Critique Starship Troopers 2 - Héros de la fédération #2 [2004]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 8 janvier 2021 à 09h00

Indoors Troopers

Ici, on voue une admiration sans borne au génie des effets spéciaux Phil Tippett. Cet homme a été impliqué dans de telles réussites et films cultes qu'on admire toute sa carrière. Sauf peut-être Starship Troopers 2...

Pointure dans le monde des effets spéciaux ou visuels, l'Américain Phil Tippett s'est spécialisé autant dans le design de créatures que la stop-motion puis l'animation en images de synthèse. Il a été impliqué dans des projets tels que la Trilogie Originale Star Wars, Robocop ou Jurassic Park. C'est d'ailleurs sur Robocop (1989) qu'il va travailler avec le réalisateur Paul Verhoeven et le scénariste Edward Neumeier qui est par ailleurs le créateur de cette saga. Un trio qu'on retrouve en 1997 sur l'excellent Starship Troopers, adaptation de Etoiles, garde à vous ! de Robert Heinlein. Ce film de guerre/SF racontant l'affrontement galactique entre les Humains et des extra-terrestres insectoïdes est un divertissement brillant rehaussé d'une couche de cynisme se moquant avec brio du patriotisme à l'américaine grâce à un humour noir réjouissant. Le succès fut néanmoins plus tardif qu'un box-office assez timide empêchant le film d'offrir une vraie marge à ses producteurs. Le film commença a développé un petit statut d'oeuvre culte d'où sûrement l'envie d'un de ses producteurs (Jon Davison) de fournir une suite sous forme de téléfilm en 2004 pour la chaîne du câble Encore Action puis une sortie en direct-to-video pour la France. Un projet confié à Neumeier pour le scénario et à Phil Tippett pour la mise en scène dont il s'agit de la première réalisation importante. Comme vous vous en doutez, le budget pour un téléfilm est loin des 100 millions de dollars du premier film et niveau casting il faut aussi se tourner vers des comédiens venant du monde des séries comme Richard Burgi ou Lawrence Monoson... De plus, le film de guerre se transforme en huit-clos horrifique...

L'action du téléfilm se situe sur une planète largement contrôlée par les Arachnides où le soleil est constamment caché par les nuages offrant des conditions hostiles. Alors que l'escouade du général Shepard (Ed Lauter) est en mauvaise posture avec une évacuation aérienne impossible, une division permet au lieutenant Dill (Lawrence Monoson) de mener le gros des hommes vers un avant-poste tandis que le général reste avec quelques soldats en arrière pour les couvrir. L'avant-poste atteint, les survivants découvrent qu'il est abandonné si ce n'est la présence du capitaine Dax (Richard Burgi) enfermé dans un four et accusé par graffiti d'avoir tué son supérieur. Les soldats n'ont pas le temps de se poser des questions quand les Arachnides attaquent en nombre. Rapidement dépassés, ils sont sauvés par la décision dangereuse de la première classe Sahara (Colleen Porch) de libérer Dax qui arrive à utiliser correctement les défenses de l'avant-poste. Les survivants se retrouvent donc en plein territoire ennemi, entourés par une armée, dans un lieu ne possédant aucune communication avec l'extérieur. Les choses semblent s'améliorer quand Shepard refait surface accompagnés de trois soldats rencontrés en chemin dont le technicien Peck (J.P. Manoux) ou la première classe Soda (Kelly Carlson) quand bien même leur présence et leurs histoires semblent incongrues...

Comme le synopsis le démontre, Starship Troopers 2 - Héros de la fédération n'est pas tant une suite qu'une autre histoire prenant place dans le même univers. Aucun personnage du premier opus ne revient et sa fin ne semble pas vraiment avoir été prise en compte. Cette "suite" offre donc des personnages nouveaux mais aussi une approche comme une ambiance vraiment différentes. Le tout pour finalement nous servir un scénario très convenu et avant tout décevant. Le plus dommageable est la perte totale de cynisme et de seconde lecture corrosive du film de Verhoeven pour finalement avoir un téléfilm se prenant bien trop au sérieux et flirtant bien trop avec le patriotisme comme la glorification militaire. Sauf lors des toutes premières et dernières scènes mais le mal est fait... En termes d'ambiances, le manque de moyen nous avait préparé à la perte d'une guerre intergalactique et finalement le film oscille entre Alamo dans sa première partie et The Thing dans la seconde. On reviendra pour l'ambiance lieu assiégé plus tard pour se concentrer sur la partie horrifique. On aurait pu avoir une ambiance The Thing agréable avec ses faux-semblants et la perte de repères face à des ennemis humains infectés. Mais au final le scénario décide de ne jamais jouer sur cette ambiguïté en affichant très clairement les infectés par rapports aux autres pour verser dans un final assez gore qui surprend.

