Critique The Last Story [2012]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 14 mars 2012 à 20h58

Un action/RPG sympathique

Testé avec la manette classique.

On le sait, niveau RPG, une des meilleurs écoles fut Squaresoft (puis Square-Enix) entre la fin des années 1980 et le début des années 2000, avec un nombre incalculable de jeux ayant fait la renommée de cette firme. Depuis les choses sont un peu moins roses, de nombreuses personnalités ayant quitté le studio, et notamment Hironobu Sakaguchi (créateur de la saga Final Fantasy et tête-pensante de cette série jusqu'à Final Fantasy IX). Alors quand ce grand monsieur s'attaque à une nouvelle licence, on a le droit d'être impatient de découvrir le résultat.

The Last Story n'est pas le premier de Sakaguchi en dehors de Square. Il a en effet fondé son studio, Mistwalker, qui a mené à bien des projets sympathiques comme la série Blue Dragon, ou le plus dispensable Lost Odyssey. Mais si ce nouveau projet s'avère plus alléchant que le simple nom de son créateur, c'est notamment parce qu'il est édité par Nintendo, à l'instar d'un autre RPG récent fait pas des anciens de Square : l'excellent Xenoblade Chronicles. Mais la comparaison s'arrête d'ailleurs malheureusement ici pour les deux titre. En effet, qualitativement ce dernier s'avère en-dessous, notamment dans une approche sensiblement différente (on est ici dans de l'action-RPG bien assumé) ; ainsi, si Xenoblade avait réussi à faire souffler un vent de fraicheur sur le J-RPG, ce n'est pas le cas de The Last Story, qui reste parfois trop classique dans ses approches, notamment au niveau du scénario.

L'un des problèmes de ce jeu est ainsi sa trame principale, qui accumule un peu trop de clichés des mondes médiéval-fantastique, se payant même le luxe de proposer beaucoup trop de coïncidences. Ainsi, vous incarnez le jeune et beau Zael, qui appartient à une équipe de mercenaires dont le rêve secret est de devenir chevaliers, statut bien plus classe que la condition mal jugée de combattants à employer. Heureusement pour Zael, son ami et mentor Dagran a réussi à entrer au service du comte Arganan de l'île de Lazulis, dont les ambitions pourront aider notre sympathique groupe. Lors de leur première mission, l'équipe découvre un lieu où Zael reçoit un étrange pouvoir lui conférant une plus grande force au combat, mais aussi la possibilité de soigner ses alliés à terre. Peu après ces évènements, notre héros fait la connaissance de la douce Lisa et passe une chaste soirée en sa compagnie avant qu'elle ne disparaisse. Pas le temps pour Zael de se morfondre, il doit assurer la sécurité au bal du comte, ce qui lui permet de faire la connaissance de sa noble nièce Callista, qui se révèle n'être autre que Lisa. L'attirance entre les deux jeunes gens est bien sûr vue d'un mauvais oeil par les nobles de la cité, dont le prétendant officiel de Callista. Mais le pouvoir de Zael et ses talents de combattants lui valent l'attention du comte comme celle de nobles chevaliers en mission sur place.

Le scénario est donc beaucoup trop convenu, et on a l'impression d'avoir assisté des dizaines de fois à l'histoire de ce jeune premier arriviste qui se heurte à une société pas faîte pour lui, tout en ayant conquis le cœur d'une belle pourtant inaccessible. Même chose du côté du contexte général avec le noble trop ambitieux et les ennemis héréditaires faisant leur réapparition. Ces derniers, appelés les Guraks, sont trop peu exploités et l'on a du mal à comprendre les motivations de tout ce beau monde. Il faut chercher les quelques originalités de l'histoire du côté de l'étrange pouvoir de Zael (appelé celui de « l'étranger ») dont l'origine est la prise de risque la plus importante des scénaristes. On ne cesse de pester contre quelques incohérences, facilités ou encore cache-misères scénaristiques (comme le groupe qui ne fait qu'être divisé pour mieux se retrouver quand le combat devient difficile). Mention spéciale aussi au twist final que tout joueur de plus de treize ans aura deviné dés les premières heures de jeu. Malgré tout, on prend parfois plaisir à suivre cette histoire trop passe-partout.

