Critique Halloween #1 [2007]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 14 septembre 2007 à 17h27

Petit démon plein d'avenir...

Amateur de métal depuis une génération, je n’ai pourtant jamais été un fan de la musique clichée de Rob Zombie, que je considère la plupart du temps comme une inélégante démonstration référentielle sans grande richesse. Et cependant, paradoxalement, je dois admettre que j’apprécie beaucoup son cinéma, qui utilise pourtant les mêmes artifices pour séduire le « gorophile » et le « bisséphile ». Bizarre… Cela vient peut-être du fait que ses travaux cinématographiques, pourtant très abrupts et sans originalité, dégagent une oppressante puanteur de fanatisme. Pures déjections matinales d’un boulimique de films de genre ayant – au cours d’une nuit agitée - trop ingurgité de ces œuvres que tout individu normalement constitué trouve inconsommables, les créations de Rob Zombie fascinent autant qu’elles peuvent rebuter. Il n’y a qu’à constater comment House of the 1000 Corpses et Devil's Reject sont différemment perçus pour se rendre compte que le lascar a le don pour diviser l’opinion.


En même temps, les deux précédents films sont destinés à un public de niche, une audience avertie férue de grand-guignol, de scatophilie, de lesbianisme et d’anthropophagie, bref, tous ces trucs rigolos que la morale des gens un peu coincés réprouve. Il en est tout autrement lorsqu’il s’agit de réaliser un remake d’Halloween, le grand classique de John Carpenter. Attendu au tournant, le rocker aux cheveux gras mettait carrément, en acceptant le job, son avenir de cinéaste sur la table. Une mise risquée qui démontre que Rob Zombie est peut-être moins doué, mais tout aussi couillu qu’un Orson Welles ou un Sam Peckinpah. Et de plus, il est sacrément lucide sur son potentiel…
Oui, car la première chose qui apparait au regard de cette nouvelle version de la renaissance (encore une !) de The Shape, c’est qu’il a agi conscient du fait qu’il ne pouvait imiter le maitre sans sombrer dans le ridicule. En effet, Halloween, de par sa réalisation, son ambiance et son rythme n’a strictement rien à voir avec la Nuit des Masques. Rob Zombie récupère son style, très réaliste et craspec, avec des mises en situations abruptes, aux préparations très courtes (quelques plans en montage alterné et hop, on passe à l’essentiel). Cela entraine dés le début du film un changement d’attitude de la part du spectateur vis-à-vis de Michael Myers. Enfermé dans cette galerie de « freaks », cet enfant solitaire ne pouvait que céder à la folie et l’on en vient presque à se réjouir lorsqu’il massacre son entourage putride.
Le film s’oriente alors, de manière précipitée mais voulue, vers le slasher réaliste, sorte de "Tueurs Nés pré-pubère", qui nous éloigne définitivement de l’atmosphère surnaturelle et calculée qui se dégage du film de John Carpenter. Michael n’est plus un prédateur mystique, observateur et émotionnellement vide, mais un « simple » déséquilibré mental. Rappelez-vous, dans la version de 1977, le docteur Loomis déclare que « Michael n’est pas un homme, Michael est le Mal Incarné ». Ici, c’est l’inverse. Michael est au contraire un individu tout à fait normal, presque à l’écoute des ses futures victimes, tuant principalement parce qu’il se déteste et se trouve laid, à la manière du monstre de Frankenstein. Michael n’a pas été créé par le Diable, mais par la laideur du monde qui l’entoure.
Le cinéaste adapte donc complètement l’attitude des personnages à partir de ce point de vue. Le docteur Sam Loomis (interprété par un bon Malcolm McDowell mais qui ne fait pas oublier le génial Donald Pleasence) ne cherche donc pas à détruire un monstre mais à sauver un patient. Peine perdue. La première partie, d’ailleurs, démontre bien que le jeune garçon continue de recevoir de l’attention, notamment de la part de sa mère (Sheri Moon, madame Zombie à la ville), mais isolé au milieu de gardiens aussi fous que lui (et de plus pervers), il va s’enfoncer encore plus sur les sombres sentiers menant à la démence.
Le film est donc violent (beaucoup plus de meurtres que dans l’original), bourrés de plans explicites mais pas trop excessifs, et, bien sûr, en œuvre de fan qui se respecte, il présente son lot de références techniques (les plans d’ensemble quand Laurie Strodde marchent dans les rues d’Haddonfield…) et de clins d’œil (le même fantôme à lunettes…). Néanmoins, il commence à baisser de niveau quand l’histoire se raccroche à celle du film originel. On a vraiment l’impression de voir alors démarrer une nouvelle histoire et la disparition d’un Michael enfant impressionnant (grâce au jeu extraordinaire du jeune Daeg Faerch) laisse un vide émotionnel que le colossal Tyler Mane ne comble pas.
Cette deuxième partie, le cinéaste la rate un peu. Ce n’est pas que cela soit mauvais, mais cela manque de souffle et de suspense. En se calquant sur le script de 1977, le scénario de ce nouvel Halloween n’apporte rien de neuf. Malgré un traitement technique abouti, doté de scènes assez poussées graphiquement, le métrage n’arrive pas à décoller et, le comble, il n’impressionne pas du tout ! Il faut dire que dans le registre « massacre de jeunes couples fornicateurs », le fan de films d’horreur en a vu des vertes et des pas mûres. Et dans le cas présent, le réalisateur n’apporte rien de plus que ce que l’on peut trouver dans bon nombre de séries B.

La conclusion de à propos du Film : Halloween #1 [2007]

Auteur Nicolas L.
68

Alors, quid de cet Halloween cuvée 2007 ? Disons que l’on est loin d’atteindre le seuil de génie de la version de John Carpenter, qui est une œuvre maitresse dans l’art d’utiliser les vertus des travellings et des plans subjectifs, mais le film de Rob Zombie est assurément la meilleure séquelle de la série. Très aboutis techniquement, il nous introduit aussi un jeune comédien atypique à travers une relecture réaliste pas désagréable mais voyant son intérêt se désagréger au fur et à mesure de la narration. Une œuvre intéressante, à défaut d’indispensable.

On a aimé

  • Techniquement irréprochable
  • Le jeune Daeg Faerch
  • Galerie de « stars » de la série B
  • Une relecture intéressante et personnelle

On a moins bien aimé

  • Manque de souffle dans la deuxième partie
  • Un film dont l’intérêt va en diminuant avec son déroulement

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