Bifff : Le jeudi de l'angoisse
Notre avis sur Out of Inferno, Oculus, Dark Tourrist

Le Bifff aime mettre le feu dans la salle, et l'expression prend tout son sens avec notre premier film de la journée : Out of Inferno !

Quatre ans après avoir donné sa démission chez les pompiers – et toujours en froid avec le frangin qui partageait la même profession - Keung s'apprête à inaugurer sa société de sécurité anti-incendie dont les bureaux se trouvent situés au 40ème étage d’un gratte-ciel flambant neuf ! Par malchance, il se trouve qu'un imbécile jette sa cigarette au mauvais endroit. Et, comme dans tout film-catastrophe digne de ce nom, tout s'enchaîne de manière à ce que le brasier se propage rapidement et empêche une bonne partie des personnes présentes de sortir. Et même si les pompiers arrivent assez rapidement, cet incendie-là ne compte pas vraiment s'éteindre et va tout faire pour mettre à mal nos héros. Heureusement, la profession de pompier c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas! Keung va donc instinctivement agir lui aussi pour protéger ceux qui comme lui se trouvent prisonniers des flammes.

Les frères Pang, alias Danny Pang et Oxide Pang (The Eye, Bangkok Dangerous, Re-Cycle...) nous reviennent cette année dans un tout nouveau registre, puisqu'ils s'essayent avec Out of Inferno au film-catastrophe, et plus particulièrement au "film de pompiers" (sous-genre assez rare dont on peut citer le classique Backdraft, mais aussi Piège de feu avec Joaquim Phoenix et John Travolta, ou Lifeline de Johnnie To). Entre Backdraft et La Tour infernale, les deux frangins nous proposent même de suivre cette aventure en 3D ! Sortez vos lunettes, mais aussi vos bouteilles d'eau, car il va faire chaud. Entre séquences incendiaires et scènes d'actions vertigineuses, le rythme du film ne laisse que très rarement le spectateur reprendre son souffle et c'est là toute la réussite du film. En dehors de cet aspect, Out of Inferno accumule tous les clichés du genre, avec une musique omniprésente (mais plutôt bien foutue) de Peter Kam et Wong KinWai. Tout est fait pour pousser les passages tant héroïques que dramatiques à leur paroxysme. En gros, point de subtilité ici ! Il est aussi amusant de constater que La Tour infernale est sorti il y a maintenant 40 ans et qu'il demeure indétrônable dans le genre : Out of Inferno a beau tenter la surenchère avec des effets spéciaux numériques (pas toujours réussis), rien n'arrive à faire oublier le film de John Guillermin, qui conserve sa suprématie dans ce registre.

Mais il ne faut surtout pas bouder son plaisir, car le spectacle est au rendez-vous. Si vous avez le vertige, certaines séquences ne devraient pas vous laisser insensibles. Le capital sympathie pour le casting fonctionne bien, d'autant plus qu'on peut y trouver, pour les connaisseurs du cinéma Hong-kongais, Ching Wan Lau (Mad detective, Lost in Time...), Louis Koo (Election, Flashpoint) ou enfin la ravissante malaisienne Angelica Lee (The Eye, Re-Cycle...). Bref du blockbuster bien rodé, ni plus ni moins.

 

Oculus

Ensuite, avec Oculus, nous avons découvert le film d'épouvante qui devrait immanquablement faire parler de lui pour 2014, à l'instar des Insidious et Conjuring les années précédentes

On a beau dire, mais parfois il vaut mieux casser le miroir et subir 7 ans de malheur que de laisser celui-ci accroché sur son mur. Mais encore faut-il que ce miroir veuille bien se laisser briser, car il y a forte chance qu'il vous brise bien avant ! Tim en sait quelque chose, ou du moins en savait, car après plusieurs années passées en asile psychiatrique pour avoir flingué son paternel, il en ressort avec le cerveau (et plus particulièrement la mémoire) ramolli. Et sa soeurette Kaylie a beau tenter de lui rappeler qu'une saleté de miroir est la cause de tout leur malheur, Tim nie en bloc et voudrait bien passer à autre chose (bah oui à son âge on a peut-être d'autres idées en tête). Mais il ne faut jamais douter de la force de persuasion que peut avoir une soeur, surtout si elle est rancunière et qu'elle n'a toujours pas digéré le passé. Il se trouve en plus que cette dernière, en plus d'avoir retrouvé ledit objet, a concocté tout un plan pour enfin régler son compte à ce très très méchant miroir.

