Critique Cal de Ter - L'intégrale tome 2 [2012]

« C'est finalement une impression de malaise qui tire Cal de son sommeil hibernateur. Il ouvre les yeux et se redresse sur un coude, se passant la main gauche devant le visage d'un mouvement inquiet. Son regard accroche le voyant rouge et son cerveau, comme libéré, se remet soudain à fonctionner. Aussitôt la question, confuse jusqu'ici, se formule sur ses lèvres : Que se passe-t-il ? »

Voici la seconde intégrale qui met en scène un terrien perdu, Cal, sur des planètes éloignées de plusieurs galaxies de la Voie Lactée. Si le premier tome de cette intégrale donnait le ton général et lançait sur de bonnes bases cette saga, il demeurait toutefois légèrement décevant, de part le style employé, les facilités scénaristiques grossières (lire la critique de ce volume ICI).

Heureusement, P.-J. Hérault parvenait à embarquer tout de même le lecteur dans ces tribulations spatiales grâce à la générosité dans l'action et des temps morts quasiment absents.

Ce second volume qui regroupe Hors contrôle et 37 minutes pour survivre profite d'une écriture plus assurée. On sent dès les premières lignes une écriture plus aguerrie, un auteur qui domine mieux son sujet et son héros. L'ensemble prend de la hauteur, on s'intéresse encore davantage aux péripéties incroyables de ce héros ballotté par des événements extraordinaires qui se retrouve systématiquement dans des situations délicates, avec des choix éthiques et moraux à faire. On gagne en intensité et l'univers se développe sereinement et intelligemment. On comprend les déceptions et les aspirations de cet humain abandonné, expatrié involontaire, qui abhorre la violence tout en recourant à celle-ci si nécessaire à ses yeux.

Ce qui surprend dans Hors contrôle, c'est le rythme maintenu constamment de manière talentueuse par l'auteur, aucun répit n'est laissé au lecteur, chaque page ménage un suspense et oblige à dévorer ce roman d'une traite. On assiste à un thriller « planet opera » où à aucun moment, l'action ne cesse. Il se passe toujours quelque chose et contrairement au premier volume, la trame narratrice garde une cohérence forte. Il s'agit certainement du meilleur passage de ces deux intégrales.

37 minutes pour survivre, roman assez court, environ deux cents quarante pages, baisse d'intensité et se base sur une histoire, impossible d'en révéler le moindre indice pour ne pas gâcher l'effet de surprise, relativement convenue, moins inspirée. On conserve toutefois une écriture dynamique principalement axée sur des dialogues vifs et nerveux, avec le souci de ne pas nuire à l'ensemble. On regrette le retour des théories manichéennes et complètement utopistes afin de rendre le monde meilleur en sélectionnant un individu, certes prometteur, porteur de la bonne parole et de l'évolution pacifique de la planète. Sans être raté, 37 minutes pour survivre reste en dessous des autres romans jusqu'à présent publiés de la même série.

« Giuse baisse la tête.

- Ils sont mauvais, Cal. Pourris jusqu'à la moelle, ça se voit davantage qu'autrefois, c'est tout. C'est une mauvaise race. Tant mieux si elle disparaît, ce sera plus propre... »