Critique l'Aventure intérieure [1987]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 2 octobre 2006 à 08h05

Dans la peau de Martin Short

Victime de son indiscipline, de son penchant pour l’insubordination et de son goût prononcé pour le Bourbon, le pilote de chasse Tuck Pendleton est contraint de quitter l’armée, et perd sa petite amie dans la foulée. Quelques mois plus tard, il trouve un emploi dans un laboratoire de technologie avancée. Il est chargé de piloter un vaisseau miniaturisé introduit à l’intérieur d’un lapin. Malheureusement pour lui, l’apparition d’évènements inattendus entraîne qu’il se retrouve aux commandes d’un submersible miniature, à l’intérieur du corps d’un caissier de supermarché hypocondriaque...

Tuck Tendleton, stéréotype du has been

La personne responsable de la création de cette Aventure Intérieure est le scénariste Jeffrey Boam. Sur son glorieux cv, on peut y lire l’écriture des scripts des Armes Fatales, de Dead Zone, de Génération Perdue ou d’Indiana Jones et la Dernière Croisade. Inutile donc de préciser que, du coté des pop-corns movies à gros budgets, cet homme – qui nous a hélas quitté prématurément en 2000 – en connaît un rayon.
Ainsi, le film de Joe Dante remet en scène avec une grande maîtrise les ingrédients qui ont faits les succès des blockbusters des années 80. De l’action, de l’humour et des effets spéciaux. Ce sont les trois principaux ingrédients de la recette de magique des productions Steven Spielberg pour brasser les dollars. Mais est-ce que cela suffit réellement ? Non, bien sûr, il faut également y adjoindre des bonnes pincées de talent et d’intuition pour que la sauce puisse prendre. Et c’est précisément le cas avec l’Aventure Intérieure.
Mr Egoe, le tueur au bras multifonctions

Le premier des ces ‘’épices’’ est un petit génie de la réalisation, à savoir le turbulent Joe Dante. Même si l’on peut regretter l’absence de son esprit critique et son sens du cynisme dans le film, on note encore une fois que le cinéaste maîtrise toujours aussi parfaitement son sujet, notamment dans le placement des caméras et l’enchaînement des plans. Un style vraiment particulier qui donne à ses œuvres un aspect cartoon prononcé et qui facilite grandement un traitement délirant, faisant fi de toute logique. Il alterne avec un grand sens du rythme les séquences d’action et de comédie de situation, qui s’enchaînent de manière naturelle, évitant avec habileté une trop grande chute du climax – sauf par moment sur la fin.
Vient ensuite les comédiens. Comme c’est également le cas dans les Indiana Jones ou les Retour vers le Futur, le choix des interprètes ne prête aucunement à discussion. On peut même dire qu’il est impossible de concevoir un autre trio d’acteurs tant l’osmose entre eux est parfaite. Dans le rôle de Tuck Pendleton, l’exubérant beau gosse Dennis Quaid est l’homme de la situation. Habitué aux personnages forts en gueule et aux têtes brûlées (il est tout bonnement génial dans Great Balls of Fire, la bio de Jerry Lee Lewis), il évolue comme un poisson dans l’eau, et s’amuse beaucoup à interpréter ce pilote has-been qui refuse de raccrocher sa tenue dans un placard, comme on le lui conseille au début du film. Ce personnage attachant et romantique qui lui sied à merveille.
Jack Putter, le caissier névrotique

Puis, comédie familiale oblige, il fallait évidemment glisser dans la distribution un spécialiste du genre ‘’rigolade assurée’’. Hors, en cette deuxième partie des années 80, l’un des boute-en-train favoris de l’Amérique est l’une des stars du Saturday Night Live, le dénommé Martin Short. Et, coup de bol, moins envahissant qu’aurait pu l’être un Chevy Chase et moins exubérant qu’un Rick Moranis, l’acteur est parfait dans le rôle du petit caissier de supermarché introverti et hypocondriaque qui se retrouve projeté dans une aventure abracadabrante. Sa performance est remarquable, il est très drôle sans être agaçant et il parvient même parfois à faire ressortir des sentiments qui rendent son personnage attendrissant.
Enfin, dans le rôle de la petite amie de Pendleton - la belle journaliste Lydia - les producteurs ont eu la fine idée de choisir la ‘’lady romantique’’ de la fin du siècle, la ravissante Meg Ryan. Loin de la potiche habituelle des comédies sentimentales, Meg Ryan est l’une des meilleures actrices de sa génération, et elle le confirme encore dans un rôle où elle aurait pu rapidement devenir ridicule, surtout lorsque l’on connaît le dédain qu’ont Steven Spielberg et Joe Dante pour les rôles féminins. Là, contournant l’obstacle de la cruche de service, elle est tout simplement craquante et joue avec efficacité et gourmandise de son regard à faire fondre les icebergs.
Lydia, personnification du Glamour