Tout simplement parce qu'elle n'est jamais complètement rebutante, le traitement des personnages et des dialogues oscillant entre le sérieux et un certain second degré. Les scénaristes ont exclu du tableau des personnalités mainte fois vue dans les J-RPG, exit ainsi le petit animal mignon qui parle où la jeunette beaucoup trop euphorique. Et l'alchimie fonctionne bien au sein du groupe de mercenaires, avec en première ligne le héros réaliste et posé. On aime aussi entendre les délires de ses compagnons, avec un humour léger qu'on apprécie grâce aux envolées alcooliques forte en sous-entendus salaces de la rude et belle Syrenne, les déboires de séducteur de l'impétueux Lowell, ou les délires gastronomiques de la fausse timide Mirania. A défaut de proposer une histoire originale bien menée, on se rabat avec plaisir sur le quotidien d'un groupe de combattants normaux devant finalement sauver le monde. Le doublage, seulement en anglais, est globalement correct, et ce même si les acteurs ne s'en tirent pas avec la même efficacité dans tous les registres.

Là où l'on sent encore le manque d'inspiration dans l'histoire, c'est au niveau du peu de décors que l'on visite. Même dans un action-RPG, les endroits visités sont souvent nombreux ; c'est malheureusement loin d'être le cas ici, tout le jeu se déroule autour de la ville de Lazulis et de son château où l'on viendra faire progresser l'histoire, et même acheter tout ce que bon combattant a besoin. Heureusement que ces deux lieux sont assez vivants pour qu'il y ait son lot de petites quêtes annexes (dont une arène avec des combats organisés contre plusieurs équipes de monstres afin de gagner argent et expérience). Le problème c'est que les différents décors visités offrent tous des couleurs froides, avec des teintes grises et marrons faisant qu'on est rarement émerveillés par les graphismes du jeu (et ce même si on se trouve sur une Wii car Xenoblade avait bien su le faire malgré nos yeux habitués aux productions HD). On a quand même le droit à quelques cinématiques en images de synthèse superbement réalisée, rappelant que Sakaguchi était aussi le responsable de Final Fantasy - Les créatures de l'esprit. On peut aussi compter sur le talent et le grand savoir-faire de Nobuo Uematsu (un autre ancien grand de la maison Square) pour nous proposer de belles mélodies comme des compositions plus rythmées faisant régner l'éclectisme.

Pour ce qui est de l'aspect physique, seul le character design aussi simple que classe permettra de faire consensus, car la direction artistique est encore une fois passe-partout (même si elle reste sans grands reproches). Là où le bat blesse, c'est au niveau d'un moteur un peu trop à la ramasse qui accuse trop souvent des baisses de framerate assez surprenantes pour une production si attendue. De même que les changements d'armes que l'on effectue durant l'aventure ne sont pas toujours pris en compte par le moteur, offrant de beaux bugs de collision qui restent par ailleurs un des gros problème du jeu. Si ces défauts purement techniques ne sont pas assez rédhibitoires pour entacher la progression, ils peuvent se révéler particulièrement gênants quand on aborde les combats.

Mistwalker a donc pris le parti de l'action pour ce jeu, avec une progression suffisamment linéaire durant les différents chapitres (ou missions) du jeu pour axer vraiment son expérience sur les combats. Suivant la tendance actuelle de l'action à outrance dans les jeux vidéo, le pari de The Last Story de proposer un système aussi dynamiques que valide pour les amateurs de RPG est en partie réussi. Le dynamisme se fait d'abord par la possibilité d'afficher un nombre assez important de combattants dans notre équipe, faisant que tous combattent quand ils sont à nos côtés dans le scénario. On ne contrôle ainsi que Zael, permettant de se concentrer d'abord sur lui avec les différentes capacités offertes par son pouvoir. Il peut ainsi, quand il active la marque de l'étranger, attirer les ennemis mais aussi se projeter dans les zones d'effets des magies noires ou blanches de ses alliés pour les disperser dans l'air de combat. Ainsi, se projeter dans une zone de soin rendra de la vie à tous les alliés, et se projeter dans une zone enflammée brisera la garde des ennemis. Il faut donc agir et réfléchir rapidement pour amplifier sur le champ de bataille les bons effets aux bons moments.

