Critique 2012 [2009]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 20 novembre 2009 à 16h24

Chronique d'une catastrophe annoncée

Le film catastophe est un genre qui n'a jamais eu la prétention de coller à une quelconque véracité scientifique, ni être totalement crédible dans son développement narratif. L'essentiel de la manoeuvre est de secouer le public avec un spectacle éblouissant par ses artifices et ses effets chocs, et de le séduire par la présence de sympathiques héros, aux profils surfant sur les modes en cours. De ces postulats, j'en suis parfaitement conscient et j'en accepte les termes. Dans les étagères de ma videothèque figurent d'ailleurs, bien en évidence, des films comme Le Choc des Mondes, Atlantis, Terre Engloutie ou Quand la Terre s'entrouvrira. Plus par pure cinéphilie que par gout, d'ailleurs.

Loin de moi, donc, l'idée de demander à Roland Emmerich un film "intelligent" ou réaliste, présentant des personnages aux traits psychologiques fouillés. Après tout, le film catastrophe, ce n'est pas du Tennessee Williams ni du Frank Capra. Non, je lui demandais juste de nous offrir un gros divertissement, bourré d'action et de suspense, appuyé par les toutes dernières innovations technologiques en matière d'effets speciaux. Je priais surtout pour qu'il ne nous offre pas la même bouse infame que fut 10 000.

J'ai été, en grande partie, déçu.

Bon, c'est vrai, 2012 est meilleur (ou plutôt moins mauvais) que 10,000 BC, véritable étron désopilant de nullité qui, hormis son aspect friqué, pourrait être assimilé aux nanars de SF spaghettis des années 80, mais il est indéniable que Roland Emmerich est retombé (définitivement?) dans ses travers d'avant Le Jour d'après (film que j'aime bien), c'est à dire qu'il semble particulièrement confrondre cinéma lobotomisé et cinéma décontracté, crétinisme et divertissement.

Pas plus tard que ce matin, l'un de mes collaborateurs à Scifi Universe me confiait qu'il avait trouvé 2012 "assez débile mais divertissant, à la manière d'un manège de parc d'attraction". Personnellement, je trouve que se coltiner 2h 18 du même manège finit par devenir monotone, voire gerbant. Ainsi, si j'ai relativement bien accepté la première demi-heure et l'entame de cette apocalypse en essayant de pas prendre en compte l'accumulation de clichés et de situations improbables, j'ai fini par me lasser de cette répétition de séquences calquées les unes sur les autres, ne présentant aucun degré de suspense tant l'invulnérabilité des personnages principaux est une évidence. Un luxueux patchwork cataclysmique aux pièces évoquant Volcano, le Poseidon, Tremblement de Terre et l'Incendie de Chicago. Un rève de geek cinéphilique puéril? Peut-être. Un rève d'artiste? Surement pas. Le film, réalisé via la froideur de l'image de synthèse, ne dégage même pas cette candeur et ce charme désuet qui font la force des réalisations de George Pal ou Andrew Marton.

Ce qui est un brin agaçant avec Roland Emmerich, comme bon nombre d'autres réalisateurs (je devrais plutôt dire techniciens) de blockbusters, tel Michael Bay, c'est qu'il est prêt à renoncer à toute forme de logique pour faire apparaitre à l'écran la scène la plus spectaculaire possible, transformant alors ses efforts en une magnifique enveloppe vide, une bimbo de polyester. Passé le premier "wow!" admiratif, il ne reste plus une morne sensation de creux qui entraine que l'on n'a guère envie de s'impliquer plus. Et ce n'est pas les concours de circonstances "miraculeux", qui permettent aux héros de se sortir toujours des pires situations, qui va faciliter l'immersion du spectateur lucide.

Vous allez me dire:"il n'empeche que, visuellement, 2012, ça assure un max!". Oui, comme une magnifique démo de jeu vidéo, en grand format et pété de thunes. Cela ne tape pas plus loin. Ce n'est qu'une simple accumulation de plans exposant destruction de cités numériques, privilégiant le graphique au réalisme (le métro qui continue de fonctionner dans une cité rasée, cela juste pour permettre à un coucou volant en rase-motte de passer dessous la rame en feu) et je me demande si tout cela est vraiment du cinéma, un art qui vise, avant tout, à raconter une histoire et à y embarquer les spectateurs. Personnellement, au bout d'une heure de métrage, j'ai sérieusement commencé à m'ennuyer à voir John Cusack courir vers un happy end assuré, une faille vorace ou un tsunami boulimique aux fesses.

Reste que le film (et là, je vais dire enfin du bien du réalisteur allemand) est, techniquement, extremement bien maitrisé. La seule chose que l'on ne peut nier, c'est que Roland Emmerich est un excellent technicien et que, dans le domaine des effets spéciaux - même si le travail est effectué par les copieuses équipes de studios spécialisés - et du montage il sait ou il va et il est un maitre pour fournir un travail sans gros accrocs techniques. Le champ contre champ lors de la séquence ou le président se prend un porte-avion, porté par un tsunami, sur la figure est un bon exemple de son savoir-faire dans le domaine de la maitrise des plans. Finalement, je me suis consolé en considérant cet aspect purement technique, ce qui m'a conduit à suivre le film jusqu'à son terme.

La conclusion de à propos du Film : 2012 [2009]

Auteur Nicolas L.
40

Avec sa superbe cosmétique, 2012 n'est qu'une magnifique enveloppe vide. Pour être plus clair; le film de Roland Emerich se résume en une succession de séquences numériques pétéradantes où essaient vainement d'exister des personnages stéréotypés évoluant dans des situations redondantes ne présentant que poncifs et incohérences. Si Roland Emerich nous prouve encore une fois qu'il est un excellent technicien, il reste enlisé dans la médiocrité artistique et, apparemment, il en fait son affaire.

On a aimé

  • De beaux effets spéciaux
  • Techniquement bien maitrisé

On a moins bien aimé

  • Un scénario stupide, bourré de poncifs
  • Des personnages stéréotypés
  • Une redondance, finalement lassante, de situations.

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