Critique Robin des Bois [1974]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 8 février 2023 à 09h00

J'entends le lion, le renard et la sornette

Critique de la version française.

Si Disney est un empire du divertissement aujourd'hui, il le doit beaucoup à l'Europe qui a fourni à la firme aux grandes oreilles énormément d'histoires à adapter pour ses classiques de l'animation. Que cela soit les romans, les contes ou encore les légendes à l'image de celle de Robin des Bois.

Les germes de ce film sont à trouver dès les années 1930 alors que Walt Disney souhaite adapter en film d'animation des récits médiévaux en jetant d'abord son dévolu sur le Roman de Renart mais le trouve peu adapté à un public familial. L'idée reprend durant les années 1950 mais c'est d'abord la prise de vue réelle qui est choisie avec Robin des Bois et ses joyeux compagnons (1952) puis la légendes arthurienne avec Merlin l'enchanteur (1963). C'est plus tard en 1970, pendant la production des Les Aristochats, que le scénariste et producteur Ken Anderson relance l'idée d'une adaptation de Robin des Bois lançant enfin sa production en film d'animation. Le projet est confié à l'expérimenté Wolfgang Reitherman en tant que producteur et réalisateur, un poste qu'il a occupé sur tous les précédents films d'animation de Disney (Les 101 Dalmatiens, Merlin l'enchanteur, Le Livre de la jungle et Les Aristochats). La production se distinguera par des luttes d'influence entre Ken Anderson et Reitherman quant à l'aspect du film (des humains aux animaux) ou sa localisation (le premier souhaitait une ambiance western située dans le sud des Etats-Unis)... Le film sort sur les écrans à l'automne 1973 aux États-Unis puis un an après chez nous devenant un joli succès au box-office tout en étant encore très apprécié aujourd'hui.

Situé dans l'Angleterre médiévale pendant le règne du Prince Jean (en remplacement de son grand-frère Richard, roi légitime, absent du pays), Robin des Bois met en scène l'affrontement entre le personnage-titre et le pouvoir dictatorial en place. En effet, le cupide et malfaisant Prince Jean rançonne la population par des impôts injustes notamment dans le comté de Nothingham où le shérif et ses gardes s'avèrent particulièrement cruels. Alors que le Prince Jean et son fidèle conseiller Père Siffleur sont en chemin dans ce comté, ils se voient dérober de nombreux richesses par Robin des Bois et son fidèle compagnon Petit Jean qui s'empressent ensuite de redistribuer cet argent aux pauvres. Afin de laver cet affront, le Prince Jean va tout mettre en place pour arrêter Robin des Bois qui pour sa part se reconnecte avec Belle Marianne, son amour de jeunesse. Notre héros va avoir de nombreux pièges à déjouer, de nombreux adversaires à affronter tandis que la population subira les représailles de ses actions...

Robin des Bois est complètement dans le ton des productions Disney des années 1960-1970 à savoir des divertissements très efficaces toujours bien rythmés avec une histoire assez simple permettant d'enchaîner les péripéties de manière très fluide. L’affrontement entre le Prince Jean et Robin se fait en plusieurs rounds dont l'excellente première rencontre permettant d'admirablement définir les personnages. Vu le matériau adapté, le film se montre assez généreux en séquences d'action notamment le tournoi terminant en bataille générale au milieu du métrage permettant de faire de Robin un héros attachant aussi courageux que droit et espiègle face à un Prince Jean couard, pleurnicheur et profondément méchant. Le métrage est certes manichéen mais il permet d'aborder assez frontalement le thème de la dictature et de ses effets néfastes pour le peuple. Le concept de voler aux riches pour donner aux pauvres prend ici toute sa justesse et quelques scènes démontrent aussi la jouissance qu'il y a de se moquer du pouvoir en place comme une sorte d'ode à la liberté. Sans être extraordinaire, le scénario de Robin des Bois reste très efficace.

Pour ce qui est de sa direction artistique, le film semble s'inspirer grandement des livres illustrés offrant une vision assez stéréotypé, donc efficace, du Moyen-Âge tout en faisant grandement référence aux autres adaptations cinéma de Robin des Bois. On est donc rapidement en terrain conquis permettant de mettre en scènes tous ces animaux au comportement humain. Le rusé renard est ainsi accompagné de sa belle renarde, d'un ours, d'un coq, d'un blaireau comme de lapins ayant face à lui un lion mal dégrossi, un serpent, un loup ou encore des rhinocéros et des vautours. Cette ménagerie improbable donne toutefois son charme au film quand leurs caractéristiques physiques s'affrontent leurs des nombreuses scènes que cela soit le serpent Père Siffleur souffrant de son anatomie ingrate ou les petites souries ayant des menottes à leur taille en prison. Le film est donc assez beau tout en restant assez sage comparé avec ce que les studios Disney nous avait déjà proposé. C'est plutôt musicalement que l'on est assez déçu avec peu de chansons (en dessous de 10 minutes de film) n'étant pas vraiment mémorables. On est très loin des classiques du Livre de la jungle ou des Aristochats. Enfin un mot sur les doublages français, qui bénéficient une nouvelle fois du talent de Roger Carel en Père Siffleur, de grande qualité. Ils sont aussi appréciables car on a le droit à un langage se voulant assez ancien donnant un certain charme.

Quand on pense à l'animation de Robin des Bois à l'ère d'internet, on pense souvent aux emprunts qui ont été faits à d'autres film. Ayant pris du retard, la production décida de reprendre des séquences d'animation de Blanche-Neige et les sept nains, Le Livre de la jungle et Les Aristochats pour donner vie à la fête dans la forêt. C'est assez flagrant quand on connaît bien ces différents métrages. Néanmoins cela ne saurait occulter le très grand travail d'animation effectué sur les personnages tous très différents des uns des autres. Une animation leur donnant une personnalité forte que cela soit la souplesse de Robin, la gaucherie de Petit Jean, les caprices du Prince Jean (surtout quand il suce son pouce), la grâce de Belle Marianne ou encore le corps malmené de Père Siffleur. On apprécie d'autant plus la grande fluidité qui réside dans les scènes de bataille. Encore une fois, Wolfgang Reitherman s'avère un grand chef d'orchestre pour donner une cohérence au film notamment en termes d'ambiance avec un noirceur de plus en plus importante au fur et à mesure pour un final se faisant sous le feu et la pluie. Il ne faut pas s'attendre à une mise en scène incroyable mais un cadre toujours bien délimité pour laisser les différents animateurs s'épanouir pour nous plus grand bonheur.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Robin des Bois [1974]

Auteur Bastien L.
74

Robin des Bois est certes un cran en dessous des grands classiques de l'animation Disney car il lui manque un certain grain de folie ou une ambition plus importante en termes d'histoire, de direction artistique ou de musiques. Mais ne boudons pas notre plaisir face à un spectacle toujours très plaisant pour un divertissement familial bien rythmé, très bien animé et correctement réalisé. Le tout grâce à des personnages attachants et un souffle épique agréable.

On a aimé

  • Un divertissement familial efficace
  • Une dénonciation des dictatures à destination des plus jeunes
  • Très bien animé

On a moins bien aimé

  • Un cran en dessous parmi les grands classiques Disney
  • Les musiques
  • Les emprunts à d'autres films maison

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