Critique Rox et Rouky #1 [1981]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mardi 23 janvier 2024 à 09h00

Les rebelles de la forêt

Critique de la version française

Avec le recul, Rox et Rouky fait partie de la grande famille des classiques de l'animation Disney avec qui plusieurs générations ont maintenant vieilli. Mais à l'époque il s'agit d'un film charnière pour le studio annonçant autant une passation de pouvoir que des années de galère.

Comme d'habitude chez la firme aux grandes oreilles, le film est une adaptation. Ici du roman Le Renard et le Chien courant de Daniel P. Mannix dont les droits furent achetés à sa sortie en 1967. Il faut ensuite attendre 1977 pour que la production soit lancée sous la houlette de Wolfgang Reitherman ayant réalisé et produit un grand nombre des films d'animation Disney des années 1960 et 1970. Il est épaulé par un autre ancien de la main, Art Stevens qui venait de co-réalisé Les Aventures de Bernard et Bianca. Néanmoins, les points de vue entre les deux hommes diffèrent à un tel point que Reitherman doit se mettre en retrait (restant producteur) remplacé par Ted Berman et Richard Rich qui font leurs débuts en tant que réalisateurs. Cette passation de pouvoir se fait aussi parmi l'équipe des animateurs puisque Rox et Rouky est le dernier film d'animation à inclure des animateurs vedettes appartenant au « club » des Neuf Vieux Sages Disney, à savoir Frank Thomas et Ollie Johnston. Ils sont accompagnés par des artistes plus jeunes notamment un groupe mené par Don Bluth qui incarna bien les problèmes de conception du film puisqu'il démissionna en pleine production avec une dizaine d'autres personnes afin de créer son propre studio. Ce problème s'ajoute à de nombreux débats en ce qui concerne l'histoire évoluant sans cesse comprenant au final 8 scénaristes, dont Ted Berman. Il fallut ainsi recruter parmi de jeunes artistes afin de finaliser le film sachant qu'ils manquaient d'expérience. Pour l'anecdote, outre Don Bluth, on retrouve parmi les équipes d'animation de sacrés noms qui s'illustreront dans les décennies suivantes tels que John Lasseter, John Musker, Ron Clements, Tim Burton, Brad Bird, Henry Selick ou encore Chris Buck ! Après 4 années de production difficiles, le film sort enfin en 1981 avec un budget record de 12 millions pour un réel succès surtout public.

 

Situé probablement aux Etats-Unis dans une région montagneuse et rurale, Rox et Rouky débute alors qu'une renarde est pourchassée par des chiens de chasse. Elle porte dans sa gueule un renardeau qu'elle est obligée de laisser derrière elle avant de malheureusement mourir sous les balles d'un chasseur. Le jeune renardeau est ensuite recueilli par une fermière âgée vivant seule et qui le nomme Rox. En parallèle, le vieux chasseur acariâtre Amos vient d’acquérir le jeune chiot Rouky qu'il présente à Chef son chien de chasse vieillissant annonçant qu'ils vont le former. Rox et Rouky sont ainsi voisins et passent quelques moments ensemble devenant les meilleurs amis du monde. Malheureusement, les escapades de Rouky ne plaisent pas à Amos qui décide finalement de l'attacher. Alors que Rox vient chercher son ami, il réveille Chef qui va le pourchasser sur la propriété d'Amos dont le poulailler. Il n'en faut pas plus pour que le chasseur poursuive à coup de fusil le renardeau qui ne doit son salut qu'à sa maîtresse. Rox se voit ainsi mettre en garde contre la nature de son ami appelé à devenir son ennemi. Les deux jeunes amis sont par ailleurs séparés quand Amos, Chef et Rouky partent chasser pendant de longs mois dans des terres sauvages. A leur retour, les deux héros ont bien grandi et leur amitié reste problématique.

