Critique Le monde fantastique d'Oz [2013]

Avis critique rédigé par Richard B. le samedi 2 mars 2013 à 00h09

Au commencement...

Avant de vous exposer pleinement mon avis sur le film de Sam Raimi, il me parait nécessaire de retourner un peu en arrière dans le temps, tant des choix scénaristiques et de réalisations se font l’écho des œuvres passées. À l'origine,Le Magicien d'Oz est un roman jeunesse écrit en 1900 par L. Frank Baum. Si cinématographiquement la première version est apparue en 1910 sous la direction d'Otis Turner, c'est en 1939, via le film de Victor Fleming, que le phénomène prit une certaine ampleur. À cette époque, le film se voulait être une sorte de réponse "percutante" de la MGM face au Blanche-Neige de Disney. En 39, les films en couleurs étaient encore très rares et surtout coûteux. Ce fut donc un véritable choc pour les spectateurs qui virent le film passer du sépia au technicolor quand Dorothy ouvrait une porte pour découvrir qu'elle n'était plus au Kansas, mais dans un nouveau pays ultra coloré et enchanteur (pour beaucoup, en plus d'être une quête sur l'identité, le film se voulait aussi une réponse à la crise américaine). Bien que raflant déjà un grand nombre de nominations (dont le Festival de Cannes et les Oscars), ce fut vraiment lors de sa première diffusion télé que le film atteignit une portée incommensurable et influença les plus grands réalisateurs de notre époque – comme un certain Steven Spielberg. Alors que beaucoup ont tendance à croire que la notion de films "cultes" et de "marchandising" soient nées avec Star Wars, c'est vraiment suite à la popularité grandissante du film de Fleming que tout ceci est vraiment apparu. Le Magicien d'Oz est donc, au pays de l'oncle Sam, quasiment une institution et le film, plus que le roman d'ailleurs, a engendré toute une pléiade de produits dérivés, bandes dessinées, séries live, séries animées et suites cinématographiques, dont une déjà produite par Disney, réalisé par Walter Murch (son seul long métrage comme réalisateur), et intitulé « Oz, un Monde extraordinaire (1985) ».

Cette nouvelle plongée dans l'univers créé par L. Frank Baum n'est aucunement un remake ou un reboot, mais une préquelle, et s’il n'est pas question, ici, de connaître les origines sur le "comment Anakin Skywalker est devenu Dark Vador ?", le sujet de cette histoire sera bien de savoir qui est le Magicien d'Oz qui, comme Dorothy, se disait originaire du Kansas.


Le sépia de 1939 et le Noir & blanc de 2013

 

Un univers riche en références.

Plus qu'une référence à l'œuvre originale et à son auteur - bien que le premier lieu soit prénommé "Cirque des Frères Baum" - Le monde fantastique d'Oz s'articule autour de multiples clins d'œil adressés au film de Fleming. Et si le film ne débute pas en sépia, Sam Raimi opte pour un très joli noir & blanc et format 4/3 jusqu'à ce que le personnage d'Oscar Diggs (James Franco) lui-même pris dans une tornade se retrouve projeté dans le monde d'Oz ou, comme par le passé, la couleur prendra place - excepté que cette fois-ci, l'image 4/3 se transformera dans un superbe format en scope. Le fait de nous présenter le monde d'Oz dans des tons très colorés n'est certainement pas non plus dû à un hasard et tente à rappeler le technicolor flamboyant du film de Fleming (le film de 39 se voulait être une véritable démonstration vantant les prouesses du technicolor). D'ailleurs, tout comme Fleming, Raimi amorcera un plan circulaire pour dévoiler ce qui entoure le personnage lors de son arrivée. D'autres références se situeront plus dans l'humour, à l'instar des "Munchkins, eux aussi immanquablement de la partie, mais coupés dans leur élan de chanter un "follow the yellow brick road".

Outre les références à l'univers d'Oz, tout comme Hugo Cabret, le scénario de Mitchell Kapner (Mon voisin le tueur ) et David Lindsay-Abaire (Coeur d'encre) amène le film dans une thématique tournant autour du spectacle, de l'illusion et rappelant que le cinéma lui-même avait débuté comme attraction de fêtes foraines. Le héros se voudra d'ailleurs porter une forte admiration pour Thomas Edison. Cette trame de fond, aidée par des idées de mises en scène de Sam Raimi, apporte à ce film un plus indéniable qui permet étrangement au Monde fantastique d'Oz de dépasser son statut de divertissement pour devenir une réflexion autour de cette notion. Pour le coup, l'utilisation du relief pourra à ce titre s'en retrouver d'autant plus justifiée.

