Critique Dragon de glace [2011]

"De toutes les saisons, Adara préférait l'hiver car, lorsque le froid envahissait le monde, le dragon de glace surgissait.
Elle ne savait pas si c'était le froid qui amenait le dragon de glace ou le dragon de glace qui amenait le froid..."

Les amateurs de médiéval fantastique connaissent tous Le Trône de Fer, sa version télévisée ou sa version littéraire. Son auteur George R. R. Martin a été récompensé par plusieurs Prix Locus pour cette série. Ce qu'on connaît moins, c'est qu'il a reçu beaucoup plus de prix pour ses nouvelles, novellettes et novelas. Le Volcryn a étépublié par les éd. ActuSF coll Perles d'épice. Cette maison d'édition persévère avec cet auteur et nous livre Dragon de glace, un recueil de quatre nouvelles qui ont presque toutes été primées.

Les deux premiers textes tiennent du conte issu d'une vieille tradition séculaire, celle qui consiste à décrire le récit du personnage en marge de la société et qui tient un rôle majeur lorsqu'un événement dramatique envahit son quotidien, Il réussit bien entendu grâce à sa différence.  
Le dragon de glace est l'histoire d'une petite fille un peu étrange. Depuis qu'elle est toute petite, elle ne se plaint jamais, ne pleure ni n'ouvre la bouche que très rarement. Elle n'est pas autiste ni renfermée mais elle n'a de joie que lorsque l'hiver arrive avec le froid mordant. Elle n'a jamais froid et son bonheur secret consiste à construire des palais de glace pour qu'il puisse la trouver plus facilement. Lui, c'est le dragon de glace.
Dans les contrées perdues est dans l'esprit de la nouvelle précédente. Elle raconte l'histoire du Champion de la Reine venu quérir un service auprès d'Alys la Grise. Chez elle, on peut se procurer tout ce dont on a jamais rêvé. Or il lui propose un marché de dupe, à savoir une chose et son contraire, ce que la vieille dame accepte sans réserve.

Le troisième texte s'apparente à la légende urbaine. L'homme en forme de poire est le cauchemar éveillé d'une jeune artiste habitant un immeuble dont la cave est occupée par un marginal. Il a une forme de poire et l'intrigue jusqu'à la progressive obsession. Certainement le meilleur texte du recueil.
Dans portait de famille, George R. R. Martin nous plonge dans le fantastique à la manière de Stephen King. On se souvient du roman La Part des Ténèbres où un écrivain voit revenir son double imaginaire. Ici, sur fond de drame familial, l'auteur Cantling reçoit la visite de ses personnages de roman.

L'écrivain américain semble aussi à l'aise dans le fantastique que dans la fantasy, le premier genre où il est très efficace et le deuxième où il se révèle aussi captivant que des auteurs (on songe à Ursula K. Le Guin et sa série Terremer).