Critique Predator 2 [1991]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 3 avril 2007 à 15h38

Tu veux des bonbons ?....

Dix ans après son safari dans la jungle centraméricaine, le Predator est de retour. Enfin, plutot l’un de ses semblables car l’on sait comment a fini celui qui a osé se frotter au futur sénateur de Californie. Mais cette fois-ci, changement de décors, finis les crapahutages sylvestres et les baignades dans les eaux vives, bonjour les cabrioles à la Yamakasi sur les toits en béton et les filles légères de Los Angeles qui s'ébrouent sous les jets d'eau. Un choix judicieux, car il faut dire qu’avec tous ces gangs de latino et de nègres qui s’entretuent dans la bonne humeur, ce n’est pas le gibier qui manque dans la Cité des Anges…
John McTiernan et Arnold Schwarzenegger forfaits pour ce deuxième volet, c’est les remplaçants Stephen Hopkins et Danny Glover qui se voient confier la tache par les studios de reprendre le flambeau. Un travail difficile, tant Predator premier du nom, mélange explosif de terreur et de testostérone, prototype du film con mais sévèrement burné - et surtout sacrément bien réalisé - a marqué les esprits de ses contemporains.
En se penchant un peu plus sur le sujet, on peut se rendre compte que le choix de Stephen Hopkins à la réalisation n’est pas un hasard. Manquant totalement de style identitaire, cet humble faiseur se contente de faire ce qu’attendent les producteurs de lui : mettre en pratique une sorte John McTiernan Touch, sans chercher à se démarquer. Disciple consciencieux, le cinéaste y parvient d’ailleurs relativement bien, en pratiquant sans remord ni fausse fierté la tactique du copier-coller, et il a dû par conséquent rapidement rassurer les financiers sur la continuité artistique de cette séquelle. Un aspect apte à s’assurer l’adhésion des fans du premier opus et leur venue dans les salles obscures. Au final, je n’ai trouvé dans sa technique aucune trace de génie, aucune innovation, mais le cinéaste a eu au moins le mérite d’essayer, en quelques rares occasions, de poser un climax. On est quand même loin de l’ambiance oppressante ressentie dans le premier volet.
Si l’on ne peut donc mettre en cause l’intégrité artistique de la réalisation de Stephen Hopkins, il faut peut-être chercher ailleurs les causes de cette absence d’immersion dans le récit. Et carrément taper dans le scénario. Car si l’idée générale peut sembler originale et séduisante au premier regard, on ne peut en dire autant lorsque l’on s’attarde sur la teneur du script. Mettre quatre ans pour accoucher d’un scénario truffé d’autant d’incohérences, cela peut sembler incroyable. A croire que les responsables ont passé leurs journées au bord de la piscine à siroter des Martini Dry et trousser des jeunes bimbos au lieu de potasser leur sujet. Dans les faits, on a l’impression d’assister à un défilé de séquences chocs reliées entre elles par un récit cousu de fil blanc.
Et que dire du héros sensé remplacé l’impressionnant major Dutch Schaefer. Bien sûr, Danny Glover est et restera un acteur très attachant, mais on se demande un peu ce qu’il fabrique dans cette histoire. Personnellement, après chaque cascade j’attendais inconsciemment la réplique : « j’suis trop vieux pour ces conneries ». On se pose d’ailleurs la question : pourquoi le Predator ne l’élimine pas dés la première rencontre, comme les autres (encore une faiblesse scénaristique) ? A coté de lui, Gary Busey joue un agent gouvernemental à demi-hystérique, qui travaille planqué dans un camion près d’un abattoir avec une dizaine de gus comme adjoints. Quand on voit comment la seule découverte d’un chicanos clandestin passant la frontière est apte à rameuter la Garde Nationale, on imagine ce que pourrait créer au sein de la NSA la nouvelle d’un extraterrestre sans carte verte. Bref, tout ça n’est guère crédible, tout comme l’attitude d’un Predator qui jour les stars sur Sunset Boulevard. Vachement utile d’être invisible si c’est pour se faire remarquer en mettant un tel bordel dans le métro, n’est-ce pas ?
Bon assez tapé sur ce Predator 2, car tout n’est pas à jeter. Loin de là. Prises séparément, certaines séquences sont excellentes, que cela soit au niveau de la mise en scène et des décors (la séquence d’ouverture, avec la visite du bâtiment) ou de la réalisation (la poursuite sur les toits, vers la fin). Dans le pur domaine du one shot, on se rend compte que Stephen Hopkins possède une très scolaire mais bonne maîtrise technique du langage cinématographique. Le parfait réalisateur de seconde équipe, quoi. Autre satisfaction, le Predator est toujours aussi impressionnant (bien que l’on se demande pourquoi il parvient parfois à escalader les parois et d’autres fois pas) et semble même plus balaise (mais aussi prétentieux) que le précédent. Les passages ou il pose, accroupi tel Spider-man sur le fait des buildings, restent les meilleures moments du film.

La conclusion de à propos du Film : Predator 2 [1991]

Auteur Nicolas L.
60

Predator 2 est, si on le compare aux pelletées de bouses qui servent en général de suites aux films à succès, la suite honorable d’une œuvre mythique. Le défit était de taille, avec des moyens diminués – en raison de l’absence des deux principaux initiateurs du succès du premier volet - et ce scénario plombé par un travail de fumiste. Le film se rattrape alors par quelques séquences réussies et un Predator toujours aussi charismatique, quand bien même un petit flic de quartier finit arriver à lui mettre une branlée.

On a aimé

  • Un respect du mythe.
  • Quelques belles séquences.
  • Un Predator toujours aussi charismatique.

On a moins bien aimé

  • Un scénario bourré de lacunes.
  • Une réalisation sans génie.

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