Les petits plus "made in Sam Raimi".

A la vue de la bande-annonce, on pouvait décemment douter du film et se questionner si "Le Monde fantastique d'Oz" allait être réellement un film du grand Sam. Il est vrai que les bandes-annonces laissaient présager une sorte de produit formaté façon "Alice au pays des merveilles", plus qu'un film fabriqué par celui a qui on doit des œuvres telles qu'Evil Dead, mort ou vif, un plan simple ou encore Darkman. Oublions les mauvaises impressions laissées par les quelques images précédemment perçues, car une fois montée et le film remis dans son concept il parait indéniable que la touche du réalisateur est présente. Outre les habituelles présences de Bruce Campbell ou de son frère Ted Raimi, on retrouve des images ou des montages "iconiques" qui sont bien là pour rappeler que l'ami Sam est derrière la caméra. Sans oublier que le personnage de James Franco (avec qui il a déjà travaillé sur les trois Spider-Man) est construit de manière assez similaire au personnage de Ash dans Evil Dead III (personnage opportuniste arrivant dans un monde crédule et se faisant passer pour ce qu'il n'est pas). L'humour noir du réalisateur n'est pas oublié et il est parsemé judicieusement à plusieurs reprises. On est aussi très heureux de voir que Sam Raimi et Danny Elfman ont fini par enterrer la hache de guerre et collaborent une nouvelle fois ensemble, d'autant qu'Elfman n'avait pas semblé aussi inspiré depuis bien longtemps il signe enfin une musique aussi épique que magique, du moins, en accompagnement du film, elle est bel et bien entrainante.

Le monde merveilleux d'Oz.

Si visuellement le film ne manque pas d'être habilement construit et référentiel (La Cité d'Émeraude, Le pays Munchkin...), offrant astucieusement un panel de décors variés et souvent magiques, reste que techniquement le film de Sam Raimi n'arrive pas à égaler le réalisme d'Avatar lorsqu'il s'agit d'animer des personnages en CGI. Par moment, notre cerveau se retrouve déconcerté par quelques plans donnant l'impression d'être plus dans un film d'animation qu'un film "live". D'une manière générale, ces passages restent rares, mais occasionnent bien quelques gênes, prouvant parfois que le "trop" reste l'ennemi du bien. Il s'agit même de l'un des rares éléments qui peuvent amener à critiquer le film – l’autre étant un rejet net du Monde coloré d'Oz mais là, on est dans la subjection… et faire autrement aurait été assimilé à une trahison.


La Cité d'Émeraude de 39 et celle de 2013

Outre le personnage de James Franco qui, entre sa prestation ici, celle dans Spring Breakers et ses autres passées (Spider-Man, 127 heures...) , démontre qu'il est l'un, voire l'acteur, le plus prometteur de cette nouvelle génération, le monde d'Oz est pourvu d'une population assez charmante, du moins lorsqu'on évoque ses sorcières. Rachel Weisz campe donc une attirante sorcière de l'est, Mila Kunis - au personnage particulièrement intéressant et plus complexe que les autres- joue quant à elle une sorcière de l'Ouest quasiment aussi charmante, et enfin la blonde Michelle Williams sera la sorcière blonde du sud. Parmi les gueules qu'on aime à revoir, on se réjouira de la présence de Tony Cox (Willow, Fou(s) d'Irène...), ou encore Bill Cobbs (le grand saut, Bodyguard...).

La conclusion de à propos du Film : Le monde fantastique d'Oz [2013]

Auteur Richard B.
85

Plus qu'une préquelle au Magicien d'Oz, ou une aventure déjà bien emballée, Sam Raimi signe ici un merveilleux hommage au chef d'œuvre de Victor Fleming mais aussi, une remarquable métaphore autour du monde du spectacle et de l'illusion. La bande-annonce ne donnait pas particulièrement envie, elle faisait même redouter que Raimi ait sombré dans le consensuel et le produit calibré, il en n'est rien, et sa vision de ce monde d’Oz allant du classicisme au modernisme enchante merveilleusement et arrivera même peut-être à donner envie à une nouvelle génération de se cultiver. Bravo Sam, on t'adore !

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