PIFFF 2013, Jour 6
Palmarès et clôture du festival

Mad Movies et l'association Paris Ciné Fantastique, organisatrice du PIFFF, présidée par Gérard Cohen, se réjouissent du succès de cette troisième édition qui a accumulé 7550 entrées sur 23 séances en 6 jours, soit un taux de remplissage en hausse par rapport à l'an dernier (où le festival comptabilisait 29 séances sur 10 jours).

Pour clôturer le festival, les organisateurs proposaient "un aller sans retour pour l'Enfer"  selon eux, avec la Première française du film Wolf Creek 2 de Greg McLean, suite d'un film qui avait marqué certains esprits en 2005.

Avis mitigé de Richard B : Un couple de touristes allemands décident de partir dans l'outback australien. Ils vont manquer de chance en croisant sur leur route Mick Taylor qui se trouve être le psychopathe le plus dangereux de la contrée.

Depuis Solitaire (2007), nous n'avions plus beaucoup de nouvelle du réalisateur australien Greg McLean. C'est peut-être pourquoi pour son troisième film il décide de revenir sur un long-métrage qui avait réussi à créer le buz en 2005 : Wolf Creek. Excepté que désormais les vedettes ne sont plus les victimes du boogeyman mais le boogeyman lui-même. A partir de là, le spectateur n'a plus aucun doute que ce cher Mick Taylor tiendra bon pour des potentielles suites à venir. Reste donc le cas de nos "victimes", arriveront-elles au moins à s'échapper de ses griffes ?  Vu la persévérance du bonhomme, la question pourrait presque dès le début trouver réponse. Un peu comme John Ryder dans Hitcher, Mick Taylor ne lâche pas ses proies et aime jouer avec. Cela amène d'ailleurs de très belles courses-poursuite dans une Australie au paysage savoureusement mis en valeur. Toute la première partie de ce Wolf Creek 2 est assez amusante, en partie grâce à une traque quasi sans relâche bien que rappelant quelques ficelles reprises autour de certains classiques. On pense donc à Hitcher, mais aussi, Mad Max, Duel, Psychose, mais comme on est en plein dépaysement, que l'humour noir ne manque pas, et qu'on ne s'ennuie pas une seconde, on pardonne assez aisément ces influences.

Mais par la suite, rentre en jeu une deuxième partie plus cloisonnée, dans la lignée des traditionnels « torture porn », ce fameux moment où l'on pénètre dans la résidence toujours glauque du tueur. Dès lors, on rentre dans des clichés plus problématiques, le réalisateur n'a plus la nature australienne à exploiter et du coup l'ennui s'installe, surtout si l'on fait partie des blasés de ce genre qui peine à se réinventer, avec ces sempiternels "jeunes victimes" se trouvant attachées à un fauteuil tout prêt à se faire couper en mille morceaux, qui ont toujours l'espoir de pouvoir s'échapper avant de découvrir que le gars qui s'amuse avec eux est tout sauf un novice et collectionne même son gibier, se souciant au passage guère de l'odeur.

Si dans l'ensemble ce Wolf Creek 2 reste donc bien filmé, les effets sanguinolents souvent percutant, ce dernier sombrera vite dans l'oubli, car globalement il n'y a rien de nouveau à l'horizon. On a déjà vu ce type de produit mille fois et on aurait préféré voir le réalisateur avec un scénario plus original, plutôt que s'atteler à une suite de son premier film. D'ailleurs, j'imagine très bien celui-ci à la réalisation d'un film post-apocalypse tant le bonhomme sait filmer les décors désertique.

Avis plus enthousiaste de Jonathan C. : Le boogeyman redneck Mick Taylor est de retour. Comme on le constate dès l'introduction, meurtres spectaculaires et bien méchants de deux flics, le serial-killer australien devient la vraie star de cette suite tardive d'un premier opus qui avait fait sensation il y a déjà 7 ans. Après un passage vers le film de crocodile (le bon Solitaire en 2007), le rare Greg McLean reprend les commandes de Wolf Creek et trousse un survival de haute volée.

