rôle principal, Will Smith toujours au top de la coollitude. Un point de détail lorsque l’on a lu le roman, certes, mais qui prend toute son importance lorsque l’on ne vient voir qu’un nouveau film de “zombis”. Le long-métrage, prenant à contre-pied tout ce qui se fait généralement dans les blockbusters hollywoodien, laissera probablement sur le carreau une partie des spectateurs, déçus de ne pas avoir vu – et c’est légitime ! – le film pour lequel ils ont payé.

En effet, Je suis une légende reste extrêmement fidèle à l’essence même du roman de Richard Matheson. Si le traitement y est largement différent, les thèmes restent identiques : solitude, survie, folie, lutte incessante pour sauvegarder son humanité. C’est pourquoi le film est en général extrêmement minimaliste : outre les plans du New-York post apocalyptique, on se retrouve ici face à un film mettant en scène un seul personnage, avec finalement peu de dialogues et encore moins de musique. Le silence, omniprésent, n’est ici brisé que par la voix de Will Smith ou par les quelques flash-back qui émaillent le film (dans lesquels les musiques sont le plus présentes). Les passages de nuit, lorsque le personnage est retranché dans sa maison/bunker, ne sont finalement que très peu exploités : pas de scènes d’actions à répétition, le scénariste et le réalisateur ont visiblement préféré axer le film – et c’est tant mieux – sur les passages de jour et sur la vie du personnage principal, sur ses recherches pour détruire le virus et sur ses luttes pathétiques pour tenter de garder son humanité. On est ici dans un blockbuster que l’on pourrait qualifié d’“intimiste”, ce qui est étonnant, pour un film à 150 millions de dollars (soit, à titre de comparaison, l’équivalent du budget de Batman Begins) !

Jamais ennuyeux malgré tout cela, le film doit beaucoup à son réalisateur, qui arrive habilement à mettre en scène le personnage de Robert Neville, constamment au bord de le folie, mais également à retranscrire toute l’atmosphère pesante de ce New-York désert ainsi que le danger environnant et omniprésent que représentent les vampires. Mais Je suis une légende doit encore plus à Will Smith, qui livre ici sa meilleure performance depuis Ali (voire sa meilleure performance tout court), et porte sur ses seules épaules plus des trois-quart des scènes. Seul face à la caméra durant la majeure partie du long métrage, il livre un jeu éblouissant qui rappelle constamment que, lorsqu’il ne fait pas son Will Smith (c’est à dire 95% du temps), Will Smith est définitivement un bon, voire un grand acteur !

Au niveau des quelques petites choses qui tendent à faire baisser le niveau qualitatif du long métrage, on pourra noter, et même mettre en avant, l’extrême laideur des effets numériques. Des vampires (et qui font penser à Arnold Vosloo dans la Momie) aux animaux sauvages, tout ce qui touche de prêt ou de loin à une création par image de synthèse est purement et simplement raté. Un léger bémol, certes, mais qui, sur certains passages, a tendance à rendre les vampires moins effrayants et plus grand-guignolesques.

Quant au scénario en lui même, outre quelques grosses incohérences, on regrettera surtout un dernier tiers de film moins pertinent, qui tourne plus à vide à cause de choix peu judicieux mettant en avant la femme, l’enfant et la religion. Des scènes censées apporter de nouvelles perspectives, mais qui ne sont de toute façon pas très bien mises en valeur par la fin du film, abrupte (même si elle demeure totalement logique avec le thème du film !) et pas très cohérente. Des moins, certes, mais le scénario s’avère néanmoins très qualitatif sur un certains nombre d’autre points, notamment quant à l’épaisseur du personnage principal et quant à sa capacité à suggérer les choses plus qu’à les montrer. A ce niveau, d’ailleurs, il est probable que celles et ceux qui apprécieront le plus ces aspects sont précisément celles et ceux qui connaissent le roman.

Maintenant, quid de l’éternelle question de l’adaptation et de la qualité du film par rapport au livre. La réponse est extrêmement simple : il s’agit d’une adaptation, et ce dans le meilleur sens du terme. À aucun moment le parti n’a été pris de retranscrire le livre mot à mot sur grand écran. Ainsi, si l’essence même du livre est respectée, le traitement est nettement différent : plus psychologique et plus intellectuel dans le roman, le long-métrage est quant à lui axé sur la solitude et la quête du personnage de Neville. De même, le personnage principal est totalement différent : vieillard dépressif dans le livre et trentenaire essayant de cacher la pesanteur de la situation derrière une vie en apparence plus “cool” dans le film ; c’est d’ailleurs à ce niveau que la comparaison roman/long métrage est la plus flatteuse, en ce que le Neville du film, tout différent qu’il soit du Neville du livre, n’en est pourtant pas moins bien construit, ni même inférieur psychologiquement.

La conclusion de à propos du Film : Je suis une légende [2007]

Auteur Vincent L.
75

Le pire est derrière nous! Si Je suis une légende version 2007 n'est pas exempte de défaut, elle est pourtant la meilleure adaptation faite à ce jour du roman culte de Richard Matheson. Une très bonne surprise, donc, qui doit énormémement à un Will Smith absolument grandiose!

On a aimé

  • Un blockbuster intimiste,
  • Will Smith exceptionnel,
  • Solitude et folie bien rendues,
  • L'atmosphère pesante,
  • Les plans de New-York désert,
  • Les thèmes du roman judicieusement adaptés.

On a moins bien aimé

  • Des effets spéciaux pourris,
  • Un dernier tiers moins pertinent,
  • Une fin pas à la hauteur du film,
  • La campagne promo du film honteusement mensongère.

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