Critique La Bande à Picsou - le film : Le Trésor de la lampe perdue [1991]

Lors du second âge d'or Disney, il eut un nombre important de films d'animation qui sont encore aujourd'hui considérés comme des classiques incontournables mais il y eut aussi des œuvres un peu plus oubliées comme La Bande à Picsou.

Ce qui est impressionnant avec Disney, c'est que ses productions ont bercé l'enfance de tant de générations. Tant et si bien que de nombreux lecteurs de cette critique qui ont été enfants dans les années 1980 et 90 pourront me rétorquer que ce film n'est absolument pas oublié. Évidemment, il a marqué leur enfance accompagné des aventures en bandes-dessinées de Picsou, personnage de canard richissime créé par Carl Barks en 1947. Des souvenirs liés à des pages et des pages lus notamment dans Picsou Magazine en France et aussi des épisodes de la série animée La Bande à Picsou avec son générique culte. Sans oublier l'excellent jeu vidéo DuckTales sorti sur NES... Bref, au tournant des années 1990, Picsou est partout notamment grâce à la série animée de 1987 citée plus haut. Vu son succès, il fut d'abord décidé de tenter de faire une histoire sur cinq épisodes plus ambitieux avant de se voir accorder le feu vert pour une sortie au cinéma avec un long-métrage d'animation de 70 minutes. Un projet confié à l'Américain Bob Hathcock qui commença sa carrière en tant qu'animateur dans les années 1970 avant de prendre du galon en tant que réalisateur et producteur (notamment sur la série animée dont le film est tiré), postes qu'il occupe sur La Bande à Picsou. Le film était pour Disney une production plus modeste puisque confiée au studio Disneytoons récemment créé qui se spécialisera sur des suites et autres projets destinés au marché de la vidéo. Le projet fut développé au sein du studio Disney Animation France sous la supervision des frères Gaëtan & Paul Brizzi, créateurs du studio avant qu'il ne change de nom sous l'égide de la firme aux grandes oreilles. Le projet final sortit sur les écrans dans le monde entre 1990 et 1991 doté d'un budget d'environ 20 millions de dollars qu'il ne réussit néanmoins pas à recouvrir malgré un accueil critique assez positif. Un échec qui annula plusieurs suites déjà prévues...

La Bande à Picsou - le film : Le Trésor de la lampe perdue se concentre sur la quête du vieux milliardaire Picsou qui souhaite mettre la main sur le légendaire trésor de Cali Baba en Egypte. Assisté de ses trois neveux, Riri, Fifi et Loulou, ainsi que de l'enjouée jeune canne Zaza et du pilote gaffeur Flagada Jones, Picsou réussit enfin à localiser le trésor après 40 ans de quête. Malheureusement, le trésor est rapidement dérobé par le sorcier Merlock qui avait placé son homme de main Dijon auprès de Picsou pour l'espionner. Le sorcier est en fait à la recherche d'une lampe magique capable d'invoquer un génie que Zaza a pris avec elle. Nos héros rentrent donc dépités à Canarville jusqu'au moment où Zaza fait apparaître un génie à l'apparence juvénile qui va autant exaucer les simples vœux que devenir un nouveau camarade de jeu des plus jeunes. Malheureusement, Dijon et Merlock sont sur leur trace car ce dernier possède un talisman lui permettant de se transformer en n'importe quel animal mais aussi de pouvoir accéder à un nombre infini de vœux. Il souhaite donc récupérer la lampe pour faire le mal tandis que Picsou découvre lui aussi l'existence du génie. Une découverte qui va aussi mettre en ébullition l'avarice légendaire du vieux canard...

La Bande à Picsou - le film est avant-tout un divertissement familial qui reprend l'ambiance de la série avec ce mélange d'aventure et d'humour à destination d'un jeune public. C'est pourquoi le public adulte peut parfois rester hermétique à une œuvre qui pourtant semblait vouloir singer une série plus mature : Indiana Jones. En effet, entre l'affiche réalisée par Drew Struzan et le début proche de celui des Aventuriers de l'Arche Perdue, on pensait que le film prenait cette direction. C'est finalement plus à un autre classique pas encore sorti des studios Disney que l'on pense : Aladdin. Deux adversaires se disputant une lampe magique contenant un génie qui va souvent changer de main avant une résolution finale assez similaire là aussi. Un constat étonnant tant la production d'Aladdin se fit dans le sillage de La Bande à Picsou. Malgré cela, le film de 1990 se révèle très efficace et bien rythmé sans aucun temps mort pendant ses 70 minutes avec son introduction assez épique, ses gags cartoon surtout efficaces pour un jeune public et son final aussi surprenant que dépaysant. Rien de bien inoubliable ni de très ambitieux mais calibré pour qu'on passe un bon moment.

L'univers rempli de canards anthropomorphes reste toujours aussi attachant et les gamins de l'époque ne pouvaient qu'adorer les neveux et Zaza en voulant faire partie de leur bande. D'autant plus si vous rajouter un génie capable de donner vie à tous leurs rêves faits jouets incroyables et de crèmes glacées géantes... On oscille ainsi entre une ambiance assez urbaine et une plus fantastique faîte de temples dangereux et d'un final aux proportions littéralement stratosphériques. Le personnage de Merlock est assez intéressant dans sa capacité à se transformer mais plutôt insipide dans ses motivations. De même pour Dijon qui n'est qu'un sidekick un peu bouffon ayant du mal à représenter quelconque menace. Picsou reste le personnage le plus intéressant qui est souvent coincé entre son appât du gain maladif et son sens de la famille comme des responsabilités vers lesquelles il se tourne toujours finalement. Sans développer de thématiques précises, le film se veut comme une leçon de vie sur l'importance de se focaliser sur ce qu'on possède déjà (dont la famille, l'amitié...) plutôt que sur des souhaits et rêves de grandeur assez vides de sens. Le plus décevant dans l'histoire du film reste les trois neveux qui sont assez interchangeables et de Zaza simplement traitée comme étant « la fille » du groupe... Le long-métrage aurait pu leur donner plus d'épaisseur.

Je n'ai que très peu de souvenirs de la série animée donc je ne sais pas si le film en diffère d'un point de vue de sa direction artistique comme de son animation. En tout cas, le long-métrage est assez solide de ce point de vue sans pour autant nous en mettre plein la vue. On reste dans une production de seconde zone pour Disney. Cela ne nous empêche pas de profiter des décors qui sont souvent beaux et bien détaillés donnant vie comme il se doit au temple du début ou aux demeures de Picscou dont son célèbre coffre-fort géant. On apprécie aussi les transformations de Merlock qui mélangent des animaux avec ses caractéristiques physiques. Cela permet aux animateurs de démontrer leur savoir-faire pour ce qui est des animaux et autres créatures qui se déplacent avec crédibilité. Les scènes d'action ne sont pas en reste avec quelques passages ardus comme la fin très correctement animée. Mais on ne peut pas se départir de ce sentiment d'avoir affaire à un film un cran en dessous du reste de la production Disney de l'époque. Notamment dans la mise en scène de Bob Hathcock qui reste seulement un chef-d'orchestre devant gérer un projet sur plusieurs pays et qui doit avant-tout viser l'efficacité. L'ensemble s'avère très fonctionnel assez proche des séries animées pour le coup car c'est de là que Hathcock vient... Le casting vocal français est par ailleurs très satisfaisant avec les voix issus du dessin animé. 

On vous le conseille si vous aimez La Bande à Picsou, Indiana Jones, Aladdin...