Critique La Nuit au musée [2007]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 30 janvier 2007 à 15h43

Le musée en folie

Larry est un raté. Divorcé, père d’un enfant qui le regarde comme le dernier des imbéciles, il accumule les plans foireux et les galères, changeant de logement comme de chemise. Tant et si bien qu’il se retrouve à deux doigts de perdre le dernier soupçon d’amour que son fils continue à lui accorder. Pour remédier à cela, ce fainéant invétéré commence par envisager l’idée de trouver un travail. Il accepte alors le poste de gardien de nuit dans un musée bien particulier… une décision qui va littéralement changer sa philosophie.

Larry, un père en train de perdre un fils

Famille recomposée, prise de conscience d’un père mis à l’écart et discrédité. Suivi de la remise en question de ce dernier pour reconquérir le respect de son fils et surtout sa dignité sociale. Rien de bien nouveau dans le pitch de La Nuit au Musée, une nouvelle comédie fantastique avec ce trublion de Ben Stiller, monolithique comique américain inscrit dans le même registre qu’un Adam Sandler (en moins crispant, tout de même). Mais un pitch reste ce qu’il est, une simple intuition à développer. Reste à découvrir comment les scénaristes ont arrangé l’affaire pour transformer cela en une nouvelle expérience.
Son chemin de croix rédempteur, ce brave rêveur de Larry va l’accomplir au sein d’un musée baigné d’une aura magique, dans l’uniforme d’un gardien de nuit. Dans les gigantesques locaux de ce haut lieu de culture, la nuit venue, en raison de la présente d’un artefact égyptien, tous ces historiques et figés simulacres de vie sont alors animés d’un souffle magique qui les métamorphose en créatures mouvantes, pensantes… et bien peu matures. Ce qui a pour effet désastreux de transformer l’établissement en une gigantesque cour de récréation !
Un T-Rex amaigri mais fort joueur

Accompagné de son fils, puis d’une adorable historienne, le gardien de nuit va réussir à remettre de l’ordre dans ce capharnaüm, empêcher le vol de la relique magique par trois vieillards bondissants, et même amener une paix inespérée entre les différents ‘’peuples’’ qui se disputent le contrôle du musée. Dit comme ça, l’idée est intéressante, et on imagine bien les Huns d’Attila coursant nos amis dans les couloirs du musée, pendant que le squelette d’un tyrannosaure descend de son podium d’exposition pour jouer les chien-chiens à sa mémère. Oui, mais voilà…
Le problème c’est que le film pèche par un cruel manque d’originalité. En effet, malgré une bonne ambiance générale et un Ben Stiller plutôt à l’aise, le film m’a plus fait l’effet d’une multiplication de redites sans aucune imagination, un véritable patchwork filmique dans lequel auraient été réunis quantité d’éléments piqués dans d’autres films sans y introduire aucune touche personnelle. En vrac, le cinéphile s’étonnera d’évidentes similitudes (bien au-delà du simple clin d'oeil) avec Toy Story (notamment la poursuite en voiture), Small Soldier (les armées de petits soldats acariâtres), Les Pierrafeu (le dinosaure domestique), Jumanji (l’ouverture sur un monde magique avec un Robin Williams exaspérant en sus) et bien d’autres (ça lorgne même du coté de Cocoon). Et si par hasard l’on s’amuse à les retirer du métrage pour essayer d’en tirer une synthèse, il ne reste pas grand-chose à se mettre sous les mirettes à part une drôle de statue de l’île de Pâques amateur de chewing-gum (un des rares trucs qui m’a surpris, et donc fait bien marrer). Mais cela n’est pas tout…
Des retraités plein d'ardeur