L'histoire est donc terriblement décevante et souvent ennuyeuse car le suspense ne fonctionne pas et qu'on a jamais peur. On se demande vraiment si un projet de scénario n'existait pas déjà puis a été remodelé pour en faire une suite à Starship Troopers dont on perd ici tout ce qui avait fait la grandeur du film de Verhoeven. On se demande même si c'est bien Edward Neumeier qui a écrit ce script... Loin de moi l'idée de critiquer cette suite parce qu'elle n'est pas un copier/coller du premier opus mais il y a quand même des limites... Surtout quand cela est aussi mal exécuté à commencer par les personnages qui ne sont qu'une accumulation de clichés... On a le droit au général sévère mais juste, la sergente badass et ordurière, l'officier lâche autoritaire, le soldat joufflu rigolo, le noir avec son gros fusil, le bleu apeuré et le héros lucide... Le film tente quand même d'essayer d'aborder le thème de la destruction de la jeunesse par la guerre par des officiers peu regardant sur la durée de vie de ce qu'ils considèrent comme de la chair à canon... Mais cela est trop superflu et surtout enfermé dans un patriotisme trop mis en avant. De même, la seconde moitié du film où interviennent les infectés, qui sont de plus en plus nombreux, est présentée de manière trop simple se reposant trop sur les effets gores comme sur la magnifique plastique de Kelly Carlson afin de garder éveillé le spectateur. Bref, seules les relations avec la licence comme les Arachnides (dont des nouveaux) et les médiums réussissent à nous tenir en haleine en nous rappelant que Starship Troopers, c'est quand même un sacré film...

Huis-clos oblige, on reste surtout dans l'avant-poste qui est assez bien fait grâce à un aspect inquiétant et son bon nombre de salle. D'un point de vue direction artistique, le téléfilm tient la route du moment qu'il s'agit de scènes en intérieurs et qu'il n'y a que des humains. Tout le début en extérieur ne réussit jamais à nous faire oublier qu'on se trouve dans un studio avec des fumigènes et des projecteurs pour simuler bombes et éclairs... A ce moment, la suite au rabais se fait vraiment sentir et tout sonne tellement cheap... De plus, on ne va pas se mentir, les images de synthèses représentant les Arachnides comme certains bâtiments ont trop mal vieilli et on y croit quasiment jamais pour ce qui est de l'incrustation. Les caches-misères sont d'ailleurs trop nombreux lors de scènes de bataille avec des images sombres, une surabondance de fumée ou encore des cadrages très serrés sur les soldats. Evidemment, là où Phil Tippett ne déçoit pas c'est sur les effets spéciaux réalisés sur le plateau où il s'amuse avec une avalanche d'effets assez gores même si parfois un peu forcés. Cerveaux qui éclatent, décapitation, pulpes vertes et rouges à foison... Cela nous divertit au moins sur la fin quand bien même l'ensemble prend des allures de nanar.. Bref, un film juste terriblement convenu voire mauvais. A l'image de la musique insipide par ailleurs.

 

Pour ce qui est de ses comédiens, le téléfilm doit se reposer sur des acteurs globalement peu expérimentés si ce n'est Richard Burgi (La Sentinelle...) campant avec efficacité son rôle d'officier bourru et implacable tout comme Ed Lauter (King Kong, Rocketeer...) tout aussi classique dans sa composition de général. Pour les autres rôles c'est le service minimum pour la rookie intrépide Colleen Porch ou le lieutenant un peu lâche Lawrence Monoson (Chapitre final...). Dans les rôles plus secondaires on peut noter la présence de Sandrine Holt et Ed Quinn qui se distinguent un minimum. Enfin, Kelly Carlson est, comme on l'a dit, plus là pour sa plastique tant elle s'avère peu crédible en soldat. C'est d'ailleurs un de ses premiers vrais rôle alors qu'elle commence à se faire connaître via Nip/Tuck. Pour ce qui est de la réalisation de Phil Tippett, on comprend malheureusement pourquoi cet essai n'a jamais été véritablement transformé. On se doute qu'il n'a pas bénéficié des meilleurs conditions de tournage mais sa réalisation s'avère aussi classique et clichée que le reste du téléfilm comme ses longs plans sur des personnages pour nous faire comprend qu'ils sont méchants déflorant ainsi l'intrigue. Il n'arrive jamais à nous faire oublier le budget de son œuvre tout comme à nous faire peur. Un peu comme s'il restait trop attaché à ses effets spéciaux, il les fait passer bien trop souvent avant ses personnages faisant qu'on s'attache rarement à eux. On peut quand même trouver quelques bonnes idées et une bonne maîtrise technique mais pas assez pour sauver un naufrage qu'on aurait pu annoncer dès la mise en chantier de ce projet.

La conclusion de à propos du Téléfilm : Starship Troopers 2 - Héros de la fédération #2 [2004]

Auteur Bastien L.
30

Dire que Starship Troopers 2 est une déception est bien trop faible tant le résultat est calamiteux. On perd tout ce qui fait la force du premier film pour se retrouver avec un huis-clos horrifique qui ne fait pas peur accompagné d'une histoire tentant d'accumuler le plus de clichés possibles sans aucune profondeur, des comédiens au mieux corrects, des effets gores gratuits et une mise en scène sans saveur. Reste les effets spéciaux plutôt bien fichus car dans le fond, on l'aime quand même Phil Tippet...

On a aimé

  • L'ambiance Starship Troopers
  • Les effets gores
  • Kelly Carlson

On a moins bien aimé

  • Un scénario en panne d'inspiration
  • Un téléfilm un peu cheap
  • Un spectacle sans saveur

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