Critique Retour vers le futur [1985]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 7 septembre 2006 à 08h43

Croissement de générations

Fuyant une agression terroriste à bord d’une machine à voyager dans le temps, le jeune Marthy McFly se retrouve projeté dans les années 50, à une époque où ses parents n’étaient encore que des adolescents…
Tout d’abord, replongeons-nous dans le contexte. Le début des années 80 voit apparaître un grand nombre de cinéastes atypiques, quelque peu rebelles, souvent potaches, mais surtout très talentueux. Leur esprit adolescent nourri, voire éduqué, avec ces films fantastiques de série B qui saturaient les ondes et les salles américaines dans les années 50-60, ces jeunes artistes, devenus adultes, se jettent alors sur le film de genre sans les a priori de leurs glorieux aînés (n’oublions pas que Howard Hawks, honteux d’avoir réalisé la Chose d’un Autre Monde , ne voulu apparaître au générique qu’au seul rang de producteur). L’esprit ouvert, ils étaient disposés à toutes les expérimentations (les pires comme les meilleures, d’ailleurs…)
Les eighties furent donc les années d’apogée pour les Joe Dante, les John Landis, les John Hughes et autres Bob Zemeckis. Ces jeunes réalisateurs, qui évoluaient en marge de la bonne société hollywoodienne, boostés par leur chef de file - et presque leur gourou - Steven Spielberg, s’entourèrent donc de leurs amis et de toutes les personnes ayant une même conception du cinéma. Ce groupe de ‘’nouvelle pensée’’ vit donc ses effectifs grossir avec les arrivées de techniciens inventifs, de maquilleurs surdoués (Rick Baker, Rob Bottin…), de scénaristes à l’imagination débridée (Bob Gale, Chris Columbus…) et de compositeurs aux multiples facettes.

Le paradoxe temporel: alibi scénaristique

C’est de cette alchimie que naquit Retour vers le Futur. Le script de ce film qui possède l’un des titres les plus bizarre qui soit, s’appuie en fait sur un concept physique assez banal car moult fois traité dans l’histoire du septième art : le paradoxe temporel. Cependant, faisant fi du cinéma intello des années 60-70 qui traitait ses sujets avec le plus grand sérieux et un ton solennel, Chris Zemeckis, Bob Gale et Steven Spielberg, préférèrent utiliser ce style qui les avaient tant rêver à l’époque où ils traînaient leurs jeans dans les drive-in, leur petite amie dans les bras : la SF bis des années 50-60.
Cependant, au lieu de se contenter d’une simple redite, ce qui ne représentait aucun intérêt, avouons-le, les créateurs ont également opté pour une modernisation du thème. Au cours de ces dernières années, le type de public qui fréquente les salles obscures a changé. L’audience est surtout devenue résolument très jeune. Il était donc indispensable de construire une histoire basée sur des personnages - et avec un style visuel - qui interpelle directement les teenagers. Musique à la mode (Huey Lewis est au sommet de son éphémère gloire), des articles à la mode (skate-board, tennis…), des thèmes à la mode (rock n’roll, terrorisme international), le tout baigné par des concepts purement adolescents (premiers amours, rivalités masculines, rapport parental), sont donc les éléments narratifs que s’imposent les auteurs. Signalons d’ailleurs que le seul adulte ayant un rôle important dans le film, Doc Brown, doit être considéré comme le plus puéril de tous les personnages, avec ses attitudes et son enthousiasme complètement immature.
Marthy et Loraine : le débat Freudien par excellence

Et ça marche ! Sur les teenagers, bien évidemment, mais aussi sur les adultes, ce qui pourrait être en soi une surprise. Mais le ton est si léger, l’humour si peu vulgaire et les personnages si attachants que même l’audience la plus âgée succombe sous le charme, parfois victime d’une émouvante nostalgie style ‘’années collèges’’. Car, élément alibi, le voyage dans le temps ne sert finalement qu’à faire visiter à un jeune des années 80 une période de la vie de ses parents. Une manière pour ces trentenaires et ces quadragénaires de dire : regardez, nous ne sommes pas si différents de vous, nous avions les mêmes craintes, les mêmes angoisses, les mêmes espoirs… Une rencontre générationnelle émouvante illustrée par la troublante relation ‘’anti-freudienne’’ entre Marty et sa mère adolescente. Aux yeux des adultes, de simple farce potache, ce film se retrouve projeté au rang de fable philosophique.
Retour vers le Futur est un film d’ado qui - un fait devenu de plus en plus rare aujourd’hui - s’appuie sur le jeu des comédiens autant que sur les situations. Et de ce point de vue purement artistique, ce n’est que du bonheur. Le film a révélé au grand public le génial Michael J. Fox (qui s’est hélas trop tôt éloigné des caméras en raison d’une cruelle maladie). Déjà âgé de 25 ans à la date du film, il joue pourtant l’adolescent avec une aisance terrible, sans excès, et devient à partir de cette date le copain cool que tout jeune rêve d’avoir, et le boy-friend idéal des jeunes américaines. A ses cotés, la ravissante Lea Thompson se voit attribuer un double rôle très difficile, celle de Lorraine McFly, à deux périodes de sa vie, et, de plus, elle incarne un personnage exposé à travers le point de vue (déformé par l’émoi) de son fils. Elle s’en tire plus que bien : elle est tout simplement craquante ! Et comment ne pas citer la prestation mémorable de Crispin Glover, acteur caméléon (qui peut oublier son extraordinaire interprétation d’Arlo dans le Larry Flint de Milos Forman !), en un George McFly pathétique et terriblement complexé.
Le doc : incarnation de la théorie du Chaos ?

Autre atout non négligeable : la présence aux cotés de Marty d’un ‘’buddy’’ hors norme. En effet, Christopher Lloyd - qui interprète le doc Emmett Brown, une sorte de Géo Trouvetou farfelu - est, en plus d’être l’élément le plus proche du cinéma bis des années 50 (le savant fou), l’argument comique du film. Et l’acteur, très à l’aise dans ce registre, s’en donne à cœur joie, plongeant parfois dans la pantomime burlesque, pour notre plus grand plaisir. Pour finir, n’oublions pas de signaler, dans le rôle du méchant de service Biff Tannen, l’excellente performance de Thomas F. Wilson, un acteur qui n’a pas eu la carrière qu’il aurait mérité.
Pour s’occuper du secteur des effets spéciaux, Steven Spielberg s’est tourné vers les ateliers de son compère George Lucas. Et même si l’on atteint pas encore la débauche d’FX des deux séquelles qui suivront, les studios ILM ont particulièrement soignés le travail, notamment dans une séquence de fermeture délirante. Ils méritent d’ailleurs un coup de chapeau rien que pour la magnifique DMC-12 transformée en machine à voyager dans le temps.
Marthy : le regard incrédule d’une génération porté sur une autre…

La conclusion de à propos du Film : Retour vers le futur [1985]

Auteur Nicolas L.
95

Résolument optimiste, Retour vers le Futur est LE film de divertissement étalon des années 80. Regroupant tous les arguments susceptibles de séduire le grand public, il est peut-être un spectacle exagérément naïf mais il reste surtout un véritable festival, d’humour, de romantisme, d’action, et d’effets spéciaux de qualité, interprété par une bande d’acteurs vraiment sympathiques.

On a aimé

  • Scénario drôle et original
  • Réalisation efficace
  • Interprétation remarquable
  • FX excellents

On a moins bien aimé

  • Un peu trop naïf ?

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