Rencontre avec... Vincent Bouchage
Le webmaster du Coral Beach Center nous parle de l'univers Mutant Chronicles


Alors que la sortie de Mutant Chronicles : le jeu de figurines à collectionner approche, il nous a semblé judicieux d'en connaître un peu plus sur cette fameuse licence. Pour ce faire, nous avons pris contact avec Vincent Bouchage, le webmaster du Coral Beach Center et qui est un spécialiste en la matièe. Très aimablement, ce dernier a accepté de nous en dire plus sur cette gamme de jeu SF et sur sa collaboration avec UbIK, éditeur de la version française de la nouvelle version du jeu de figurines à collectionner.

SFU : Bonjour Vincent, vous êtes le principal animateur du Coral Beach Center, un site web consacré à l’univers de Mutant Chronicles. Quelles sont les raisons particulières qui vous ont encouragé à réaliser cet énorme travail ?
Vincent Bouchage : Tout d’abord ma passion pour l’univers lui-même date de 1994. Sa déclinaison en jeu de rôle m’avait d’abord accroché par son packaging efficace de gros guerriers en armure puis par son background très simple à comprendre, basé sur des poncifs de la science-fiction, mais avec une écriture très intelligente faisant appel à la connaissance poussée du lecteur du genre science-fiction. Mutant Chronicles est en fait une structure thématique dans laquelle on peut facilement circuler, à charge au lecteur de creuser lui même les thématiques qu’il trouverait intéressantes.
Après la faillite de l’éditeur en 2000, j’ai saisi l’occasion pour créer le Coral Beach Center, une sorte de site web proposant un prolongement à mon expérience de Mutant Chronicles. Au départ il ne s’agissait que d’éditer quelques aides de jeu pour Warzone (le jeu de figurines décliné de cet univers) puis la traduction de suppléments en anglais et enfin la production d’aides de jeu intégrant des éléments issus d’autres licences. C’est cette production de nouveaux fichiers qui me permet de garder tout mon intérêt pour cet univers - et par là même celui de la communauté francophone.
SFU : Mutant Chronicles possède un univers SF bien spécifique. Pouvez-vous nous en dire plus ? Peut-on le rapprocher de celui de Warhammer 40000, par exemple ?
V.B. :Mutant Chronicles est au départ un univers techno-fantastique qui n’est pas sans rappeler l’univers de Warhammer 40K - et pour cause, Mutant Chronicles avait été commandé par une compagnie de jeu américaine pour concurrencer les jeux de plateaux de Games Workshop en Europe au début des années 90.
Pour l’aspect technologique, Mutant Chronicles se déroule dans un futur de quelques siècles où l’humanité à colonisé le système solaire et est contrôlée par des vastes conglomérats militaro-industriels qui ont depuis longtemps remplacé les états-nations. Le niveau technologique s’assimile à celui des années 80 où la micro-électronique connaîtrait de grands problèmes de fiabilité (la haute technologie existe mais reste très confidentielle).
Pour l’aspect fantastique, une partie du système solaire est occupée par les Légions Obscures, un mal ancien éveillé lorsque les explorateurs mirent le pied sur Néron, la dixième planète du système solaire. Les créatures formant les Légions Obscures tiennent plus des démons issus des enfers que de réels extra-terrestres. Du reste, c’est une organisation religieuse qui affronte les Légions Obscures à la fois à la surface des satellites glacés des planètes extérieures que dans les cités de l’humanité pour y traquer l’hérésie.
Le ton général de l’univers est bien sûr désespéré mais avec une bonne dose de cynisme. Les manigances corporatistes représentent le gros du background avec la description de chacune des mégacorporations qui possède une identité thématique qui n’est pas sans rappeler tantôt les Etats-Unis de la guerre froide, tantôt un japon impérial, tantôt un empire britannique se battant pour ses colonies ou encore une Europe continentale du XIXème siècle avec sa noblesse et ses classes laborieuses. Mais si vous êtes intéressé par son background, le Coral Beach Center en propose une version intégrale en français. Pour cela, le jeu de rôle présente l'avantage d'être structuré pour rendre son accès facile. SFU : De quoi se compose la gamme de jeux, qui présente apparemment tant de produits que le néophyte s’y perd un peu ?
