Critique Le Roi Lion #1 [1994]
Avis critique rédigé par Bastien L. le samedi 4 octobre 2025 à 09h00
Longue vie au roi !
Critique de la version française
Lecteur ! Toi qui entre ici, abandonne tout espoir d'objectivité car Le Roi Lion est un peu LE Disney de mon enfance donc forcément intouchable...
L'origine de ce film culte fait encore aujourd'hui débat avec deux principales versions : le projet serait né dans les esprits de responsables de chez Disney à savoir Charlie Fink pour la première version qui aurait imaginé une sorte de Bambi situé en Afrique qu'il put ensuite développer. L'autre version viendrait du patron Jeffrey Katzenberg qui aurait développé une idée autour d'un projet concernant l'Afrique en y insérant la thématique du passage à l'âge adulte. Le fait est qu'au début des années 1990, le projet est confié à deux réalisateurs : George Scribner (qui sort de Oliver & Compagnie) et Roger Allers se voyant confié son premier film après ses apports appréciés sur La Belle et la Bête puis Aladdin. Le projet connut différentes moutures et réécritures et surtout une divergence artistique entre les deux réalisateurs avec Allers souhaitant une approche divertissante musicale classique tandis que Scribner voulait partir sur une vision proche du documentaire ce qui lui fit perdre son poste au profit de Rob Minkoff (qui a travaillé sur Basil, détective privé et La Petite Sirène notamment). Le scénario prit ensuite forme notamment grâce aux efforts de Linda Woolverton (La Belle et la Bête...), Irene Mecchi et Jonathan Roberts notamment aidés aux postes clefs par des futurs grands noms de l'animation comme Chris Sanders ou Brenda Chapman tandis que Hans Zimmer s'occupa de la musique grâce à des chansons créées par Tim Rice et Elton John. L'animation se fit dans les bureaux historiques de Disney alors que le projet a été considéré par les employés comme moins excitant et prometteur que Pocahontas produit au même moment. Il en résulte une animation réalisée par des jeunes pousses accompagnées de quelques pointures comme Andreas Deja et qui fut fortement impactée par un tremblement de terre début 1994. Néanmoins le film put sortir dans le monde entier entre l'été et l'automne 1994 avec un budget atteignant les 45 millions de dollars. Pour un résultat triomphal tant critique que public avec près de 775 millions de recettes à l'international en en faisant le film d'animation traditionnelle le plus rentable de l'histoire...
Le film se déroule donc en Afrique dans la savane sans aucun être humain et dans le royaume de la Terre des Lions dirigée par le roi lion Mufasa via une une monarchie bienveillante. Il se fait un point d'honneur à respecter le cycle de la vie pour que les herbivores et les carnivores puissent vivre en harmonie. Une philosophie qu'il souhaite évidemment transmettre à son jeune fils Simba dont la naissance contrarie au plus haut point son frère Scar qui complote pour prendre le pouvoir notamment auprès des hyènes, les plus féroces ennemies de la Terre des Lions. Alors que Simba vit une vie assez insouciante ayant du mal à réaliser la tâche importante qui l'attend, il désobéit à son père et emmène son amie Nala dans un cimetière d'éléphants où ils sont attaqués par les hyènes. C'était un plan de Scar pour faire disparaître les hyènes mais il échoue quand Musfas intervient. Le second plan sera néanmoins fatal au roi mettant Scar au pouvoir qui traumatise Simba le rendant responsable et le laissant pour mort poursuivies par ses alliées les hyènes qui prennent le pouvoir sous son commandement. Pendant ce temps, Simba erre dans le désert et est sauvé par l'étrange duo composé par le phacochère Pumbaa et la mangouste Timon.
