Critique La machine à démonter le temps [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 22 février 2011 à 17h47

Retour vers la biture

Arrive toujours un jour où l'homme se pose quelques instants, presque inconsciemment, afin de visionner dans son esprit les séquences clés du film de sa vie. La plupart du temps, durant ces périodes empruntes de nostalgie douce ou à contrario, douloureuse, il s'interroge souvent sur ce qu'il aurait pu advenir de son existence s'il avait fait d'autres choix, saisit quelques opportunités qu'il a jadis laissé filé et très souvent, sa vue déformée par un quotidien qui ne le satisfait plus, il spécule sur une alternative plus heureuse. Car tel est ainsi fait l'homme, cette créature éternellement insatisfaite de son sort. Un mal pour un bien, diront certains, car c'est ce particularisme à vouloir toujours améliorer son existence qui entraîne l'humanité sur l'interminable voie du progrès... et qui me permet aujourd'hui de vous parler de cinéma au lieu de chasser le gnou avec ma pierre de silex.

Toujours à l'affût de sujets sensibles, les oeuvres de fiction traitant du voyage dans le temps utilisent très souvent ces failles émotionnelles propres à l'esprit humain pour construire leur dramaturgie, souvent en partant du principe de la deuxième chance. "Si l'on me donnait la possibilité de revivre quelques passages cruciaux de l'histoire de ma vie, pourrais-je, en m'imposant d'autres choix, en modifier le fil ou cela serait peine perdue car notre destinée est irrémédiablement tissée à l'avance dans la grande toile du temps?" A cette question, Adam, Lou et Nick vont trouver la réponse dans La machine à démonter le temps, une comédie mêlant mysticisme loufoque et science-fiction à la sauce Retour vers le futur. Tout commence avec une tentative de suicide et l'initiative de deux vieux amis d'enfance cherchant à remonter le moral d'un troisième. En retournant sur les lieux qui ont marqué leur adolescence, ce trio de quadragénaires espère respirer quelques fragrances de leur jeunesse envolée. Et ils vont être comblés au-delà de leurs espérances puisqu'en posant leurs culs dans un vieux jacuzzi magique ils vont carrément être propulsés dans les années 80, pour y revivre quelques heures importantes de l'histoire de leur vie. Avec la possibilité de modifier le tir...

Mais ont-ils le droit, et le pouvoir, de changer leur futur? Au début, ces trois olibrius en pleine crise de la quarantaine pensent que non. L'effet papillon, les paradoxes temporels, tout ces trucs zarbis leur fout les jetons. Leur vie d'adulte est une terre dévastée dans le domaine sentimental et un no man's land professionnel mais le risque de tout chambouler en essayant de changer les choses est bien trop grand. Ils décident donc de reconstituer exactement les évènements passés, tout en espérant que cet abruti de réparateur baragouinant ses phrases sibyllines parvienne à réparer très vite cette absurde machine temporelle. Le problème est que cette nuit de l'hiver 1986 ne fut pas particulièrement réjouissante pour nos amis; Lou a essuyé quelques bonnes raclées, Adam a largué ce qu'il pense être aujourd'hui l'amour de sa vie, Nick a abandonné sa vocation musicale pour s'embourber dans un mariage castrateur. Bref, se retaper ces épreuves ne les enthousiaste pas réellement. De plus, à cela se greffe un autre problème: ils ont dans les pattes Jacob, le neveu d'Adam, qui a fait le voyage temporel avec eux et qui ne devrait pas être là car il n'était même pas né dans les années 80!

