Critique Glass #3 [2019]

Avis critique rédigé par Vincent L. le mercredi 23 janvier 2019 à 14h00

Cassable...

Autrefois réalisateur star, M. Night Shyamalan est petit à petit tombé dans l'indifférence la plus totale. En enchainant les échecs artistiques et publics, l'ancien roi du box-office est passé à deux doigts de voir sa carrière se terminer définitivement. Il est ainsi intéressant de l'entendre raconter, aujourd'hui, que comme personne ne voulait plus de lui, il n'eut d'autre choix pour produire ses longs-métrages que d'hypothéquer sa maison. Petit à petit, il parvint à remonter la pente avec The visit, petit film d'horreur anecdotique mais relativement efficace, et surtout Split, qui, malgré ses défauts, parvint à susciter l'enthousiasme grâce à son twist habile qui en faisait une suite surprise à Incassable. Par bien des aspects, il est donc difficile de voir Glass autrement que comme un objet très opportuniste. Si Shyamalan n'avait pas chu, il est fort probable que cette improbable trilogie n'aurait jamais vu le jour... Mais qu'importe, le film est là, alors profitons en !

Incassable incarne toute la quintessence du cinéma de M. Night Shyamalan, ce qui fait qu'il fut un auteur passionnant. Malgré un accueil plutôt tiède au moment de sa sortie (il suffit d'aller jeter un oeil aux avis presse recensés sur Allociné pour se rendre compte que la critique n'avait pas adoré le film en 2001), le film devint rapidement culte. La rigueur dont avait fait preuve Shyamalan, tant dans l'écriture que dans la mise en scène, rend le film toujours aussi intéressant à décrypter et à analyser, chaque nouveau visionnage permettant de mieux saisir toute la subtilité de la construction, ainsi que la profondeur des thématiques évoquées. Par bien des aspects, Incassable fut un film visionnaire qui anticipa l'une des transformations majeures du cinéma de divertissement. Aujourd'hui que les super-héros n'ont plus rien d'outsiders (ce qu'ils étaient encore en 2001, rappelons le), voir arriver une suite à Incassable était donc intrigant.

Malheureusement, si Incassable incarne toute la quintessence du cinéma de M. Night Shyamalan, Glass nous rappelle douloureusement pourquoi celui ci n'intéresse désormais plus grand monde. Si Incassable avait des choses passionnantes à raconter, Glass ne fait qu'essayer de nous faire croire qu'il a lui aussi des trucs à dire, singeant son modèle sans jamais réussir à en retrouver la profondeur. Shyamalan fut clairement un auteur exaltant (y compris dans ses défauts, Signes et Le Village étant loin d'être parfaits), mais ses films sont aujourd'hui vides, et Glass en est l'exemple flagrant. Le discours est lourdement asséné (pas la peine d'analyser le film, les dialogues sous-titrent tout ce qui se passe), les thématiques ne sont traitées qu'à un niveau superficiel (oui, oui, la foi, tout ça, on a bien compris, mais ça ne vole pas haut) et l'analyse méta du phénomène super-héros n'a rien de franchement original.

Glass ne dit rien qui puisse un tant soit peu amener le spectateur à réfléchir, mais on aurait pu espérer un minimum de rigueur dans la manière dont l'histoire est racontée. Malheureusement, à ce niveau c'est la deuxième douche froide (avec glaçons en supplément gratuit cette fois). Les problèmes sont légions : il y a beaucoup d'incohérences, de très nombreuses facilités d'écritures, le contexte global est affreusement fake (cet asile, on n'y croit pas une seule seconde), chaque twist nie complètement le précédent et contribue à ne rendre l'histoire que plus illogique, le final est ridicule tant ce n'est qu'une tempête dans un verre eau (on peut toutefois ce demander si ce n'était pas l'effet souhaité par Shyamalan), les personnages sont tous en carton (pauvre Sarah Paulson),... Chaque nouvelle scène n'apporte que son lot de soucis, contribuant à faire de Glass un pauvre gloubi-boulga sans aucune consistance, creux dans le fond, idiot dans la forme.

Et cerise sur le gateau, M. Night Shyamalan traite ses personnages avec un tel dédain que Glass peut presque se voir comme un bon gros doigt lancé au public. Faire revenir David Dunn et Elijah Price après dix-huit ans pour aboutir à ce final infect, c'en est presque insultant. Il n'est ici pas tant question du destin de ces personnages - qui, sur le principe, est assez logique - que de la manière dont il est amené et traité, c'est à dire avec une quasi-désinvolture. On sent bien que Shyamalan a cherché à éviter le spectaculaire (ce qui est finalement très cohérent avec l'univers mis en place), mais en l'état, il a également oublié de mettre en place la moindre dramaturgie. On ne ressent plus rien pour ces personnages, aussi creux que des poupées, et toute la souffrance qui caractérisait les héros d'Incassable et les rendait si touchant appartient désormais au passé. Ce qui leur arrive ? Honnêtement, tout le monde s'en fiche, Shyamalan le premier.

Reste, malgré tout, que Glass a quelques qualités indéniables. Si Shyamalan a perdu la flamme comme scénariste, il n'en demeure pas moins un réalisteur très solide. La mise en scène est impeccable, belle et signifiante (bien plus subtile que le scénario), le rythme est parfaitement tenu de bout en bout (on ne s'ennuie jamais malgré le refus du spectaculaire) et certains plans restent en mémoire après la projection. Clairement, on ne peut pas retirer ça au film. Devant la caméra, il faut bien avouer que l'on prend plaisir à revoir Bruce WillisSamuel L. Jackson et James McAvoy, même si leurs prestations s'avèrent finalement très mécaniques (il faut dire qu'ils n'ont pas grand chose à jouer, donc ça manque d'âme). Et sinon, il faut bien avouer que le premier quart du film (quand David Dunn qui traque la Horde) est quand même assez classe...

La conclusion de à propos du Film : Glass #3 [2019]

Auteur Vincent L.
35

La meilleure scène du film - celle qui réussit à prendre le spectateur aux tripes et à lui faire partager la souffrance qui habite les personnages - est une scène coupée d'Incassable. Cela définit parfaitement ce qu'est Glass : un clone sans saveur et sans substance qui tente de retrouver la grâce de son modèle sans jamais y parvenir. Mal écrit et creux, Glass n'est qu'un long-métrage opportuniste qui se pense visiblement plus intelligent qu'il ne l'est réellement. Heureusement, M. Night Shyamalan est meilleur réalisateur que scénariste, ça permet de sauver quelques meubles et de mettre un boite un film esthétiquement appréciable.

On a aimé

  • Une mise en scène plutôt réussie,
  • Le premier quart du film, convaincant.

On a moins bien aimé

  • Un film aussi prétentieux qu'inconsistant,
  • Un scénario franchement mal écrit,
  • Tout manque d'âme et d'émotion,
  • Un final ridicule qui ne rend pas justice aux personnages.

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