Critique Kingdom Hearts 3D : Dream Drop Distance [2012]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 6 juillet 2022 à 09h00

Sora et Riku au pays des rêves

Véritable icône du J-RPG tendance action, la saga Kingdom Hearts célébra ses 10 ans en 2012 avec la sortie de Kingdom Hearts 3D : Dream Drop Distance sur la 3DS de Nintendo.

Apparue au début des années 2000 sur PS2, la série des Kingdom Hearts se développa ensuite sur consoles portables avec deux épisodes sur DS et un excellent Birth by Sleep (2010) sur PSP. Des épisodes portables qui avaient des histoires assez différentes entre une plongée au sein de l'organisation ennemie de la saga (358/2 Days), une sorte de préquelle (Birth by Sleep) ou une aventure complètement annexe (Re: Coded). La particularité de Kingdom Hearts 3D fut néanmoins de pleinement poursuivre les aventures des héros après les événements de Kingdom Hearts 2. Le projet naquit dans l'esprit des décideurs de la saga, dont le créateur/réalisateur/scénariste/character designer Tetsuya Nomura, quand ils virent le potentiel de la future 3DS alors en production chez Nintendo. Le projet fut ainsi développé en interne chez Square-Enix par son 1st Production Department alors rompu aux développement sur portables après Birth by Sleep ou The World Ends with You (2008) sur DS. Les principaux objectifs pour Nomura et son équipe étaient d'exploiter au mieux les capacités de la portable de Nintendo, de mettre en avant le personnage de Riku, de préparer le terrain pour Kingdom Hearts III, de fluidifier le gameplay et de proposer de nouvelles idées en s'inspirant notamment de la série des Nintendogs... Une ambition qui aboutit à une sortie mondiale étalée durant l'année 2012.

 

Après les événements de Kingdom Hearts 2, les jeunes héros Sora & Riku doivent passer l'examen du symbole de Maîtrise sous l'égide du sorcier Yen Sid afin de devenir des Maîtres de la Keyblade. Ils sont ainsi séparément envoyés dans des mondes qu'ils connaissent, ou pas, plongés dans le sommeil et menacés par des créatures appelés Avales-Rêves nés de l'obscurité. Ils doivent donc délivrer ces mondes d'un sommeil profond teinté de cauchemars en dévoilant leur serrure. Pour ce faire, ils vont devoir se lier avec leurs habitants et les aider à trouver une sorte de paix. Même en étant séparé, Sora et Riku devront compter l'un sur l'autre pour réaliser leurs objectifs d'autant plus que des mystérieux membres de l'Organisation XIII semblent être de la partie. Ils ont déjà eu affaire à eux notamment Riku qui l'intégra à un moment quand il laissa l'obscurité s'emparer de son cœur. Il va ainsi devoir embrasser la lumière et totalement rejeter les ténèbres pour enfin s'accomplir.

Le scénario de Kingdom Hearts 3D est autant un point fort qu'une faiblesse. Cela s'explique par le fait qu'il y a une intrigue globale certes mais aussi différentes sous-intrigues pour chacun des sept mondes à visiter. L'intrigue globale, pour commencer, est une réelle déception. On a le sentiment de revivre les problèmes de 358/2 Days à savoir une complexité bien trop exagérée. Une complexité qui s'exprime d'abord par le trop grand nombre de personnages qui apparaissent au fur et à mesure du récit sachant que certains sont des doubles d'autres à l'allure différente faisant qu'on s'y perd aisément d'autant si l'on ne connaît pas l'univers du jeu (et même si on le connaît c'est parfois compliqué...). Le pire étant que cette complexité est là pour mettre en avant des thèmes aussi simple que l'amitié et la confiance. L'amitié est évidemment celle indéfectible entre Sora et Riku tandis que la confiance fait autant référence à celle que l'on peut donner aux autres (Sora et Riku doivent avoir confiance l'un envers l'autre pour progresser mais ils doivent aussi gagner la confiance de leurs alliés) comme celle que l'on a en soit (Riku et son rejet des ténèbres ou de nombreux personnages rencontrés...). Le souci de l'intrigue globale est aussi qu'elle lance beaucoup de mystères puis veut y répondre d'un coup avec une surabondance de cinématiques sur la fin qui sont aussi là pour nous présenter les enjeux de Kingdom Hearts III. Bref, un meilleur équilibre dans le nombre de personnages comme des révélations plus étalées auraient été salutaire.

 

Malgré cette intrigue globale perfectible, on apprécie néanmoins les différentes sous-intrigues qui se développent sur les sept mondes visités. On retrouve ici les fondements de la saga à savoir des mondes originaux et ceux tirés des dessins-animés et autres films de Disney. Au programme il y a l'inévitable Ville de Traverse où les héros des différents Final Fantasy sont absents ici remplacés par ceux de The World Ends with You. Pour les univers Disney on retrouve ceux de Pinocchio comme de TRON (version L'Héritage) tandis que les nouveaux venus sont notamment ceux du Bossu de Notre-Dame ou Fantasia. On retrouve ainsi l'essence de Kingdom Hearts à savoir le bonheur d’interagir avec les héros que l'on a aimé sur grand écran, le bonheur simple et enfantin de s'inventer des aventures avec ceux qui nous ont fait rêver dans les décors des films (aider Quasimodo à s'affirmer, devenir mousquetaire aux côtés de Mickey ou affronter le terrible Chernabog). Les sous-intrigues de chaque monde sont fidèles aux univers qu'elles adaptent et sont toujours très plaisantes à suivre d'autant plus qu'elles diffèrent légèrement selon si l'on incarne Riku ou Sora.