Au-delà de certaines incohérences qui ne sont guère gênantes dans ce genre de films (encore que certaines auraient pu être aisément évitées, comme le fait qu’à partir de la deuxième nuit, le gardien s’abstient de fermer par avance les vitrines, attendant que le cirque débute pour réagir…), le plus regrettable est que les auteurs ont parfois raté de peu l’occasion de donner un peu plus de relief à leur œuvre. Par exemple, lorsque Ben Stiller décide de se ‘’remettre’’ (vu le niveau, on doute même qu’il ait commencé un jour) à étudier l’Histoire pour anticiper les réactions des ‘’créatures’’ magiques, réalisateur et scénaristes auraient pu en profiter pour introduire plus cet aspect pédagogique en en faisant l’une des clés de la réussite de la mission du gardien de nuit. Au lieu de ça, une fois cette (courte) séquence close, on n’y fait plus guère d’allusion. Et c’est bien dommage de rater de pareilles opportunités éducatives et ludiques.
En fait, en y réfléchissant bien, depuis le début du métrage, Shawn Levy et ses compères ont résolument décidé de pondre un énième film au parfum disneyen, avec happy-end dansant et morale à la Rocky IV en prime. Au lieu de mettre en valeur les différences culturelles et les particularités raciales de chaque composante du musée, le film, bien au contraire, joue la carte de l’amalgame (impérialiste occidental avec les cowboys et les romains) ou de la mise à l’écart des ethnies récalcitrantes (avec des Mayas parqués dans leur vitrine). Bien entendu, les enfants sont loin de saisir la portée de telles allusions occidentalistes, mais j’avoue que, personnellement, cette expression de la mentalité américaine m’a un peu mis mal à l’aise (de même qu’un Théodore Roosevelt débonnaire tombant amoureux de Sacagawea, la princesse Shoshone qui a aidé Lewis et Clark a dessiner les Etats-Unis d’aujourd’hui, donc la seule indigène digne d’intérêt). Encore heureux que, perdu au milieu de tonnes d’effets de style qui se veulent comiques (purée, encore le coup du singe espiègle, vu mille fois !), ces points de vue ne soient guère criants.
Gulliver au Far West

Car du coté des effets spéciaux, il y a de quoi mater ! Principal intérêt du film, en plus de ce joyeux bordel qui transforme le musée en un véritable hall de gare historico-temporel, les effets numériques sont, pour la plupart, très convaincants et bien délirants. Le plus voyant est bien entendu la modélisation et l’animation de ce squelette de T-Rex joueur, mais il y en a bien d’autres, plus discrets mais tout aussi efficaces. Parmi les morceaux les plus sympas, je note ces hommages aux Voyages de Gulliver et La Guerre du Feu, mais il y en a quelques autres qui valent le coup d’oeil. Au final, une véritable parade de personnages et d’animaux qui a nettement contribué à relever mon niveau d’estime pour ce métrage autrement très quelconque.
Pour finir, jetons un œil du coté de la distribution. En commençant, bien entendu, par la star du film : Ben Stiller. Construit tout particulièrement autour de sa personne, le rôle lui va par conséquence comme un gant et il est finalement bien moins agaçant que cet insupportable cabotin de Robin Williams qui nous rabâche les mêmes mimiques depuis 20 ans et cette tête à claques d’Owen Wilson (désolé, il m’exaspère). Puis il y a le trio des pépés (avec notamment Dick Van Dyke et surtout Mickey Rooney), des anciennes gloires du cinéma hollywoodien que le jeune public ne remarquera sans doute pas mais qui va ravir les cinéphiles. Enfin, dans le seul rôle féminin d’envergure, j’ai eu le plaisir d’admirer le sourire dévastateur (parce qu’au niveau du jeu, on doit se contenter du strict minimum) de Carla Gugino, l’une des plus charmantes brunettes d’Hollywood. Et cela fait toujours plaisir…
Rebecca, joli instrument de réhabilitation

La conclusion de à propos du Film : La Nuit au musée [2007]

Auteur Nicolas L.
60

Film essentiellement destiné au très jeune public, La Nuit au Musée est une œuvre survitaminée, voire hystérique, mettant en scène un tas d’effets spéciaux réussis et de gags plus ou moins drôles. Si je ne me suis pas ennuyé (je serais malhonnête d’omettre de dire que j’ai bien rigolé une fois ou deux), je trouve cependant que l’œuvre manque cruellement d’originalité et, surtout, est très pauvre ‘’scénaristiquement’’ avec un regard très réducteur sur la nature, la raison d’être, de ces magnifiques mémoires que peuvent être les musées. Un petit film, en somme, pour une soirée popcorn.

On a aimé

  • Pitch intéressant
  • Bonne ambiance générale
  • Effets spéciaux réussis
  • Quelques bons gags

On a moins bien aimé

  • Manque d’originalité, de créativité
  • Choix narratifs très restrictifs
  • Aspect pédagogique négligé

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