PIFFF 2013, Jour 4
Le fantastique à la sauce nippone

Soirée spéciale Japon pour cette quatrième journée du PIFFF édition 2013, d'abord avec la projection du nouveau film de Kiyoshi Kurosawa.

L'insaisissable Kiyoshi Kurosawa (Cure, Kairo, Charisma, Retribution, Loft, etc.) revient avec un film de science-fiction, genre qu'il n'a jamais vraiment abordé frontalement. Real, c'est d'abord un pitch SF à la The Cell, d'après le roman The Day of the Perfect Plesiosaur de Rokurô Inui : alors que sa copine mangaka (Haruka Ayase, actrice de dramas et pop-star) est dans le coma après avoir tenté de se suicider, un jeune homme (Takeru Sato, star des dramas et Kenshin le Vagabond dans l'adaptation live Rurouni Kenshin) accepte de participer à un programme expérimental développé par un neurologue : il peut ainsi être connecté au subconscient de sa copine et communiquer avec elle. Séance après séance, il va ainsi tenter de comprendre pourquoi elle a voulu se suicider et de la ranimer. Une enquête qui mènera notamment à un trauma d'enfance.

Ça commence donc comme un pur film de science-fiction, puis ça ressemble parfois à un film d'épouvante à la Kurosawa, avec ses visions horrifiques (fantôme, cadavres…), ses décors froids et sa grisaille déprimante, et enfin une révélation surprenante oriente la dernière partie, la plus belle, vers le mélodrame psychologique, genre que le cinéaste a foulé avec brio ces dernières années avec Tokyo Sonata et Shokuzai. Un dénouement émouvant, intense et assez surréaliste qui vire même au film de monstres à la The Host, c'est dire si ce Real se renouvelle constamment, accumulant les rebondissements et les ruptures de ton au moment-même ou le récit et son concept commençaient à devenir répétitifs. Mais, avec du recul, il s'agit surtout d'une histoire d'amour très forte se déroulant sur le fil de la vie.

Le pitch SF, bien que très crédible à l'écran (les effets visuels sont saisissants), n'est pour Kurosawa qu'un argument pour mener à cette superbe dernière demi-heure et parler de beaucoup de choses, de la culpabilité aux sacrifices de l'artiste/créateur en passant par l’euthanasie ou le clivage entre Tokyo et le reste du Japon. Réalisé avec précision et intelligence, Real est l'un des films les plus étonnants de son auteur, le plus émouvant et le plus romantique, loin de l'aspect glaçant et très sombre de la plupart de ses précédents films qui ont fait sa marque de fabrique. On a le temps d'en parler (en bien), puisque Real sort au cinéma en France au printemps 2014.

En deuxième partie de soirée, la projection de HK/Forbidden Super Hero restera comme l'un des moments les plus festifs de cette édition du PIFFF, avec une salle étonnement remplie pour ce genre de délire et qui s'est marré du début à la fin. Mais nos avis sont partagés :

Avis POUR de Jonathan C. : En enfilant une petite culotte sur sa tête, un étudiant loser devient un super héros lubrique, le Masque Pervers, et va rendre justice tout en séduisant la jeune femme dont il est secrètement amoureux sous sa vraie identité. Adaptation d’un manga de Keishû Andô, parodie des films de super-héros et en particulier de Spider-Man (cf. le générique de début à la Marvel), HK/Forbidden Super Hero (ou HK: Hentai Kamen, à traduire par : « Le Masque Pervers ») est une comédie potache et cartoonesque à la japonaise. Le super-héros masochiste et fétichiste à poils est, à chacune de ses apparitions, franchement hilarant (son costume, ses poses, ses pouvoirs spéciaux, ses répliques : royal !), tandis que le héros plus « commun », l'équivalent lubrique de Peter Parker, est assez attachant. Ce qui étonne ici, c’est que malgré ce grand n'importe quoi, on reste captivé par les enjeux (la quête identitaire, le dilemme, le questionnement intérieur « Suis-je un pervers ou pas ? ») et c'est traité comme un vrai film de super-héros. Avec certes des hommes en string qui s'affrontent à coups de bites en portant des culottes de femmes sur le visage.

Volontairement cheap (on est entre la BD et le sitcom) mais assez bien foutu quand même (il y a du budget, pas mal d'effets spéciaux et des chorégraphies très honnêtes), le film de Yûichi Fukuda (un réalisateur issu de la télévision) est d'un niveau bien supérieur au V-cinéma, aux productions Sushi Typhoon et autres nanars improbables dont le Japon nous gratifie régulièrement (pour le meilleur et surtout pour le pire) en exploitant des pitch de plus en plus absurdes (des zombies qui sortent des toilettes, des sushis tueurs...). Ce généreux et énergique HK/Forbidden Super Hero propose une avalanche de gags débiles (mais parfois bien vus), de situations surréalistes, de séquences improbables et de personnages amusants (dont une maman dominatrice complètement barge et une galerie d'adversaires très drôles, mention au délirant Masque Austère). Il y a bien quelques baisses de rythme, mais le crescendo dans la folie atteint son paroxysme avec l'affrontement homérique, aussi bien psychologique que physique, contre le vrai Masque Pervers. Une comédie de super-héros hors-normes mais plein d'hormones.

Avis CONTRE de Richard B. : Après les super-héros américains tels que Daredevil, Batman ou encore Spider-Man, découvrez celui made in Japan : HK ! Attention cependant, ce nouveau héros risque bien d'ébranler la représentation qu'on se fait des justiciers costumés, car ce dernier a pour spécificité de s'habiller léger et surtout de porter des petites culottes sur la tête. En effets, ses super pouvoirs il les obtient grâce aux odeurs vaginales des demoiselles. Mais attention ce super pervers nommé Kyosuke Shikijo à de très bonnes intentions : il ne cherche qu'à promouvoir la justice et à toujours défendre les plus faibles afin de rendre hommage à feu son paternel.

Issu d'un manga de 52 chapitres publié entre 1992 et 1993, écrit et illustré par Keishù Ando, Kyùkyoku!! Hentai Kamen est désormais un film live mis en scène par Yûichi Fukuda, réalisateur qui, jusqu'à maintenant, avait surtout à son actif un grand nombre de séries télévisées. Après un générique poilant reprenant le style des Spider-Man de Sam Raimi (en remplaçant les toiles d'araignées par des petites culottes), et 30 premières minutes plutôt bon enfant, HK/Forbidden Super Hero finit par s'essouffler et devenir rébarbatif. Le concept était amusant, voire politiquement incorrect sur le papier, mais très vite, on se rend compte que la production s'est donnée quelques limites à ne pas dépasser (aucune nudité par exemple).

Cela ne serait pas forcément gênant si le scénario était rythmé et proposait assez d'idées pour tenir sur son concept de base, or ce n'est pas le cas. Après quelques premières confrontations fétichistes, l'ensemble des situations tournent à la répétition (reproche finalement assez assimilable à d'autres productions japonaises, en particulier à celles de chez Sushi Typhoon). À la sortie, le constat coule de source : HK/Forbidden Super Hero aurait fait un parfait court-métrage, mais sur une durée même courte de 90 minutes, ça ne tient pas la route et ça provoque plus d'ennui que de fou rire.

Auteur : Richard B.
Publié le samedi 23 novembre 2013 à 11h28

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Commentaires sur l'article

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    Ouais je pense qu'il faut voir se héro lubrique, ça doit être marrant.
    Kristoof, le 24 novembre 2013 12h15

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