Le gros point fort incontestable du titre est sa technique impressionnante pour un jeu de la première génération de la 3DS. Kingdom Hearts ne semble jamais avoir été aussi beau ni aussi fluide que sur 3DS à la sortie du jeu. Semblant surpasser les épisodes PS2, le titre propose des graphismes fins et détaillés avec une excellente animation nous bluffant notamment sur les animations faciales et la vitesse des combats malgré le nombre d'ennemis comme d'effets. Rien de bien étonnant de la part de Square-Enix loin d'être embêté quand il s'agit de maîtrise technique. La direction artistique est évidemment au diapason profitant de la variété des différents mondes visités offrant un réel dépaysement : on traverse un Paris médiéval, l'intérieur stylisé d'un ordinateur, des contrées enchanteresses ou le ventre d'une baleine... Le tout dans une explosion de couleurs aux côtés de personnages iconiques très bien doublés (en anglais seulement). Quand à la musique, on a encore le droit au remarquable travail de la compositrice Yoko Shimomura accompagnée par Takeharu Ishimoto et Tsuyoshi Sekito qui ont aussi déjà œuvré sur la licence. On a le droit à des nouvelles compositions, d'autres déjà maintes fois appréciés comme d'excellentes réorchestrations. Bref, un bel écrin pour un déluge d'action mâtiné de RPG.

 

On le sait, Tetsuya Nomura est une des grandes têtes pensantes de Square-Enix des années 2000-2010 ayant une grande part de responsabilité dans le virage action de la firme nippone. Il accentue cette mue avec Kingdom Hearts 3D bien plus nerveux que ses prédécesseurs sans pourtant autant oublier ses atours de RPG. Il a donc été décidé de dynamiter le gameplay en proposant une action bien plus débridée avec des enchaînements de coups impressionnants et surtout la possibilité d'utiliser le décor pour déclencher des attaques à la mise en scène grandiose. Bref, les attaques s'enchaînent à un rythme élevé avec un système d'esquive, de parade comme de contre bien développé. L'aspect purement RPG de la progression du personnage est assez simplifié quand on gagne des niveaux et se base surtout sur les différentes compétences que l'on peut lui adjoindre soit des magies ou des coups spéciaux. Il faut néanmoins avouer que l'on progresse surtout par notre maîtrise de l'action et moins par les possibilités offertes par l'aspect RPG... La nouveauté vient finalement de la possibilité d'avoir comme alliés deux Attrapes Rêves que l'on crée grâce à ce qu'on peut acheter ou récupérer pendant les combats. Il faut s'en occuper et les faire progresser avec des points de compétence afin de les améliorer. On peut faire des jeux avec eux ou les cajoler à la manière d'un Nintendogs... Encore une fois, le choix de vos alliés (plus action ou plus magie) aura une conséquence sur la manière d'appréhender les combats.

Cette tournure plus action de la série fonctionne bien avec des combats nerveux qui contenteront tous les amateurs d'action. Il y a juste un réel bémol à savoir que la croix directionnelle située sous le joystick qui contrôle personnage sert à utiliser la bonne compétence dont les soins. Et choisir sa compétence en plein combat est parfois un calvaire pouvant occasionner des échecs. Un réel point noir peu ergonomique pour un gameplay globalement maîtrisé. Pour ce qui est de la progression, sachez que l'on alterne entre Sora et Riku qui disposent d'un temps d'action prédéfini avant que le héros tombe en léthargie afin que l'on incarne son meilleur ami. On peut aussi changer quand on le souhaite mais on perdra de nombreux bonus. Un choix auquel on s'habitue vite. Traverser les mêmes niveaux avec les personnages n'est pas gênant car les histoires ne sont pas les mêmes et on ne traverse pas forcément les mêmes zones évitant la répétition. Il y a aussi de nombreux à côtés que l'on vous laisse découvrir sans qu'ils soient incontournables. Si le titre se termine en 20h-25h avec un tour honnête sachez qu'il propose une difficulté plus importante que le reste de la série dont une dernière ligne droite assez éreintante/gratifiante. Un enchaînement de boss où l'erreur se paye cher permettant de démontrer que Riku est le véritable héros du titre...

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Kingdom Hearts 3D : Dream Drop Distance [2012]

Auteur Bastien L.
77

Kingdom Hearts 3D est le genre de jeu pétri de qualités mais qui reste plombé par des défauts bien trop lourds. Une prouesse technique pour un déluge d'action impressionnant avec un aspect RPG aussi discret qu'efficace permettant de vivre des aventures aux côtés de héros Disney émerveillant notre âme d'enfant. Néanmoins l'intrigue globale se perd dans sa complexité et le gameplay n'est pas complètement maîtrisé. Les innovations de la série restent toutefois un vrai gage de qualité.

On a aimé

  • Des aventures délicieusement enfantines
  • De l'action très fluide
  • Un jeu magnifique
     

On a moins bien aimé

  • Une intigue inutilement complexe
  • Un gameplay pas toujours ergonomique
  • Les non-initiés seront vite perdus

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