Critique Dark star [1974]

Je suis un grand admirateur de John Carpenter, j'adore la plupart de ses films (à quelques exceptions près). Cela m'aurait vraiment fait plaisir de pouvoir porter aux nues son premier long métrage, de pouvoir y déceler tout le génie du réalisateur. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : Devant Dark Star, difficile d'imaginer un avenir glorieux à son de réalisateur.
Reste maintenant à lui trouver des excuses…
Première excuse : Dark Star n'était pas destiné à devenir un long métrage. Initialement, il s'agissait d'un court métrage d'une petite demi-heure qui a été "gonflé" pour atteindre les 80 minutes et ainsi sortir sur grand écran. Résultat : Dan O'Bannon, le scénariste, meuble par des dialogues fastidieux et inutiles, et accumule les scènes sans grande cohérence. Si Steven Spielberg avait réussi un coup de maître avec Duel, qui fut lui aussi "gonflé" pour obtenir une diffusion en salles, il n'en est pas de même pour John Carpenter. Son film est loin d'atteindre des sommets. On doit même dire, qu'on s'ennuie gravement. C'est décousu, soporifique et je ne compte pas le nombre de fois que ma main baladeuse défaillait face au magnétisme quasi-irrésistible de la touche "avance rapide" de ma télécommande.
Deuxième excuse : Le budget. 60.000 $ pour un long métrage ! Avouez que c'est tout de même une misère. Le résultat est visible à l'image au niveau notamment des effets spéciaux qu'on pourrait quasiment qualifier d'amateurs. C'est d'ailleurs sans nul doute le manque de moyens qui a poussé John Carpenter à réaliser une parodie. Cela semble être le meilleur palliatif au manque d'argent. Pas la peine d'avoir des effets spéciaux performants, puisque le but est de faire rire (et même à ce niveau c'est raté). On se fout un peu d'avoir un vaisseau en carton, on se concentre surtout sur les éléments comiques. Dans Dark Star le vaisseau est dirigé par un ordinateur capricieux, doué de parole et qui décide de tout, les bombes auraient également une fâcheuse tendance à l'indiscipline et les membres de l'équipage sont complètement à la masse. On découvre aussi un "terrifiant" monstre qui est en fait un gros ballon de plage équipé de pattes en plastique. Voilà résumée en quelques mots, l'histoire du film. Mais malheureusement, cela ne suffit pas à nous faire rire aux éclats.
Mention spéciale toutefois pour une scène : Alors qu'une bombe (parlante) destinée à détruire une planète refuse de se détacher du Dark Star, un membre de l'équipage décide d'aller la raisonner et l'embarque alors dans une réflexion d'ordre métaphysique où il prouve à son interlocuteur qu'il ne sait pas s'il existe réellement. Cela n'est pas sans rappeler 2001 L'Odyssée de l'espace et son ordinateur philosophe. Et si Carpenter a choisi de parodier ce film, ce n'est pas un hasard. Dans le film de Kubrick, l'ordinateur possède un pouvoir de décision, on peut même dire qu'il est intelligent. Carpenter, à son tour, nous met en garde contre le développement des machines, et l'importance grandissante de la technologie dans notre société.