Mike Flanagan ressort de ses tiroirs un court-métrage de 32 minutes, intitulé « Oculus: Chapter 3 - The Man with the Plan », qu'il avait écrit avec et Jeff Howard puis réalisé en 2006. On peut donc dire que le réalisateur a de la suite dans les idées, mais en même temps il avait bien raison tant son idée - même si pas réellement nouvelle - de miroir démoniaque apporte un croisement entre réalité et monde réfléchissant assez bien foutu pour troubler plus d'un spectateur. Et que ça fait du bien de voir enfin un cinéaste se passer des sempiternels jump-scare pour jouer sur une tension qui utilise avant tout les silences et l'image. Car oui, nous n'avons noté aucun jump-scare au cours du film, ou alors un minuscule qui n'en est pas vraiment un.

Le casting d’Oculus est plutôt pas trop mal, puisqu'on y trouve une Karen Gillan (Doctor Who) qui, en plus de mettre remarquablement sa chevelure en valeur, ne manque pas de conviction à exprimer sa rancune, un Brenton Thwaites (The Signal) peut-être un poil fade mais offrant une prestation acceptable, la géniale Katee Sackhoff (Battlestar Galactica, Riddick...) qui pour une fois incarne une femme plus fragile que ses précédents rôles et enfin Rory Cochrane (Argo, A Scanner Darkly...) qui s'amuse à jouer le Jack Torrance de service, de manière certes moins impressionnante qu'un Jack Nicholson mais ça reste honnête.

Côté petits regrets, deux sont assez flagrants. Tout d'abord, on regrette que le film annonce dès le départ son objectif à devenir une franchise. En effet, l'histoire est construite de telle manière qu'il ne peut pas en être autrement, ce qui a pour conséquence de nous laisser plus ou moins sur l'idée de comment tout cela va se terminer. Ensuite, cette idée de fin qui se dessine encore plus dans la mesure ou le scénario nous souligne à l'avance certains détails, démontrant assurément sa logique en terme d'écriture, mais diminuant aussi les potentiels effets de surprise. Malgré ça, la mise en scène, l'atmosphère créée et la mythologie imaginée font qu'on se prend au jeu, donnant même cette impression qu’Oculus va devenir le digne successeur d'Insidious et Conjuring dans le coeur du public. Il leur est même peut-être légèrement supérieur.

 

Nous serons bien moins éloquents sur le dernier film de notre soirée : Dark Tourist. Comme quoi les films de minuit censés être les plus dérangeants ou « funs » du festival sont cette année ceux qui se révèlent être les plus ennuyeux de cette cuvée 2014, mais aussi comme les plus pauvres d'une sélection qui globalement est pourtant de très bonne qualité.

Pour résumer de manière globale Dark Tourist, disons que Jim est un touriste qui aime sillonner les États-Unis, du moins quelques lieux « cultes » dans lesquels sévirent de fameux tueurs en séries. Et même si Jim à l'air d'un brave type, ses lectures ont de quoi effrayer et il se pourrait qu'à un moment donné, après avoir vécu déjà une jeunesse pas facile et à force de bouffer des histoires morbides, sa soupape de sécurité explose, pour qu'à son tour il exprime quelques envies meurtrières.

Avec Dark Tourist, on avait envie d'y croire pour la simple raison qu'on était bien heureux de retrouver Melanie Griffith, désormais le plus souvent réduite à faire les guest-stars dans quelques séries télévisées. D'ailleurs les meilleurs passages de Dark Tourist peuvent se vanter d'être ceux où elle apparaît à l'écran tant l'actrice prouve que même dans un film fauché elle est encore capable d'apporter une dose de charisme et d'émotion. On pourra aussi saluer une prestation plus que convenable de Michael Cudlitz (Walking Dead, Southland). Mais entre mise en scène trop prétentieuse et pourtant peu inventive, une voix off pesante, un scénario prévisible et une photographie pas très accrocheuse, on ne trouve guère de plaisir à visionner ce film. Heureusement que la durée se trouve être assez courte, sans quoi il était tentant de déserter la salle.

Auteur : Richard B.
Publié le vendredi 18 avril 2014 à 16h30

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