Critique Le fou du labo 4 [1967]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 8 septembre 2008 à 15h51

Le bonheur est dans le gaz

Il fut un temps où le cinéma français s'intéressait à la comédie de science-fiction, ses porte-flambeaux n'oubliant pas que les réalisateurs français furent, au début du vingtième siècle, les initiateurs du genre. A cette époque (les années 60 et le début des années 70), même les icônes de la comédie, tels Darry Cowl, Bourvil puis - plus tardivement - De Funès, se pliaient volontiers à la discipline. Bien sûr, l'atmosphère demeurait franchouillarde, les producteurs ne voulant pas se démarquer de la masse de ces oeuvres baignant dans ce que l'on nomme communément "l'humour gaulois", mais certains films, comme le Passe-Muraille, restent des créations très intéressantes.
Le fou du labo IV fait partie de cette catégorie de films qui mariait l'esprit comique propre au cinéma populaire français et la pure science-fiction (le dernier essai sera une certaine Soupe aux choux, en 1981). Ce métrage de Jacques Bernard met en vedette le professeur Ballanchon, un sympathique chimiste ayant mis au point un nouveau gaz. Ce gaz, extrêmement volatile et invisible, a pour principal effet de rendre heureux toute personne l'inhalant, un bien-être pouvant aller jusqu'à une certaine forme de béatitude. Malheureusement, cette découverte, comme de nombreuses autres, fut le fruit d'un accident, et Eugène Ballanchon est bien en mal de retrouver la formule. Ce qui n'est pas pour plaire aux différentes puissances étrangères, qui visent à s'approprier l'invention...


Le scénario mélange des éléments burlesques, d'autres empruntés au film d'espionnage (très en vogue à cette période) alors que la science-fiction se montre finalement assez discrète (quelques plans sur un labo et un vaporisateur de gaz inconnu). Bien que de structure assez classique, le métrage surprend par la construction du personnage principal. En effet, alors que l'on aurait pu s'attendre à la vision d'un scientifique gentil, distrait et plutôt maladroit, Jacques Bernard (qui sort du succès du Grand Restaurant) nous propose ici un homme à l'apparence anodine mais qui cache en fait son jeu. Eugène Ballanchon est non seulement courageux mais de plus il est doué de surprenantes facultés, comme les arts martiaux et l'équitation. La révélation de ces capacités étonnantes ne se produit qu'à la mi-métrage, étonnant le spectateur - d'autant plus que le rôle est interprété par Jean Lefebvre, un acteur spécialisé dans les personnages candides et empotés.
Le film vaut aussi pour la teneur de ses seconds rôles, de factures classiques mais à l'indéniable efficacité. Il faut dire que l'interprétation de ces archétypes s'est vue confiée à des éminents spécialistes du genre. Le plus en avant est Bernard Blier, qui incarne le méchant chef d'un réseau d'espionnage. On sent pertinemment qu'il s'amuse comme un petit fou, très à l'aise avec des lignes de dialogues décalées qui ne sont pas sans rappeler celles de Michel Audiard. Ridicule dans un costume de cowboy de kermesse, pince-sans-rire, il assume jusqu'au bout et est souvent très drôle. Autre grande figure du cinéma français qui se prête au jeu avec enthousiasme: Pierre Brasseur. Lui aussi endosse un archétype qui lui est familier: le vieux grincheux. Parmi les éléments narratifs comiques les plus en vue se trouve aussi un duo d'agents de la DST un peu crétins, deux gros patapoufs débonnaires entassés dans une Fiat 500 et qui ne sont nuls autres que deux valeurs sures du cinéma français, Pierre Tornade et Jean Franval. Enfin, dans un rôle secondaire mais assez croustillant, Michel Serrault amène une petite touche de classe dans la peau d'un patron opportuniste et hypocrite.

Hélas, malgré ses dialogues parfois brillants, ses acteurs en pleine forme et sa bonne humeur, le Fou du Labo IV ne parvient pas à se hisser au-dessus du niveau "sympathique série B". La faute a une deuxième partie qui part un peu en sucette. A partir du moment où le placide Eugène Ballanchon se transforme en justicier lancé à la rescousse de sa dulcinée et de son papa emprisonné, le film part dans le domaine du burlesque et abandonne toute ambition. Adieu les échanges dialogués incisifs, les situations pleines de second degré et les faux semblants, place aux cascades et aux gags "tartes à la crème". Si cela ne devient en aucune manière ennuyant, le film y perd cependant énormément d'intérêt. Une deuxième partie qui ne va probablement faire rire que les plus jeunes et faire tiquer les autres, qui resteront dubitatifs devant la vision de Jean Lefebvre déguisé en Zorro.

La conclusion de à propos du Film : Le fou du labo 4 [1967]

Auteur Nicolas L.
57

Film culte car très peu diffusé, le Fou du labo IV est une amusante comédie SF de facture très classique qui bénéficie d'un casting de qualité et d'une première partie dotée de lignes de dialogues assez croustillantes. Malheureusement, le film se perd un peu par la suite dans la facilité du burlesque infantile. A voir, au moins pour ses comédiens de qualité.

On a aimé

  • Des comédiens de talent
  • Quelques lignes de dialogues bien senties
  • Un atmosphère fun

On a moins bien aimé

  • Une deuxième partie trop infantile

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