Nifff 1 : 1 star, 3 films et une rencontre du troisième type
Blind, Extraterrestrial et The Mole Song : Undercover Agent Reiji se dévoilent

Beaucoup de choses pour ce samedi à Neuchâtel, et ce n'est pas ce début d'après-midi pluvieux qui nous a ralentis (en même temps, nous sommes souvent enfermés dans des salles de cinoches me diriez vous !). Parmi les aspects qui resteront dans notre mémoire, tout d'abord une masterclass de Kevin Smith délirante (il faut dire que le bonhomme s'y connait en terme de show et pour ce qui est de capter l'attention de ses fans) ensuite un groupe d'extraterrestres dont le chanteur, halluciné, a interprété toute la journée – et soirée – la même chanson. La dernière prestation se déroulant en plein milieu du lac entre 22h30 et 23h30.

Kevin Smith.

 

Côté cinématographique, cette première journée nous aura bien moins marqués. Nous avons vu trois films en compétition internationale et aucun ne nous aura convaincus, tout au plus on notera que Blind, le premier de la liste, possédait quelques idées intéressantes.

Dans Blind, nous découvrons une jolie femme blonde nommée Ingrid. Cette dernière est atteinte de cécité. Refusant d'affronter ce nouveau handicap, elle se terre chez elle et refuse de quitter le seul lieu où elle se sent en sécurité. Dès que son mari Morten part au travail, Ingrid commence tout d'abord à rêvasser, parfois écrire ce qui se passe dans sa tête ou prêter attention à la télé ou la radio, ses souvenirs et aux sons. Progressivement, elle se laisse absorber par les univers qui l'entourent et ne parvient bientôt plus à distinguer le réel de ses projections fantasmée...

Pour son premier film, Eskil Vogt tente de dresser un portrait d'une femme aveugle qui se complairait dans ses désirs pour se plonger dans une aliénation progressive. Le but est de perdre le spectateur lui-même entre le monde de la pensée et la réalité, et ce pour raconter les tourments d'une femme. Le montage de Jens Christian Fodstad, très bien construit, fait preuve de pas mal d'ingéniosité pour nous surprendre et nous déstabiliser. La photographie de Thimios Bakatakis parvient à retransmettre merveilleusement un univers froid et vide tout t'arrivant à y introduire des teintes plus chaleureuses quand le scénario le réclame. Les acteurs sont merveilleux, que cela soit Ellen Dorrit Petersen ou encore Henrik Rafaelsen. Le scénario ne manque pas non plus d'introduire quelques touches d'humours, parfois « coquines », parfois plus subtiles, ainsi aue de l'émotion et des portraits de personnages touchants.

Dis comme cela Blind, semble donc une parfaite réussite. Certes, la touche « fantastique » est quasi invisible et n'existe que par se mélange de fantasme/réalité qui se confondent, mais on dénote pas vraiment une quelconque faute cinématographique. Et pourtant, si au début on est surpris par des choix qui se montrent sans concessions (par exemple en allant à afficher des images sortant tout droit de plateformes internet coquines) et pqr un humour qui fait mouche, le film s'essouffle très vitre et la monotonie gagne son chemin. Tout comme l'héroïne, on en vient à se trouver dans une pièce, s'ennuyer et se laisser aller à ses propres pensées. Le rythme est quasi inexistant et on commence à regarder l'heure. De temps en temps on retourne un peu dans ce film, car on y retrouve des idées (visuelles de narration) ou des passages drôles, mais on y est plus totalement et, parfoism on se retrouve un peu déboussolé, tentant de se raccrocher aux wagons.

On ressort de Blind fatigué, avec une impression que le film a été long, mais pour autant on ne peut pas nier que certains passages restent dans nos souvenirs : des choses saisissantes, des idées voire quelques dialogues - comme celui ou Ingrid affirme qu'il y a pas besoin de regarder la télé pour suivre celle-ci, mais qu'il suffit d'écouter. Mais au demeurant, il reste surtout une note d'insatisfaction, on aurait aimé être plus impliqué et ne pas persister à être si distant du film.

Blind

 

Par la suite nous avons vu Extraterrestrial et là, bien que le titre nous promettait monts et merveilles, nous avons désenchanté, cela très rapidement qui plus est.

April a promis à maman de faire des photos pour aider à vendre la vieille baraque familiale et, au passage, de récurer quelques babioles pour papa qui est aujourd'hui en dépression suite à son divorce et sa perte d'emploi. Son petit copain ne peut s'empêcher de proposer à d'autres collègues de venir les rejoindre pour profiter de la campagne afin de fumer et boire sans trop être observé. Nous avons donc cinq jeunes adultes qui décident de festoyer sans savoir que la région est depuis peu le théâtre d’étranges événements. Alors que leur débauche bat son fort, un OVNI s’écrase dans la forêt. Poussés par leur curiosité, ils décident d’aller jeter un œil sur la chose. Ce qui devait être une simple escapade se transforme alors en lutte pour la survie. Car oui, sachez qu'une fois sur leur route, les extraterrestres, sans raisons, aiment à vous kidnapper ou encore vous trucider en vous manipulant le cerveau.