Malgré le nombre de scénaristes et les débats durant la production, le scénario du film est assez réussi dans le sens où la première partie est extrêmement solide posant très bien les enjeux tout en nous attachant aux personnages. Le tout emballé dans un film familial très efficace où l'humour côtoie le mignon, et les héros courageux côtoient le drame... Un cocktail d'émotions et de situations à même de captiver les moins vieux comme les moins jeunes (et vice-versa) via une montée en tensions assez magistralement mise en scène. J'aurai évidemment aimé que la thématique de la passation de pouvoir s'infiltre dans l'intrigue histoire de surfer sur mon introduction mais cela serait exagérer. Du moins pas complètement puisque le début du film nous montre deux personnages âgées devant prendre sous leur aile de jeunes êtres un peu fougueux et naïf vis à vis de leur rôle futur. De même que la relation entre Chef et Rouky nous entraîne pleinement dans cette idée de passation puisque le premier sera remplacé par le second. A moins qu'il s'agisse surtout de raconter les relations compliquées entre la nature et les êtres humains. Ces derniers voulant domestiquer au maximum les animaux pas forcément compatibles ou pour les dresser les uns contre les autres. Le tout s'accompagnant d'un message sur la beauté du vivant comme d'une charge contre la chasse tant Amos n'a clairement pas le beau rôle...

 

Mais dans un sens plus global, Rox et Rouky suit pleinement la tendance des Aventures de Bernard et Bianca à savoir des films d'animation où la féerie comme l'enchantement sont bien moins présents. Comme une sorte de pessimisme et de fin de l’innocence s'étant emparés des studios Disney tout en restant des productions assez familiales. Rarement Disney n'aura été aussi doux-amère que sur Rox et Rouky qui nous rappelle constamment que le drame n'est pas loin et que cette amitié peut mal terminer. Que cela soit la mort de la mère de Rox ou l'affrontement final, le film multiplie les tensions et n'élude jamais le fait que Rouky est dressé pour tuer. Cet aspect plus réaliste est renforcé par le fait que le zoo-anthropomorphisme est léger et que les amateurs d'imaginaire devront revoir leurs exigences à la baisse. Et comme pour contrebalancer cette ambiance parfois lourde, il existe le duo d'oiseaux chassant une chenille offrant des intermèdes plus cartoon mais qui arrivent parfois comme un cheveux sur la soupe. Le film est bien plus efficace quand il se concentre sur l'amitié naissante entre les deux héros, touchante de simplicité, puis leur inévitable affrontement. Pour ce qui est de la direction artistique, elle s'avère assez classique dans une approche plutôt réaliste avec néanmoins une touche Disney. On apprécie surtout que les apparences des personnages soient là pour illustrer leur caractère. L'aspect dégingandé du pie-vert nous fait rire, la bonhomie de la fermière incarnant sa bonté ect... Seule ombre au tableau artistique, les musiques comme les chansons très oubliables.

L'animation est évidemment de qualité ayant quand même le défaut d'avoir des superposition et autres incrustations parfois tellement voyantes que ça jure un peu. Je ne sais pas si ce défaut était voyant à l'époque ou s'il est imputable à la qualité de la version blu-ray... Mais pour ce qui est du travail d'animation, c'est encore un régal. Que cela soit pour animer un renard élégant, un chiot pataud, une vieillie voiture, un ours furieux ou un simple tas de neige, c'est toujours un régal. La qualité est encore au rendez-vous quand bien même les différentes prouesses ne constituent pas un pallier pour les studios Disney qui avaient déjà placés la barre très très haute. Le classicisme de la direction artistique ne permet pas de réelles folies. Pour ce qui est de la mise en scène, Art Stevens, Ted Berman et Richard Rich sont de réels chefs d'orchestre veillant à que chaque partition de chaque animateur se coule dans le film pour que la symphonie fonctionne. Tout est très classique et rendu bien efficace par un montage de qualité. En ce qui concerne les doublages français, on en a connu de meilleurs notamment les premiers rôles un poil décevants. On est plus conquis par les seconds rôles où apparaît évidemment l'immortel Roger Carel.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Rox et Rouky #1 [1981]

Auteur Bastien L.
74

Rox et Rouky n'est clairement pas le meilleur Disney qui soit mais il n'en reste pas moins un divertissement de qualité efficace qui sait autant nous émouvoir, nous émerveiller, nous faire rire ou nous faire frissonner. Il est le témoin d'une époque charnière de Disney où de nouvelles équipes prennent le pouvoir tout en étant plus réaliste et plus mature dans ses histoires racontées.

On a aimé

  • La qualité d'animation
  • Un drame aussi beau que touchant
  • De jeunes héros attachants

On a moins bien aimé

  • Les chansons et les musiques
  • Un scénario manquant un peu de consistance
  • L'incrustation de l'animation sur les décors

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