La star de Wolf Creek 2, c'est donc Mick Taylor, le nom de l'acteur John Jarratt étant d'ailleurs cette fois crédité en premier. Il n'y a pas de héros ici, seulement des victimes, du « gibier », ce qui instaure un solide suspense puisque même les protagonistes présentés comme principaux peuvent y passer subitement, laissant la place à une autre proie. D'un couple de touristes allemands à un pauvre américain qui passait par là (la transition est franchement jubilatoire), Wolf Creek 2 surprend par son anti-héroïsme total. La question n'est pas de savoir si le personnage traqué parviendra à se débarrasser du tueur (impossible, puisque le tueur est devenu la star) mais plutôt comment il va s'en sortir ou comment il va mourir. Telle une Grande Faucheuse, Mick Taylor n'est ainsi jamais vraiment en danger, jamais mis en difficulté, il maitrise tout car il est sur SON territoire, et le réalisateur adopte, comme dans le premier film, presque entièrement le point de vue de sa proie du moment, ce qui créée autant d'empathie (même pour un personnage que l'on connait à peine) que de tension. Le processus d'identification fonctionne instinctivement. Ça marche d'autant plus que les personnages traqués sont interprétés avec conviction par des acteurs criant de vérité et jouant parfaitement le registre de la peur panique. Le calvaire enduré sonne assez juste, d'une crédibilité et d'une intensité à faire frissonner même dans le climax too much, et pour une fois on ne se prend pas trop la tête sur d'éventuelles réactions/décisions débiles.

Armé d'un budget plus important, à savoir un peu plus de 7 millions de dollars, Greg McLean fait dans la suite spectaculaire et concocte une traque quasi non-stop dans laquelle les personnages ne cessent jamais de fuir, d'où des courses-poursuites aussi stressantes que palpitantes et un récit linéaire délesté de dialogues inutiles (il y a même toute une longue partie sans dialogues). Bourré de poursuites spectaculaires, Wolf Creek 2 est un peu au premier Wolf Creek ce que Mad Max 2 était au premier Mad Max ; d'ailleurs Greg McLean adresse un petit clin d'œil aux films de George Miller (cf. le plan sur la route), ce qui est inévitable quand on filme des courses-poursuites en véhicules au milieu des paysages australiens. Difficile également de ne pas penser à Duel ou à Hitcher (et même un peu de Massacre à la tronçonneuse), références clairement revendiquées par le cinéaste, surtout quand on remarque que l'un de ses personnages se prénomme Rutger. Très généreux en poursuites et en effets gores (le fusil à lunettes fait des ravages), Wolf Creek 2 maintient une tension permanente du début à la fin (on pense aussi, à ce titre, au très sous-estimé Breakdown de Jonathan Mostow), malgré une petite pause nécessaire dans la maison des petits vieux. Entre les impressionnantes cascades et les saisissants maquillages SFX à l'ancienne, il n'y a pas une once de CGI ici. C'est du brut, du rudimentaire, parfaitement dans l'esprit du film. Il ne s'agit pas de surenchère gratuite (le film tient d'ailleurs sur 90 minutes avec très peu de victimes) et ça ne vire pas au torture-porn comme on peut le lire ci et là (il n'y a qu'une seule scène de torture et elle est bourrée d'humour), mais c'est un vrai spectacle de cinéma tout droit sorti d'une autre époque.

Mais le principal intérêt de Wolf Creek 2, c'est l'Australie, que Greg McLean filme comme s'il avait Monument Valley devant lui. Il y relate une véritable chasse à ciel ouvert. Une bonne partie du récit se déroule en effet à l'air libre, dans ces paysages somptueux filmés en Cinémascope avec une réelle admiration westernienne, tandis que la dernière partie certes plus conventionnelle mais toujours très efficace (le plan de la victime agonisante qui surgit devant le personnage traqué fait son petit effet) enferme le chasseur et son gibier en sous-sols, dans le traditionnel repère du monstre. Le réalisateur joue avec les clichés et préjugés de l'Australie, que ce soit avec le gag complètement gratuit des kangourous (scène géniale avec laquelle le cinéaste écrabouille, littéralement, les clichés sur l'Australie) ou dans le face-à-face final très tendu entre le tueur et sa victime (ça vire au quizz sur l'Australie). Et il y a bien sûr le personnage formidable de Mick Taylor, australien pur sang et caricature outrancière du redneck local, un gros beauf raciste et réactionnaire qui trucide tous les touristes qui osent fouler les Terres de son pays. Dans ce rôle de boogeyman déjà culte, John Jarratt cabotine avec jubilation, enchaine les punch-lines, les mimiques et les ricanements (son fameux rire fait merveille), tandis qu'avec cette séquelle le cinéaste iconise définitivement son personnage de serial-killer et grave dans le marbre toute une mythologie autour de lui (Mick Taylor dira d'ailleurs lui-même : « Je suis une légende, dans le coin »). Wolf Creek 2 est à l'image de ce personnage : méchant, cynique, sadique, sauvage, implacable, et d'un humour noir très féroce (jusqu'à l'ironie de la fin).