Attention bouse intersidérale en approche. Après une expérience Grave Encounters que nous aurions aimé oublier, pour leur nouveau long métrage collectif, les Vicious Brothers tentent de nous proposer un film à la sauce X-Files, nous prouvant avec une certaine aisance que tout le monde ne peut pas prétendre avoir la maîtrise d'un Chris Carter. Rarement on aura pu voir autant de clichés et de bêtise réunis dans un seul film, à tel point quem parfois, en vient à rire... de consternation. Rien que dans l'écriture des personnages, c'est déjà festival : tout d'abord, nous avons le droit à l'héroïne sérieuse qui se refuse au mariage suite au divorce de ses parents, ensuite nous avons la blonde de service plus bête que jamais, la copine qui aime fumé de l'herbe, le petit copain bien intentionné, le copain lâche et lourdaud, l'ex-vétéran du Vietnam reclus dans les bois et cultivant son champ d'herbes illicites, le brave chérif pas trop crétin mais à côté de la plaque ou enfin l'adjoint qui lui est juste là pour se faire trucider.

Autant on apprécie Brittany Allen dans la série Defiance, autant ici l'actrice nous apparaît ici totalement insipide et pas une seconde mise en valeur. Pour autant, elle n’est pas si mal au regard du reste du casting. Freddie Stroma (Cormac McLaggen dans les films Harry Potter) est ridicule et Jesse Moss (Destination Finale 3) est juste profondément énervant. On a beau adorer Michael Ironside, et éprouver un certain plaisir à le voir apparaître à l'écran, on est vite déçu de le voir si mauvais, lui qui a su à une époque tant nous accrocher par son charisme. Enfin, il y a bien aussi la gueule de Gil Bellows (Ally McBeal) qui est là pour amener une dose d'intérêt et de charisme, mais comme son rôle son personnage – que l'on croit au début important – passe très vite en second plan, on retrouve plus grand monde pour susciter notre intérêt.

En fait, hormis la photographie académique de Samy Inapte qui amène au moins une image pas trop dégueulasse, et un final si profondément stupide qui nous permettra d'éclater de rire devant autant de connerie, il n’y a pas grand-chose à retenir de ce Extraterrestrial qui cumule tout les clichés du slasher et du film de science-fiction, sans pour autant se soucier d'une cohérence entre les deux univers ou même de narration. Bref une catastrophe, le bas de gamme du DTV, on s'étonne juste de voir ce truc en compétition international au NIFFF, voire dans sa sélection tout court.

 

Le dernier film de la journée est une sorte de coutume du NIFFF. Chaque année nous avons un film de Takashi Miike à découvrir et 2014 ne fait donc pas exception. Présenté en compétition internationale, nous avons pu découvrir le nouveau délire visuel du réalisateur : The Mole Song : Undercover Agent Reiji !

Peu après avoir obtenu son diplôme de l'académie de police avec le plus mauvais résultat possible, Reiji se fait soudainement virer. Motif ? Problèmes de discipline. Il découvre rapidement que tout ceci fait partie d'une mascarade visant à l’infiltrer comme taupe dans l'un des gangs de yakuzas le plus extrême : les Sukiyakai. Devant faire preuve de son intégrité auprès des mafieux tout en gardant en tête son sens de la justice, Reiji gagne peu à peu la confiance de sa cible finale : Boss Todoroki.

Cette adaptation du manga Mogura no Uta de Noboru Takahashi, fera plaisir aux fans du réalisateur tant celui-ci s'offre ici un lot d'extravagances visuelles qui cherchent à rappeler les excès passés du réalisateur (les derniers films avant celui-ci était bien trop sage aux yeux de ses aficionados). C'est donc à un véritable cartoon live que nous livre ici le réalisateur japonais qui n'hésite pas à demander à ses acteurs de surjouer et d'être le plus extravaguant possible ou encore à opter pour un montage découpage osant un peu tout et n'importe quoi. Et pour certains du public, ce délire semble avoir marché. Pour notre part nous serons bien plus modérés, d'une part parce que le scénario reste simplement une histoire de « flic dans la mafia », ensuite parce qu'on se contrefout des enjeux et du destin des personnages et que, comme souvent, le réalisateur semble ne jamais savoir se contrôle Il donne donc l'impression de ne pas savoir quand il faut partir dans le cartoonesque et quand il faut créer ses personnages. Le dosage s'en trouve à notre goût assez mauvais et si on rigole d'une ou deux situations, on arrive rapideéent à saturation. Là encore, l'ennuie gagne et on regarde sa montre. Certes sur 90 minutes, mieux optimisé, l'exercice aurait put-être sympa, mais sur 130 minutes, on se lasse. Puis malgré les promesses, le film reste assez sage, les aspects gore ou coquin demeurent très éineurs, et rien ne viendra vraiment à faire tourner de l'oeil ou mettre mal à lèse (on est loin par exemple de son épisode des Masters of Horror).
 

The Mole Song : Undercover Agent Reiji est-il un mauvais film ? On peut pas vraiment dire cela, il y a plus d'idée de mise en scène en 1 minute dans ce film que sur les 100 de Extraterrestrial. Cependant nous ne pouvons pas dire que le film ait réussi à nous emballé, et l'impression commune des trois projections du jour furent les sensations suivantes « brouillons » et « ennui », après, qualitativement, les nuances demeurent toujours.

Allez sans rancune, on attend avec impatience la suite de la programmation pleine de promesses et nous vous laissons sur une petite vidéo de notre rencontre du troisième type qui c’est déroulé en cette fin de soirée.

 

 

 

Auteur : Richard B.
Publié le dimanche 6 juillet 2014 à 12h06

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