Critique Bestialité [1995]

Avis critique rédigé par Lucie M. le jeudi 2 mars 2006 à 19h16

Une lecture vorace...

Suite au décès mystérieux de son épouse, le comte Robert de la Fresnaye revient vivre dans son château en Sologne. Il fut un temps où lui et son épouse gagnèrent les Indes en laissant derrière eux leur petite fille Elisabeth dans un pensionnat à Paris. Néanmoins, celui-ci compte bien rattraper le temps perdu et apprendre à mieux connaître sa fille. Pourtant, revenu des Indes avec une malle au contenu secret et directement transportée dans le grenier du château, Robert de la Fresnaye n’est pas au bout de ses peines. Sa fille Elisabeth, belle jeune femme blonde âgée de 23 ans, commence à se poser bien des questions sur les bruits qui semblent provenir du grenier…
Tout d’abord publié en 1995 aux éditions du Fleuve Noir, Bestialité peut enfin réintégrer nos bibliothèques grâce à sa réédition effectuée en 2005 par les éditions Nuit d’Avril. Jean Rollin, cinéaste et écrivain, nous invite à la redécouverte d’un mythe fantastique très usité, celui de la lycanthropie. Il le fera de manière recherchée et avec une aptitude d’évocation très “graphique“. Savoir faire de réalisateur, je pense ; on le remarque, ou plutôt on le ressent, grâce à l’atmosphère qui se dégage de Bestialité. Cette atmosphère est amplement mise en avant à l’aide de certains moments où un climat d’épouvante nous fait tout simplement vibrer. En voici l’un d’entre eux : “Et puis Roger ne l’entendit plus…Il appela. Pas de réponse. Roger s’enfonça dans les bois. L’obscurité était presque totale. Seule la lune donnait une vague clarté diffuse, là où les arbres étaient plus clairsemés. Quelque part sous la futaie, un chien hurla à la mort. Roger frissonna“. Nous aussi !
Bestialité convie le lecteur à l’accomplissement d’une malédiction familiale, celle des Fresnaye, qui sera inéluctable. Celle-ci nous est bien sûr cachée pendant tout le long du récit néanmoins on la devine facilement emportés que nous sommes dans les sentiments qu’éprouvent les divers protagonistes de cette histoire. Une histoire digne d’un genre littéraire oublié et remplacé par le fantastique. Ce court roman est l’exemple même d’un renouement avec la littérature gothique qui s’éteignit dans les années 1830. Tout y est, bruits étranges, détails sinistres, les écrits du journal intime de l’un des personnages, château cachant dans son grenier un honteux secret de famille, etc. Cette lecture m’a fait rappeler les écrits d’Ann Radcliffe – en particulier Les Mystères d’Udolpho - ainsi que le Jane Eyre de Charlotte Brontë. Bien sûr avec beaucoup de différences car ce ne sont pas les mêmes histoires, ni la même façon d’écrire mais qui se ressemblent de par certains côtés gothiques que j’ai cité plus haut.
Cependant, Jean Rollin dépeint son histoire de manière simple ; sans fioritures. Il fait dans l’expéditif et il a raison. Le lecteur est pris mains et poings liés à la famille Fresnaye comme celle-ci à sa malédiction. Jean Rollin n’installe aucun doute en ce qui concerne cette dernière et son accomplissement. Il évite au lecteur de se poser beaucoup de questions. Certains seront ravis par ce choix tandis que certains en demanderont plus. Néanmoins, et ceci est un avis personnel, le fait de n’être pas enfouis sous des tonnes de revirements et de questionnements nous permet d’appréhender notre lecture de manière naturelle et bestiale. Comme il en convient pour lire ce thème fantastique qu’est la lycanthropie abordée dans ce Bestialité.

La conclusion de à propos du Roman : Bestialité [1995]

Auteur Lucie M.
70

Avec son Bestialité, Jean Rollin revisite un thème fantastique mainte fois usité et par la même occasion renoue également avec la littérature gothique ainsi que toutes ses caractéristiques si particulières. De manière expéditive et sans fioritures, il nous invite à suivre un récit teinté d’épouvante et réussit à nous y plonger tant et si bien qu’il nous arrive de frissonner à plusieurs reprises. Avec une simplicité des mots qui possède néanmoins un pouvoir évocateur fort, Jean Rollin nous entraîne dans un récit inéluctable qui en devient bestiale à tel point qu’on en dévore son roman.

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