La machine à démonter le temps repose donc en partie sur quelques éléments d'explorations psychologiques qui encouragent le spectateur adulte à une gentille introspection. Cependant, il est évident que cet apport n'arrive pas réellement à nous faire oublier que ce métrage réalisé par Steve Pink est en grande partie construit sur la récupération, sous la forme de gimmicks, des moments clés de Retour vers le futur. Cet aspect est notamment imposant durant sa dernière demi-heure où Jacob, le neveu, commence à disparaître quand les imprévus de la nuit viennent à contrarier sa future naissance. Il y a aussi ce passage musical, où Nick offre à l'auditoire une pièce de musique en avant-première (d'une bonne vingtaine d'années) et cette scène où Lou décide enfin de se rebiffer face au gros débile de service. En conséquence, même si ces clins d'oeil sont évidemment volontaires (la preuve, la présence au casting de Crispin Glover, alias George McFly, sujet d'un désopilant running gag), force est de reconnaître que cela dépasse souvent le domaine de l'hommage pour entrer dans celui du simple pompage en manque d'inspiration. Heureusement, le scénario est suffisamment bien ficelé pour que la pilule réussisse à passer (souvent de justesse) et le rythme d'enchaînement des gags, assez soutenu, fait que le récit ne s'attarde jamais trop longtemps sur les situations. L'humour, quand il se démarque de ses références, fonctionne d'ailleurs assez bien, comme lorsque les héros découvrent progressivement, lors du décryptage laborieux (ils ont la gueule de bois) d'un environnement vintage, qu'ils ont changé d'époque sans s'en apercevoir (le plan du miroir est très drôle).

L'un des atouts de La machine à démonter le temps (titre débile, on lui préférera l'original, Hot Tube Time Machine) est le capital sympathie dégagé par les personnages principaux. Lou est aussi attachant qu'agaçant, Adam est un brave type tout ce qu'il y a de plus sensible, Nick est un gros nounours affectueux. Quand au jeune Jacob, débarqué dans une époque qu'il ne connaît que par les redifs des films et séries des années 80, il évite le cliché Marty pour un profil bien plus geek (même si la rencontre avec sa mère délurée fait penser à un version trash de la première rencontre entre Marty et Lorraine). Evidemment, la qualité de l'interprétation n'est pas étrangère à cette réussite. La star John Cusack, très à son aise (comme souvent dans le registre de la comédie), également producteur sur le projet, s'est entouré d'un casting performant, avec de très bons comédiens, bien connus des téléspectateurs américains, pour interpréter les rôles principaux (Rob Corddry et Craig Robinson). A cela, on peut ajouter la présence de seconds rôles de luxe comme Crispin Glover (hilarant) et Chevy Chase et, cerise sur le gâteau, une belle brochette de très jolies starlettes (Jessica Paré, Lyndsy Fonseca, Lizzy Caplan, Crystal Lowe...) chargées de détourner les héros de leur but premier qui est de "surtout ne rien changer!". Et comme tous ces acteurs bénéficient d'une bonne exposition (hormis Chevy Chase, peu présent), le récit est dense et très mouvementé, faisant que l'on ne s'ennuie jamais. Le ton imposé varie au gré des séquences entre le potache (assez vulgaire, c'est vrai, quand l'on suit les péripéties de Lou) et la comédie romantique qui, toutefois, parvient à éviter le piège de la mièvrerie. Toutes les sensibilités seront donc satisfaites.

La conclusion de à propos du Film : La machine à démonter le temps [2010]

Auteur Nicolas L.
55

Sortie en France de manière assez confidentielle (le film a pourtant assez bien marché aux Etats-Unis), La machine à démonter le temps est une comédie fantastique assez sympa qui faute cependant par ses trop nombreuses similitudes avec Retour vers le futur. Le débat proposé est certes un peu différent (un brin plus nostalgique), mais nombre de situations qui respirent le déjà-vu, auxquelles on peut ajouter quelques regrettables fautes de goût, annihilent parfois les effets d'un scénario à l'intrigue amusante, interprété par un casting aussi attachant que performant. Au final, donc, un spectacle agréable mais guère marquant, laissant au final une légère impression d'être passé à coté de quelque chose.

On a aimé

  • Une intrigue amusante
  • Un casting très performant (Crispin Glover, génial)
  • De très jolies starlettes
  • Une gentille atmosphère nostalgique
  • Un humour qui fonctionne assez bien

On a moins bien aimé

  • Trop proche de Retour vers le futur...
  • ... Donc très prévisible et au parfum de déjà-vu.
  • Assez générationnel
  • Quelques fautes de goût.

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