Critique Les Croisés du cosmos [1962]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 6 mai 2008 à 15h06

Guyenne! Saint Georges!.. et sus aux aliens!

Des Wersgorix s'avançaient en masse, pourvus d'armes à plomb à longs canons. Ils observaient un ordre parfait. Ils ne venaient pas en rangs serrés mais se dispersaient autant que le terrain le permettait. Quelques-uns des nôtres en furent réconfortés mais je savais que ce devait être leur tactique ordinaire pour les combats au sol. Quand on a de mortels fusils à feu rapide, on n'attaque pas en rangs serrés. On essaye plutôt de mettre hors d'usage les canons ennemis. Et ils avaient des machines pour ce faire...
Depuis les années 50 et la très médiatisée Affaire Roswell, il est dans les traditions populaires de croire que notre bonne vieille planète bleue se voit régulièrement visitée par toutes sortes de races extraterrestres n'ayant comme point commun que leur totale discrétion. Certains d'entre nous, de plus, affichent la certitude que les visites, les interventions et les abductions pratiquées par des voyageurs de l'espace remontent à bien plus longtemps, prenant pour preuves les colossales constructions égyptiennes, les mystiques pierres dressées celtes, les étranges particularismes topologiques andins ou les anciennes légendes comme celle de l'Atlantide ou du pays de Mû. A ce sujet, donc, chacun construit ses opinions et sa mythologie, au gré de ses croyances, de ses connaissances ou plus simplement... de ses fantasmes.
Cette idée d'une intervention extra-terrestre dans l'histoire de l'humanité, Poul Anderson la récupère et la façonne à sa manière. Nous sommes en l'an de grâce 1345, dans la petite ville d'Ansby, inféodée au baron Roger de Tourneville, vaillant serviteur de la couronne d'Angleterre et de France, et vassal du roi Edouard III. En cette période, messire Tourneville apprête son armée afin de rejoindre son suzerain guerroyant sur le continent avec un usurpateur se proclamant roi de France. Quand, soudain, ils arrivent...
Ils; ce sont les Wersgorix, brutes impérialistes au service d'un lointain empire centralisateur. Technologiquement avancés, ils ne doutent pas une seconde qu'ils vont pourvoir facilement asservir cette race hirsute et primitive que sont ces bipèdes gueulards et superstitieux. Mais, ce que ne savent pas ces vilaines choses à la peau bleue, c'est que depuis Guillaume le Conquérant, nulle créature n'a réussi à poser un pied belliqueux sur le sol Anglais sans le payer de sa vie. Et quand ces démons extraterrestres se rendent compte que sous-estimer la bravoure d'un Anglais est une grave erreur, il est trop bien tard. Tous, sauf un, sont passés au fil de l'épée.
Désormais maître d'une gigantesque nef des étoiles, Robert de Tourneville entrevoit la possibilité de l'utiliser pour reconquérir Jérusalem au nom de son roi. Sous son ordre, son peuple embarque donc en cet étrange appareil pour atteindre la Terre Sainte, avec serfs, bétails, femmes et enfants, sans se douter une seconde que cette croisade, c'est au-delà du système solaire qu'ils vont l'effectuer.
Ainsi, d'une écriture légère, très agréable et résolument pulp, Poul Anderson va nous conter les aventures stellaires de cette communauté féodale anglaise. En cela, il va nous exposer son avis sur les exceptionnelles capacités d'adaptation et de colonisation de la race humaine, faisant parfois preuve d'un peu de suffisance, mais de manière suffisamment ironique pour l'on devine, à tout moment, un humour suffisamment subtil et décalé pour atténuer les humeurs specistes du propos. De plus, afin de rendre plus "crédible" et justifiable son récit, l'auteur a décidé de s'en remettre à un style narratif direct et poétique par le biais de la lecture d'un mémoire d'autant plus subjectif qu'il est couché sur le papier par un homme d'église.
Cet aspect autobiographique (non omniscient, car frère Parvus n'est pas témoin de tous les évènements de l'histoire et s'en remet souvent aux supputations) présente l’avantage de rendre les actions de ces chevaliers égarés dans l'espace extrêmement romanesques et épiques, et évite à l'écrivain de trop en dire - au risque de s'y empétrer - sur les aspects purement techniques de cette expérience intersidérale. Ainsi, les extraterrestres, considérés au début par des démons, se transforment lentement en créatures de Dieu mais peu dignes de confiance, alors que leur technologie, extrêmement hermétique aux esprits terriens, laisse apparaître un niveau pratique si évolué qu'elle peut être manipulée avec aisance même par un enfant. Ce qui, avouons-le, tombe plutôt bien...
Bien entendu, comme dans toute la littérature pulp, il convient de ne pas prendre au sérieux ces étalages de discours prétentieux sur la supériorité de la race humaine. Poul Anderson s'inspire pour ce roman - paru en 1960 - de toute la littérature colonialiste de la période victorienne, qui baignait dans l'impérialisme et le racisme le plus nauséabond, mais qui présentait un élégant aspect aventureux et exotique que l'on ne peut dénier. Aussi, malgré ce texte qui reste en permanence sérieux dans la forme, il ne faut pas s'ôter de l'esprit que Les Croisés du Cosmos est un récit humoristique qui ne vise rien d'autre que le pur divertissement. Une légèreté structurelle et dramatique qui se révèle être finalement le plus gros défaut de l'oeuvre, car on ne s'attache à aucun moment à tous ces personnages peu tangibles bâtis sur de simples archétypes héroïques. Cette superficialité facilite la lecture, c'est certains, mais elle a contrarié quelques peu mes tentatives d'immersion (ce ne fut pas du tout le cas lors de ma première lecture, il y a plus de vingt ans, mais j'étais alors encore bien jeune...).

La conclusion de à propos du Roman : Les Croisés du cosmos [1962]

Auteur Nicolas L.
70

Les Croisés du Cosmos est un sympathique roman d'aventure héroïque et humoristique. A travers ce récit au déroulement un peu abracadabrant, Poul Anderson veut avant toute autre chose nous offrir une expérience pulp et dépaysante. Pour cela, il utilise un style d'écriture très simple, accessible à tous les lectorats, et il reste très basique dans ses descriptions (le second degré de lecture n'est cependant pas absent). Bref, si vous recherchez pour cet été un roman de plage pas prise de tête et très divertissant, ce livre est fait pour vous.

On a aimé

  • De lecture très facile
  • Un style pulp agréable et divertissant
  • De l'humour, de l'héroïsme, de l'aventure, de la SF...

On a moins bien aimé

  • Personnages superficiels
  • Manque de profondeur dans le traitement

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