Critique Matricia #3 [2011]

Avis critique rédigé par Manu B. le mercredi 23 novembre 2011 à 20h42

Vengeance à Matricia

"Des mouettes tournoyaient dans le ciel d'été, au dessus de l'opéra. Celui-ci, perle striée de marbre vert se dressait au centre de la place Ghilberti. Alentour, ce n'était que désolation: épidémie, incendies et pillages avaient tout détruit..."

Dionisia est maintenant face au dernier membre de sa famille, Alino, son oncle décrépit et hanté par une entité maléfique. A ce stade, ils n'ont d'autre choix que de jouer au jeu de la vérité. En tirant chacun leur tour une lame du jeu de tarot, ils savent qu'ils sont sur le point de dévoiler les anecdotes d'une vie fondée sur le mensonge et la tricherie. Au bout de la joute verbale, le prix ne peut qu'être élevé. Leur vie est dans la balance...

Charlotte Bousquet a gagné le prix Imaginales 2011 avec le roman Cytheriae. Troisième et dernier volet de la trilogie L'Archipel des Numinées, commencée avec Arachnae, Matricia clôt avec brio l'histoire de cet archipel gangrené par cette peste qui transforme les être humains en goules. Il est publié aux éd. Mnémos.

Pour situer un peu l'intrigue, pour celles et ceux qui ont lu le texte de Charlotte Bousquet dans l'anthologie des Imaginales, Victimes et bourreaux, la nouvelle qui mettait en scène une jeune femme torturée par un jeune lieutenant, s'insère dans le récit de Matricia. L'héroine est Dionisia, une métisse dont le père n'est autre que le chef d'une puissante famille de sorciers assez machiavéliques pour imaginer conserver le pouvoir en pratiquant l'inceste et le fratricide.
Histoire indépendante, on sent en outre un réel changement avec Cytheriae. Un bon changement. Résolument plus noir, plus abouti.

Sur la forme, matricia est construit comme un dialogue entre les deux protagonistes dont la joute verbale est entrecoupée de flashbacks au cours desquels on apprend vite les liens obscurs entre les différents membres de la scandaleuse dynastie. Et la vengeance, celle d'une petite fille qui consacre sa vie à assouvir une haine viscérale pour ses semblables.
Si l'on y ajoute un style à la fois travaillé et pas du tout ampoulé, un ton qui exprime à la fois le dégoût et l'horreur, et un rythme remarquablement nuancé, Matricia est un texte maîtrisé de bout en bout.

Sur le fond, on ne peut s'empêcher de penser au Trône de Fer et au Cycle des Princes d'Ambre pour le côté intrigues de cour, trahisons et tutti quanti mais sans le riche background que les deux derniers ont eu le loisir de décrire - en tirant à la ligne sur plus de 3000 pages pour George R. R. Martin.
Alors évidemment, l'univers de l'auteur mériterait d'être étoffé, certains éléments devraient être plus approfondis. Mais cela serait au détriment de l'histoire et du drame qui se joue ici. 
Le roman est donc très bien comme il est. A Charlotte Bousquet de nous faire partager d'autres aventures dans l'Archipel.

La conclusion de à propos du Roman : Matricia #3 [2011]

Auteur Manu B.
80

Le dernier volet de L'Archipel des Numinées se distingue du précédent volet, Cytheriae, par sa forme et son ambiance très sombre. Ce roman aux qualités stylistiques indéniables raconte une froide vengeance au sein d'une famille rompue aux moeurs barbares et incestueuses. Une réussite.

Acheter le Roman Matricia en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Matricia sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter

Critiques liées

  • Voir la critique de Cytheriae
    70

    Cytheriae

    par Manu B. | Lecture : 3 mn 11

    Panique à Cribella : Après un début timide, Cytheriae se termine de la plus belle des manières. Charlotte Bousquet prend soin de construire son récit a…