Critique Un Etranger en Olondre [2022]

Un Etranger en Olondre est un roman de fantasy original et qui dès les premières pages fait appel à vos sens. Cette œuvre de Sofia Samatar a obtenu le World Fantasy Award en 2014 et est classé parmi les cent meilleurs titres de fantasy de tous les temps par le Time. Il est disponible chez Argyll avec une superbe couverture de Xavier Collette.

Jevick est le fils héritier d’un puissant marchand de poivre de Tyom, dans l’archipel du thé. Cette île isolée commerce avec Bain, la cité-port du royaume d’Olondre. L’homme est très sévère et dur avec son fils et la mère le berce de légendes d’Olondre, un lieu où les livres sont légions. Mais les années passants, il est temps de former l’adolescent au commerce dont il reprendra les rênes. Ainsi le marchand confie l’éducation de Jevick à un précepteur tout droit venu de la mystérieuse Olondre. Le professeur est un étranger mis à l’écart sur l’île mais il se prend d’affection pour Jevick. Le gamin va ainsi baigner dans la philosophie de cette terre lointaine qui l’impressionne. Vient enfin le jour où c’est son tour de partir en Olondre.

Devenu marchand lui-même, il est moins passionné par les affaires que par les merveilles de la cité de Bain. Malgré les inquiétudes de son logeur, le jeune homme assiste au controversé festival des Oiseaux, fête débridée en hommage à Avalei, déesse de l’Amour et de la Mort. Le lendemain matin, il se réveille fiévreux et découvre avec horreur qu’il est hanté par un fantôme, celui d’une jeune femme qu’il a déjà croisé.

Mais ce que notre héros ne sait pas c’est que cet étrange situation le place pour les uns comme un malade mental à enfermer et pour d’autres comme un saint à vénérer. Alors que son équipage est reparti sur son île natale, Jevick reste enfermé à son hôtel et passe ses nuits à hurler. Son logeur le dénonce auprès d’autorités religieuses et voici Jevick embarqué pour un entretien avec un grand prêtre pour ce soit disant crime.

Dès lors, il devient l’enjeu de deux factions aux croyances différentes, un pion malheureux dans un guerre de religion larvée… Sofia Samatar réussit ici un coup de maître en créant une intrigue fine autour de la spiritualité et d’enjeux politiques, mais aussi de la place de la connaissance et des livres. Le personnage principal attachant qui nous raconte son histoire nous fait partager ses sensations, ses émotions via le style riche et élégant de l’autrice. De la poésie rythme le récit, les nombreux personnages sont tous intéressants par leur vision des choses et il y a une sensualité et un romantisme noble dans ce roman. Bref, un beau texte à lire impérativement si vous aimez la fantasy.