Autre arguments des films de Joe Dante, la panoplie des seconds rôles. Les stars Kevin McCarthy (le mégalomaniaque de base Victor Scrimshaw) et Fiona Lewis (le docteur nymphomane Margaret Canker) tiennent le haut de l’affiche et assurent correctement leur rôles, mais les petits bijoux qui donnent du relief et du délire à la narration sont Vernon Wells dans le rôle de Mr Igoe – un personnage qui rappelle Shark des James Bond -, le tueur fan de hard rock, au bras multifonction et homme à tout faire de Margaret – dans tous les sens du terme –, et Robert Picardo dans celui du Cow-boy, un trafiquant de secrets technologiques complètement loufoque.
Du coté des effets spéciaux, Joe Dante a reçu le soutien des meilleurs, à savoir ILMpour les effets visuels et Rob Bottin pour les maquillages. Un appui de choix qui fait que vingt ans plus tard, le film est toujours aussi convainquant – hormis les plans d’incrustation lorsque Victor et Margaret se retrouvent transformés en lilliputiens. Les vues ‘’intérieur-corps’’ sont d’ailleurs particulièrement réussie. Encore un bon point, me direz-vous.
Des effets spéciaux saisissants

Alors, qu’est-ce qui empêche l’Aventure Intérieure de figurer au sommet du panthéon des comédies fantastiques, aux coté de Retour vers le Futur et autres Gremlins ? A mon avis, deux choses. La première est, comme je l’ai dit plus haut, la quasi absence de ‘’l’esprit Joe Dante’’ dans le film. Aucune petite pointe envers la société de consommation, aucun détournement critique, et aucune référence sociale cachée dans la narration, une chose que le réalisateur arrive parfaitement à introduire dans le récit, même dans les films grand public, et, en temps normal, il ne se gène pas pour le faire. Pas ce coup-ci. Le politiquement correct est de rigueur dans l’Aventure Intérieure, et c’est bien dommage.
Le deuxième problème est un souci de dosage. Le seuil d’incohérences et d’invraisemblances devient parfois si fort qu’il emporte de temps à autres sur ce niveau de délire narratif qui sert, dans le cadre des comédies fantastiques, de joint fragile entre les éléments réels et fantasmagoriques, entre le plausible et l’absurde. Le spectateur le plus âgé peut donc s’en chagriner et par là même sortir par moment du film (John McTiernan a connu les mêmes problèmes, de façon encore plus marquée, avec son sympathique Last Action Héro) et mettre un peu de temps à se replonger dans l’histoire. Un exercice qui finit par fatiguer, notamment dans le dernier quart d’heure.
Le CowBoy, élément comique principal

La conclusion de à propos du Film : l'Aventure intérieure [1987]

Auteur Nicolas L.
80

L’Aventure Intérieure est un chouette film. Un pop-corn movie fun et pétaradant, interprété par des excellents comédiens, et réalisé de main de maître par l’un des meilleurs cinéaste du team Spielberg. 20 ans après, la recette de ce remake détourné du Voyage Fantastique fonctionne encore ; les numéros de Martin Short sont toujours aussi drôles, Meg Ryan est toujours aussi ravissante et Dennis Quaid toujours aussi sympathique. Seuls quelques bémols empêchent cette rafraîchissante comédie de postuler au glorieux panthéon de la comédie américaine, aux cotés des Frank Capra, des Billy Wilder ou des Jerry Lewis.

On a aimé

  • Réalisation et effets spéciaux d’un bon niveau
  • Trio d’acteur sympathique
  • Panoplie de seconds rôles croustillants
  • Atmosphère fun et rafraîchissante

On a moins bien aimé

  • Absence de l’esprit critique de Joe Dante
  • Quelques ruptures de rythme

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