Critique Shadowchaser 3 [1995]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 14 mai 2008 à 18h56

Ennui sidéral

Le deuxième volet reprenait les schémas du film original, avec la même intrigue - la prise d'un bâtiment par des terroristes - et le même niveau de qualité, c'est à dire plutôt médiocre. Cependant, dans ce troisième opus, scénaristes, producteurs et réalisateurs ont décidé de taper plus fort dans le domaine du film de genre et dans le spectaculaire. Je revois d'ici cette séance de "brainstorming" chez Nu Image, un joli matin de printemps où, hélas, la muse de la créativité répond aux abonnés absents. Tout le monde est figé devant son breakfast, le regard dans le vide. Un ange passe, dérangé par le ting-ting des cuillères dans les bols et le bruit spongieux des mastications. Quand, soudain...
- Hé les gars, et si l'on refaisait un Shadowchaser? déclare John Eyres, la bouche encore pleine de corn-flakes. - Euh!... j'veux pas te contrarier, Johnny, mais ton histoire de robot aryen destructeur de murs en balsa, ça commence à être un peu usé." déclare un homme désabusé, tout au bout du bureau. - Ouais, ouais, je sais Avi (Lerner, Calife de Nu Image, ex-vizir chez Cannon), mais là, imagine que le robot, ça ne soit plus un terroriste mais une sorte de monstre de l'espace!" Et là, le John Eyres, il s'emballe, l'oeil lumineux." Le monstre il est dans un vaisseau spatial à la dérive, tu vois, et le vaisseau il percute une station ou dedans y'a un équipage de scientifiques et de techniciens. Comme la station est bousillée, les mecs doivent passer dans le vaisseau et là... paf, il tombent nez à nez avec notre robot!" - Ok, et c'est qui ces gens? demande Avi, qui calcule déjà mentalement le prix des décors. - J'ai une idée! Il y a quelques jours, j'ai vu en VHS un film pas connu du tout. Il s'appelle Helen, je crois, non Alien... Dans l'équipage, y'a un traitre, un lâche, une fille vachement cool, un scientifique, une technicienne, un commandant courageux mais un peu con, un chat, un black, une black et un Harry Dean Stanton. Bon, pour remplacer le H.D.S., j'ai pas d'idée, mais on peut remplacer le chat par un chien et le traitre par une ordure cupide, non? Tout le monde n'y verra que du feu, c'est certains... - Pas con ton idée Johnny". Avi bip alors sa secrétaire. "Sheryl, passez un coup de fil à Frank Zagarino. On va avoir encore besoin de lui. Ah oui, et pensez bien à lui dire de passer chez le coiffeur avant de venir aux studios, vous serez mignonne!"
Et c'est comme ça - ou presque - que l'Androïde s'est retrouvé dans l'espace...


Donc l'androïde, il est dans un vaisseau à la dérive. Comme il a bien fallu trouver un truc pour justifier sa présence, John Eyres et consorts ont imaginé que c'est en fait un robot de défense qui a pété les plombs suite à un virus issu du chargement, un minéral inconnu. Le film débute donc sur le principe du vaisseau fantôme, déserté de toute présence vivante, et porté disparu depuis 25 ans. Le robot utilisé, c'est le modèle de série habituellement utilisé dans les Shadowchaser, à savoir le Frank Zagarino version Inexpressive (c'est la moins chère). Cependant, cette fois-ci, comme l'on est dans un film de pure SF, le robot a d'autres facultés que sa force incroyable et son épiderme impénétrable: il sait se camoufler sous des panoplies holographiques en copiant l'apparence des ses victimes, balance des lasers et autres projectiles explosifs (on ne voit pas par où d'ailleurs) et peut commander les appareillages électroniques à distance. Autant dire que pour les pauvres naufragés de l'espace, la partie ne va pas être facile.
Le film se déroule donc en partie dans l'espace et là, j'ai été étonné. En effet, ma surprise vient des quelques effets spéciaux consacrées aux prises de vue extérieures sur les vaisseaux. Ils ne sont pas exceptionnels, mais plutôt bons si l'on considère la faiblesse des moyens alloués, et surtout assez nombreux. Par contre, pour les intérieurs, le chef déco s'est bien entendu fortement inspiré d'Alien mais comme la qualité de la photographie ne peut être comparée à celle du film de Ridley Scott, le résultat est assez pauvre, mais sans toutefois être honteux (on a en effet vu bien pire). Bref, en ce qui concerne la mise en situation, j'ai finalement été agréablement surpris.
Par contre, pour le reste...
Bien sûr, le problème majeur vient du manque d'originalité dans le récit, et du peu de charisme de ce robot psychopathe. Le film tourne en rond, avec des personnages sans consistance, à l'attitude plombée par les clichés, et qui jouent à cache-cache avec un tueur métamorphe quasi indestructible. Ainsi, voir la crapule rouler en permanence des mécaniques sans en subir les logiques conséquences de la part de ses collègues est particulièrement agaçant, tout comme voir le black de service se faire rouler dans la farine (hum, si j'ose dire) est d'assez mauvais gout, même si l'on prendre comme excuse que l'amour rend idiot. Bref, on ne s'intéresse pas du tout à la survie de ces personnages creux et aux comportements prévisibles. Vous me direz alors: et le robot? Bien, encore plus que dans les autres volets, sa parenté avec le Terminator ne fait aucun doute. Le regard fixe, sans pitié, poursuivant ses victimes avec une allure un peu mécanique, il ne subit que des dommages superficiels lorsqu'il est plongé sous un déluge de balles. Le Shadowchaser est donc un T-800 like. Cependant, comme Frank Zagarino est athlétiquement moins impressionnant que Schwarzie, le résultat est nettement moins convaincant. De plus, comme l'androïde est en quasi permanence déglingué ou sous camouflage, le comédien ne peut faire valoir le charisme de son visage carré et inexpressif.
Autre problème, le manque d'inspiration de John Eyres. Sa réalisation est d'une telle platitude, sa timidité si débilitante (pas de sang, pas de sexe) et son montage si académique que le film, lisse comme le crane de Barthez, accuse un manque de rythme qui tend à entrainer le spectateur vers la somnolence.

La conclusion de à propos du Film : Shadowchaser 3 [1995]

Auteur Nicolas L.
30

Shadowchaser 3 n’est finalement pas une autre des grosses bouses cinéphiliques que nous offre régulièrement la compagne Nu Image. Dans le style « film fauché et peu inspiré », ils ont fait nettement pire. Seulement, cela ne veut pas dire que le film est agréable à visionner. Non, John Eyres, le cinéaste, et créateur de ce T-800 du pauvre, manque trop de talent et de culot pour nous proposer autre chose qu’un produit insipide et manquant particulièrement d’originalité. Un programme fade.

On a aimé

  • Effets spéciaux corrects
  • Réalisation sans génie mais convenable
  • Un bon film pour du Nu Image

On a moins bien aimé

  • Scénario sans originalité, personnages sans intérêt
  • Festival de clichés
  • Film d’exploitation sans âme
  • Manque de rythme

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