S'il reprend la même trame que dans le premier film, bien qu'il soit censé s'inspirer d'un autre fait divers, Wolf Creek 2 est une suite toute aussi forte qui reprend les qualités du premier film, sans l'effet de surprise mais avec plus de moyens. Réalisé avec virtuosité, impressionnant, très beau formellement, d'une redoutable efficacité et truffé de séquences marquantes, Wolf Creek 2 n'apporte rien de neuf au genre (quoique le décor australien et ce jeu de "rôle" avec les victimes lui confère une certaine originalité et un exotisme assez frais) et ne brille pas forcément par son scénario (c'est simple et ça fonce droit devant) mais s'impose sans mal comme l'un des meilleurs films du genre de ces dernières années. Wolf Creek 2, c'est un peu le Mad Max 2 du survival. Un petit classique en devenir.

 

 

 

Cette année encore, la direction artistique et la programmation des longs-métrages étaient assurées par Fausto Fasulo, également rédacteur en chef du magazine Mad Movies. Cyril Despontin, déjà à l'initiative du festival Hallucinations Collectives à Lyon, était le Directeur Délégué du festival. Et la sélection de la compétition courts-métrages français et courts-métrages internationaux était assurée respectivement par R-One Chaffiot et Benjamin Leroy.

 

Vous pouvez découvrir ci-dessous nos favoris et le palmarès :

Richard B : De manière inattendue, parce qu'il est le film de la compétition qui a créée le plus d'émotions opposées, qui m'a indéniablement bousculé, mon choix de préférence porte sur Love Eternal. Cependant, je peux que regretter que Byzantium fut hors-compétition car dans le cas de sa présence, j'aurais eu bien plus de mal à choisir ou allait ma préférence.

Jonathan C. : Je n'ai pas vu de mauvais films dans cette compétition officielle, mais pas de chefs d'oeuvres non plus (mais je n'ai pas pu voir Animals, Odd Thomas et Love Eternal). Mes deux favoris restent Cheap Thrills (le plus "divertissant" et fun du lot) et Real (le plus beau). The Battery fut également une bonne surprise.

 

ŒIL D'OR - LES PRIX DU PUBLIC

Cette année, le PIFFF a choisi de donner une place souveraine à ses spectateurs, seuls et uniques juges de la compétition. Ainsi, le public, nombreux et enthousiaste, a désigné les lauréats de cette 3ème édition :

ŒIL D'OR - Long-métrage
Cheap Thrills de  E.L. Katz (Etats-Unis, 2013)

ŒIL D'OR - Court-métrage français
JIMINY  d'Arthur Môlard (France, 2013)

ŒIL D'OR - Court-métrage international
THE MAN WHO COULD NOT DREAM de  Kasimir Burgess et James Armstrong (Australie, 2012)

 

LE PRIX DU JURY DU MEILLEUR COURT-MÉTRAGE FRANÇAIS

Le jury courts-métrages, composé d'Alex et Willie Cortés (compositeurs), Annick Mahnert (consultante en acquisitions), Jérémie Périn (réalisateur) et Sébastien Prangère (monteur) a décidé de décerner son prix cette année à JIMINY toujours d'Arthur Môlard.

 

LES PRIX DU JURY CINÉ+ FRISSON

Le jury Ciné+ Frisson, composé de Myriam Hacène (directrice de la chaîne) et Christophe Commeres (directeur adjoint) a décerné les :

PRIX SPÉCIAL CINÉ+ FRISSON - Long-métrage

L'Etrange Couleur des Larmes de ton Corps de Bruno Forzani et Hélène Cattet (Belgique / France / Luxembourg, 2013)

La chaîne offre une campagne de promotion sur les antennes de Ciné+ (25 diffusions) à l'occasion de sa sortie en salles.

PRIX SPECIAL CINÉ+ FRISSON - Court-métrage
(Achat par la chaîne pour diffusion sur ses antennes.)
JIMINY d'Arthur Môlard (France, 2013)

 

Le Pifff 2013 en 6 jours :

> jour 1
> jour 2
> jour 3
> jour 4
> jour 5
> jour 6

Auteur : Richard B.
Publié le lundi 25 novembre 2013 à 11h20

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