Le scénario du Roi Lion est un modèle d’accessibilité, d'efficacité, de divertissement et de profondeur toujours au service d'une intrigue qui parle à toute la famille. Si le film nous plonge dans un drame assez tragique très inspiré des pièces de Shakespeare (dont Hamlet), il sait aussi ménager ses jeunes spectateurs avec son humour, ses jeunes héros très attachants et des chansons toujours au service de l'histoire distillées avec un rythme parfait. Le parcours du héros sur plusieurs années avance les thématiques de la fin symbolique de l'enfance avec le traumatisme de la mort du père mais aussi le passage à l'âge adulte qui se fait en embrassant ses responsabilités plutôt que de les fuir. A ce niveau, le personnage de Simba jeune adulte fait écho à des personnes connaissant un déni de dépression suite à un choc traumatique important. Le tout dans une intrigue qui nous parle de juste gouvernance et de la mise en place d'une dictature aux effets des plus néfastes. Une qualité d'écriture assez brillante qui mélange divertissement toujours plaisant avec une profondeur rarement égalée pour un Disney. Et tout ça avec un bon nombre de blagues de pets, s'il vous plaît...
Si le film fonctionne c'est aussi grâce à sa qualité artistique assez incroyable qui offre des paysages africains sublimes entre une savane baignée de soleil, le lugubre cimetière des éléphants ou la jungle luxuriante... Les arrières-plans sont d'une grande beauté faisant qu'on peut y perdre son regard avec bonheur. Le character design est au diapason avec des personnages forts dont la personnalité transparaît admirablement mélangée à leur apparence animale. Le dépaysement lié à l'Afrique est ainsi une grande force du métrage émerveillant les spectateurs à chaque instant sans pour autant miser sur un exotisme douteux. Et que dire des musiques qui servent admirablement le propos du film tout en proposant des morceaux d'anthologie toujours aussi cultes comme Je voudrais déjà être roi, Hakuna Matata, Soyez prête sans oublier Le cycle de la vie, chanson introductive parfaite qui se mélange pleinement à ce que l'on voit à l'écran annonçant immédiatement qu'un spectacle grandiose se prépare. Le Roi Lion est ainsi sacré comme étant peut-être le divertissement familial ultime donc l'humour est d'une efficacité redoutable.
On ne peut évidemment pas parler du Roi Lion sans mentionner sa qualité d'animation qui fait encore date aujourd'hui. Les jeunes pousses de Disney prouvent une nouvelle fois leur maîtrise incomparable et le vivier de talents dont ils disposaient au début des années 1990 et qui continue actuellement de rejaillir sur le cinéma d'animation. Rien que Andreas Deja et son travail sur Scar démontre cette qualité via un personnage de lion crédible dans ses mouvements et dont la vilenie, la ruse et la rage transparaissent admirablement. Le reste est évidemment au diapason sur tous les personnages ainsi que les animaux plus traditionnellement animés ou encore les différents effets comme l'eau. L'animation se fait aussi plus abstraite ou grandiloquente lors des morceaux musicaux qui sont autant de pastilles que l'on regarde avec bonheur plus de 30 ans après. Roger Allers et Rob Minkoff ont dirigé l'ensemble de mains de maître pour leur début de réalisateur réussissant à trouver cet équilibre parfait à tout point de vue. Certes la réalisation est assez classique dans la pure mise en scène mais l’utilisation de l'outil informatique est toujours intelligente car bien mieux intégré dans l'animation traditionnelle. Le mélange entre une approche très classique pour du Disney avec des techniques et thématiques plus innovantes fonctionne parfaitement démontrant le flair des deux réalisateurs. En ce qui concerne le doublage français, il est d'une très grande qualité et l'on peut notamment citer l'affrontement entre Jean Reno incroyable de charisme en Mufasa et Jean Piat parfait en Scar. Le reste du casting est au diapason rendant les jeunes Simba et Nala attachants, Timon et Pumbaa très drôles ou encore Emmanuel Curtil très convaincant en Simba adulte.
On vous le conseille si vous aimez Le Livre de la jungle, Le Roi Lion (2019), Kingdom Hearts 2...
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : Le Roi Lion #1 [1994]

Le Roi Lion est une totale réussite en tout point n'ayant pas pris une ride quand bien même la nostalgie est puissante au moment où j'écris ces lignes. Un joyau de l'écurie Disney qui en compte beaucoup et un fier représentant de sa réussite insolente lors de sa renaissance. Un divertissement familial de grande qualité qui sait être aussi drôle que triste, aussi léger que profond, aussi enchanteur que prenant... Un grand classique de l'animation et du cinéma mondial.
On a aimé
- La qualité artistique dont l'animation
- Un scénario aussi divertissant que profond
- Les chansons
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