V.B. : Mutant Chronicles se décompose aujourd’hui en deux gammes. La gamme “classique” est composée de produits éditée entre 1993 et 2004 qui partagent le même background. Parmi ces produits on peut énumérer trois jeux de plateaux (Blood Berets, Siege of Citadel, Fury of Clansmen), une trilogie de romans (Apostle of Insanity), une quadrilogie de comics (Golgotha), un jeu vidéo (sur Sega Génésis), deux éditions de jeu de rôle (Mutant Chronicles), trois éditions de jeu de figurines (Warzone) et un jeu de cartes à collectionner (Doom Trooper). Parmi tous ces produits seul Mutant Chronicles, Warzone et Doom Trooper ont été traduits en français.
La seconde gamme est celle en préparation depuis 2005 avec la relance de projet d’un film. Cette nouvelle gamme n’a qu’un rapport lointain avec la licence avec une refonte de son background et de son identité graphique. Parmi ces produits, on compte un jeu de figurines (celui édité par Ubik), un jeu de rôle (il sera édité par COG Games) et enfin le film qui devrait sortir au second semestre 2008.
SFU : Pourquoi le choix de l'alias "Coral Beach" et quelle est la valeur ajouté du Coral Beach Center ?
V.B. : Coral Beach est un personnage récurent de Mutant Chronicles et le seul dont le background n'a jamais été approfondi par l'éditeur historique avant sa faillite. J'ai pensé qu'il était devenu l'emblème du background manquant de cet univers et qu'il symboliserait très bien ma volonté de le développer. D'ailleurs, le nouvel éditeur suédois a spécifiquement indiqué qu'il conserverait ce personnage dans la nouvelle édition du jeu de rôle, un clin d'œil pour indiquer aux fans qu'il reprenait bel et bien le flambeau. La valeur ajoutée du Coral Beach Center tient à trois types de travaux mis à disposition : les traductions, l'harmonisation des différents éléments de background et enfin l'intégration de nouveaux matériels dans la licence pour permettre son développement. Aujourd'hui, le site traduit les éléments communiqués par les éditeurs officiels au cas où une traduction des futurs produits en français s'avérait possible. Mais les travaux futurs du Coral Beach Center restent dictés par l'envie de creuser telle ou telle thématique. SFU : Collaborez-vous sur des licences actuellement en développement ? V.B. :Pas directement. Le Coral Beach Center assure la communication française concernant le film et la nouvelle édition du jeu de rôle. Pour le film, son réalisateur a annoncé très clairement qu’il n’avait qu’un rapport très lointain avec la licence. Par contre, pour le jeu de rôle, il est développé par de réels passionnés de Mutant Chronicles (des suédois qui ont connu le prototype de l’univers en 1991) mais ils ont clairement affiché qu’ils procéderaient à de lourdes modifications thématiques de manière à prendre en compte l’évolution du monde ces quinze dernières années. Par exemple, ils vont remplacer une corporation de haute technologie par un équivalent thématique avec un fort accent arabo-africain, ou encore une corporation purement japonaise par un équivalent majoritairement chinois. Bref un background plus cosmopolite et adaptée aux demandes du marché actuel - par exemple avec un niveau technologique ramené à celui de la Deuxième Guerre mondiale. À noter également que les événements de cette nouvelle édition se dérouleront près de 130 ans après ceux décrits dans la gamme "classique". SFU : Dernièrement vous avez collaboré avec Ubik pour l’édition française de Mutant Chronicles : quelle a été votre part de travail dans ce projet ?