On peut aussi commander aux alliés leurs pouvoirs et leurs actions comme l'attaque à outrance, les sorts ou le repli stratégique. Mais le problème est que cela se fait une fois la jauge remplie, alors qu'on aimerait pouvoir en bénéficier dès le début du combat. Une dernière jauge, commune à tous nos alliés, se remplie au fur et à mesure des combats, permettant de lâcher des attaques dévastatrices qui seront d'une grande utilité contre les nombreux boss. Ces derniers représentent les passages les plus tactiques du jeu, la manière de les vaincre étant expliquée durant le feu de l'action par les protagonistes. Cela permet quelques passages épiques. Autre caractéristique : la possibilité pour Zael d'utiliser l'attaque à distance à travers son arbalète. De même, un système de couverture assez bien pensé a été implanté. On peut ainsi se protéger mais aussi surgir de sa cachette avec violence pour multiplier les dégâts. Le système de combat reste donc assez limité dans sa partie tactiqu,e mais pour ce qui est du dynamisme, il est vrai que l'on parcourt les donjons avec plaisir, le tout s'enchainant sans problème. Si l'on piétine parfois, c'est surtout à cause des ralentissements, mais aussi de la caméra qui a le don de n'en faire qu'à sa tête par moments et de rester bloquée dans un coin. Certains pourront aussi trouver un aspect brouillon aux combats nécessitant un petit temps d'adaptation.

Pour ce qui est de la difficulté du titre, elle ne sera pas un problème ni pour les amateurs de RPG, ni pour les néophytes, tant le soft vise l'accessibilité. Il ne sera jamais question de levelling et les développeurs ont implanté avant chaque boss de quoi invoquer des ennemis pour augmenter tranquillement ses niveaux. Une idée intéressante, mais qui pourra légitimement choquer les puristes. Le jeu est avant tout fait pour qu'on s'amuse sans aucune prise de tête comme le prouve le système d'upgrades d'armures et d'armes. Cela se fait simplement dans les magasins où l'on améliore nos équipements avec de l'argent, ainsi qu'avec les objets que l'on trouve pendant nos pérégrinations. Il y a aussi la possibilité de collecter des teintures pour modifier la couleur de toutes les parties de nos armures/habits afin d'avoir des apparences uniques qui seront constamment affichées par le moteur du jeu. La durée de vie n'est pas vraiment conséquence, à savoir entre 20 et 25 heures de jeu pour avoir une expérience convenable du titre. Même pour du action-RPG cela reste tout juste correct.

Il existe bien un mode multijoueur en ligne qui tient la route techniquement avec un nombre convenable de joueurs. Il se divise en deux parties : D'abord celle coopérative la moins intéressante permettant de revivre les combats contre les boss avec des joueurs humains. Et surtout une partie combat en équipe, ou chacun pour soi, avec un large de choix de personnages et la possibilté de montée en grade pour débloquer des bonus tant pour le mode multijoueur que le solo. Une bonne idée assez bien exploitée permettant de rallonger la durée de vie d'une petite dizaine d'heures si on accroche et si le nombre de joueurs en ligne arrive à se maintenir.

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : The Last Story [2012]

Auteur Bastien L.
70

The Last Story ne réussira donc pas le même coup de poker que Xenoblade Chronicles. Le titre de Mistwalker enchaîne les bonnes intentions comme les bonnes idées. Malheureusement, ce savoir-faire évident se repose un peu trop sur ses lauriers avec des choses soit trop classiques soit pas assez exploitées pour vraiment faire l'unanimité. En clair, le jeu est sympathique mais il n'arrive jamais à élever son niveau. Les défauts techniques, le manque d'audace graphique et le peu de décors font penser que l'éditeur a eu du mal à passer par la case Wii après ses productions HD. Néanmoins, cela reste un bon RPG qui plaira aux fans du genre en manque de titres. Ce qu'il faut retenir, c'est que malgré ses défauts, The Last Story nous fait passer un moment agréable sur une console trop vite annoncée comme finie.

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