Troisième journée au PIFFF
"Extraterrestre" et "Retreat"

 

Fausto Fasulo

Richard B. a commencé cette troisième journée du PIFFF avec le court-métrage allemand Der Fall Max Mustermann d’Achim Wendel. Sur 10 minutes, le film nous entraine dans un monde ou l'individualité et l'identité n'ont pas leur place. D'une qualité technique indéniable, on peut reprocher à Achim Wendel de rentrer justement dans les tendances visuelles du moment avec cette image terne et légèrement verdâtre très courante ces dernières années. D'un point de vue scénaristique, on suit l'histoire sans pour autant être plus entrainé que ça, ce qui conduit Der Fall Max Mustermann à rentrer dans une sorte de moule du correct, mais donc loin d'avoir sa propre identité.

Par la suite, Richard B. a enfin pu découvrir Extraterrestre, second film de Nacho Vigalondo, réalisateur du très remarqué Timecrimes. Une fois encore Vigalondo s'amuse à jouer avec les codes du genre et utilise le prétexte Extraterrestre pour s’attarder sur un quatuor amoureux (3 hommes pour 1 femme). La présence de Carlos Areces au casting interpelle et crée une sorte d'écho à son personnage dans Balada Triste (sorti en juin dernier) ou ce dernier commettait déjà certains actes excessifs par jalousie et amour (bien qu'ici il ne soit pas sujet à commettre des meurtres).

Après Balada Triste, cette même année on retrouve donc cette idée de femme fatale dont tous les hommes qui la côtoient tombent sous le charme et acceptent de se laisser, de manière intentionnelle ou non intentionnelle, séduire par la vamp (interprétée ici par la magnifique Michelle Jenner).

Le côté particulièrement remarquable qu'entreprend ici Nacho Vigalondo est qu'à travers une histoire d'invasion extra-terrestre il arrive à conter une histoire humaine dans un lieu qui ne se réduit, à quelques scènes près, qu'à un intérieur d'appartement. Au final, une brillante optimisation du maigre budget sans que cela se ressente. Et si on dénote certaines baisses de tension, on reste perpétuellement sous le charme de l'actrice, de l'ambiance paranoïaque régnant autour d'un vaisseau spatial, et de l'humour qui règne ici en maître. Certes, nullement le film de l'année, mais une très belle découverte qui fait qu'on attend une nouvelle fois le prochain film de ce cinéaste prometteur.

Extraterrestre

La seconde partie de soirée a été introduite par Picnic, court-métrage espagnol de Gerardo Herrero. Pour Richard B, c’est le court-métrage le plus intéressant de la sélection internationale, du moins vu depuis ce début du PIFFF (il reste 2 jours). Doté d'un véritable fond, il est interprété avec justesse et témoigne de vraies idées de mise en scène. Il y apparait bien des petites choses qui semblent déplacées ou maladroite (un bébé qui sonne faux) mais on reste séduit par l'ensemble.

Quand a moi, je l'ai trouvé trop stylisé (ralentis, contemplatif onirique...) par rapport a son sujet grave, et ainsi très pesant, malgré son propos aussi simpliste qu’efficace (les conséquences de la guerre font que les victimes s’accumulent même quand elle est terminée depuis longtemps).

Le deuxième et dernier film de cette troisième journée du PIFFF est l’anglais Retreat, mon premier petit coup de cœur de la sélection. Alors qu’ils prenaient du repos sur une île déserte des côtes anglaises, un couple en crise recueille un jeune militaire blessé, qui les prévient qu’un dangereux virus approche et qu’il faut barricader la maison et ne plus en sortir. Mais l’homme mystérieux prend rapidement le dessus et ne semble pas très équilibré…L’étranger est-il complètement paranoïaque, ou y’a-t-il une part de vérité dans ses propos ? Avec ce huis-clos psychologique étouffant qui ne s’aère qu’au début (superbes paysages) et à la fin sur une partition obsédante à la Phillip Glass, le réalisateur se rapproche de l’hallucinant Bug de William Friedkin. Mais Retreat finira par s’en éloigner radicalement dans son dénouement, scotchant (une succession de twists dont chacun justifie le précédent), surprenant et impitoyable sans être aussi tétanisant et barré que celui du film de Friedkin, dont il se révèle à l’exact opposé. Le récit s’amuse à brouiller les pistes, oubliant par exemple la menace virale (ainsi que le genre du film de contamination et le huis-clos paranoïaque à la Bug), qui n’apparait d’abord jamais comme une menace (dans le sens ou elle n’existe pas vraiment dans l’esprit du spectateur puisqu’elle en reste au stade de fantasme), pour virer au triangle plus classique de l’étranger qui s’initie au sein d’un couple dans un milieu très isolé (Fenêtre sur Pacifique, Calme Blanc…), étranger qui révèle, tel un catalyseur, à la fois les forces et les faiblesses du couple. Entre folie et raison, Retreat chamboule les attentes du spectateur (y compris au niveau du casting, en contre-emploi pertinent), emporté dans un tourbillon de doutes qui ne font d’amplifier la force émotionnelle finale. Retreat peut également faire penser à La Jeune fille et la mort (pour la séquestration dans une maison paumée) ou à Chiens de paille (le personnage de Cillian Murphy étant très proche de celui de Dustin Hoffman). Porté par un fabuleux trio d’acteurs (Jamie Bell impressionne, Thandie Newton émeut, Cillian Murphy fascine), qui ont chacun des scènes très dures, Retreat est un thriller dramatique insaisissable, éprouvant et sans concession, brillamment réalisé (superbe photo) par l’inconnu Carl Tibbetts, qui en impose beaucoup pour un premier long-métrage et maintient continuellement une tension sur le fil du rasoir (avec quelques pics stressants) en même temps qu'une émotion palpable et cruelle.

Pour Richard B., le récit s'essouffle en milieu de parcours, devient même pénible, mais reprend un très fort intérêt grâce à son dénouement renversant qui rehausse l'ensemble. D'après lui cela demande du recul pour juger, car s'il possède bien des défauts, Retreat ne laisse pas indifférent et se montre au final plutôt intelligent.

Retreat

 

Article de Richard B. et Jonathan C.

Auteur : Jonathan C.
Publié le samedi 26 novembre 2011 à 14h19

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