V.B. : En fait, je suivais ce jeu depuis qu’il avait été annoncé par l’éditeur américain Fantasy Flight Games en mars 2006. En août 2007 j’ai appris qu’Ubik projetait de le traduire et j’ai proposé spontanément mes services de traducteurs afin de garantir l’homogénéité avec la gamme “classique”. Finalement Ubik m’a proposé de participer à la relecture et j’ai pu mettre à profit mon expérience de plusieurs années sur la licence. C’est un réel atout lors d’une traduction que de connaître très bien le sujet - parfois mieux que l'éditeur américain. Comme cette expérience a été concluante, Ubik m’a proposé de continuer avec la traduction de la première extension - Ilian - et la modération du forum sur le site d’Ubik.
Vincent Bouchage animant une partie de Mutant Chronicles sur le stand d’UbIK lors de la GenCon 2008
SFU : En quelques mots, pouvez-vous nous décrire les principe de ce jeu, et qu’est-ce qui, selon vous le distingue des autres jeux de figurines, prépeint ou non, qui existent sur le marché ?
V.B. : Mutant Chronicles présente un moyen terme entre le jeu de plateau et le jeu d’escarmouche. En fait il allie la simplicité du premier et les figurines du second. Trois caractéristiques distinguent particulièrement Mutant Chronicles de la concurrence. Le premier est la constitution des armées reposant sur un simple code couleur (Bronze, Argent et Or). Pour jouer à une partie en mode Tournoi, un joueur doit choisir 10 éléments Or, 10 éléments Argent et 10 éléments Bronze. Ces éléments peuvent être des unités (figurines), des cartes commandement (des événements spécifiques à une faction) ou des pions ordre (des jetons qui activent les combattants en leur conférant de 1 à 3 actions). Ainsi un joueur doit forcément mélanger de très bons éléments (Or) avec des éléments de moindre qualité (Argent et Bronze). Tout l’intérêt de la constitution d’une armée n’est pas d’avoir les meilleurs éléments mais le meilleur compromis entre chaque couleur.
La deuxième caractéristique est la simplicité de la résolution des actions mais avec une subtilité concernant les unités et zones de victoire sur le plateau de jeu. Chacune d’entre elle dispose de règles spéciales qui provoquent des situations uniques durant la partie. Certaines de ces règles permettent d’infliger des dégâts supplémentaires à l’adversaire mais également de récupérer des cartes jouées ou conférer des bonus à des alliés. Cette subtilité permet de jouer des combinaisons qui sont propres à des unités Argent ou Bronze mais inaccessibles aux unités Or, plus individualistes. Les zones de victoire sont quant à elles placées aléatoirement sur le plateau de jeu, ce qui confère à chaque partie un déroulement unique.
Enfin la qualité du matériel proposé. Pour ceux qui connaissent les jeux de Fantasy Flight Games, Mutant Chronicles se trouve doté de la même qualité de matériel à ceci près que le jeu ne manipule que très peu de pions. Les figurines 54 mm prépeintes sur leur socle coloré sont aussi un élément caractéristique (la norme pour les jeux de figurines est plutôt du 28 mm) puisque cela permet un plus haut niveau de détail pour la sculpture comme la peinture. A noter également que toutes les cartes référence d'unité et carte de commandement du set sont présents dans la boîte de base (d'autre jeux ne les proposent qu'en accompagnement des figurines vendues séparément). SFU : Est-il prévu, à votre connaissance, la mise en place de compétitions sur le sol français ? Est-ce que le Coral Beach Center envisage de s’en faire le relais ?
V.B. : Pas à ma connaissance. En ce qui me concerne, le Coral Beach Center n’assure qu’un support au niveau des règles et du background.
SFU : Merci Vincent, et bonne continuation dans ton exploration du monde de Mutant Chronicles
Croc, créateur de jeu et figuriniste avisé, s'essaye à Mutant Chronicles sur le stand d’UbIK lors de la GenCon 2008

Auteur : Nicolas L.
Publié le lundi 19 mai 2008 à 11h15

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