Critique Deadly Premonition #1 [2010]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 7 octobre 2020 à 09h00

Un jeu proprement génial ! (sauf quand il faut jouer...)

Critique de la version « Director's Cut » sur PS3.

Les cinéphiles connaissent depuis longtemps la notion des « good bad movies » ou des films si mauvais qu'ils en deviennent bons ou que l'on regarde avec grand plaisir malgré leurs trop nombreux défauts. Un concept qui a évidemment été étendu au jeu vidéo avec les « good bad games » dont Deadly Premonition pourrait être un des meilleurs représentants.

Deadly Premonition est un projet mené par les équipes japonaises d'Acces Games scénarisé et dirigé par Hidetaka Suehiro connu sous le pseudonyme de Swery65. A ses débuts, le studio sort Spy Fiction royalement ignoré avant de bosser pour des éditeurs comme Namco et Capcom sur les séries Ace Combat ou Devil Kings. Sorte de projet parallèle, Deadly Premonition s'intitulait à la base Rainy Woods puis fut annulé en 2007 avant d'être quasiment intégralement repris en 2008 avant une sortie en 2010 sur Xbox 360 dont on doit la localisation européenne à Rising Star Games qui a accompagné les différentes sorties du jeu. Le titre avait pour ambition d'offrir un survival-horror en open-world se concentrant sur une enquête assez glauque autour d'un serial-killer sévissant dans une bourgade du nord-est des Etats-Unis. Une plongé dans une ambiance particulière où Swery65 déclarait son amour à la pop culture comme à David Lynch... Le jeu fut distribué en Europe sur PS3 et PC en 2013 dans une version « director's cut » qui simplifie un peu le gameplay et ajoute quelques cinématiques.

Le jeu vous met dans la peau d'un agent du FBI, Francis York Morgan, envoyé dans la bourgade de Greenvale, située dans l'Etat de Washington. Il intervient en tant que simple observateur devant suivre la police du coin enquêtant sur le meurtre d'une jeune femme à la mise en scène évoquant un sacrifice païen. Il va ainsi rencontrer le shérif bourru George Woodman et sa belle adjointe Emily Wyatt. Alors qu'il se lance dans l'enquête, il est aspiré dans une étrange dimension où il est attaqué par des humains agressifs à l'apparence de zombies. Lors de sa première journée, il va aussi se rendre compte que la victime a dans sa gorge une étrange graine rouge qui correspond à un mode opératoire d'une série de crimes frappant les Etats-Unis. C'est à ce moment que York décide de prendre en main l'enquête plongeant la tête la première dans l'étrange ville de Greenvale. Il va découvrir les habitants un peu spéciaux du coin mais aussi un folklore local particulier d'une population ayant un peu peur de la pluie suite à la légende du Tueur à l'Imperméable (Raincoat Killer). York est un profiler un peu spécial lui aussi puisqu'il cache un lourd passé, dispose d'une personnalité assez renfermée et s'adresse constamment à certain Zach semblant se trouver dans sa tête...

Deadly Premonition est une œuvre culte. Non pas une œuvre unanimement jugée culte mais le genre d’œuvre culte qui dispose d'une groupe de fans assez restreint et dont la grandeur reste difficile à appréhender par tous. Et ce statut, le titre le doit vraiment à son scénario qui est sans conteste son gros point fort. Les mauvaises langues pourront arguer qu'ils s'agit même de son seul point fort et ils n'auront pas tout à fait tord. En l'état, le jeu fait quand même furieusement penser aux travaux de David Lynch, notamment la série Twin Peaks avec laquelle il partage cette histoire de détective du FBI assez charmant et amateur de café plongé dans une étrange bourgade après le meurtre d'une jeune femme. Sans oublier l'omniprésence du rouge dans la direction artistique. On pense aussi à Blue Velvet et Mulholland Drive par certains aspects... Mais Swery65 convoque aussi toute la pop culture dominée par les séries et films américains avec tout plein d'archétypes : le shérif peu ravi de voir débarquer l'agent du FBI qui lui semble tout faire pour se montrer froid et autoritaire... Bref, on est en terrain connu.


 

Malgré ce classicisme assumé et ce clin d'oeil très appuyé à David Lynch on se laisse réellement porté par l'histoire. L'enquête de York à la poursuite d'un serial-killer aux accents surnaturels fonctionne du début à la fin. D'abord parce que les rebondissements de situation sont intéressants et bien amenés faisant qu'on se passionne jusqu'au bout sur l'identité du criminel. Ensuite, les personnages sont extrêmement attachants dans leurs qualités comme leurs défauts. On se surprend à apprécier l'agent York à la psychologie de plus en plus complexe et via son alchimie naissante avec la rassurante comme efficace Emily. Tous les personnages dispose d'un grand soin d'écriture en apportnt souvent un aspect comique voire inquiétant avec une personnalité toujours plus complexe qu'au premier abord. Cela renforce une ambiance vraiment unique avec cette menace qui plane sur la ville mais aussi son aspect champêtre dépaysant dans sa vie assez monotone. Cela offre un jeu adulte dans le sens où il n'hésite pas à aller dans le glauque avec des meurtres assez violents sans tomber dans le torture porn mais aussi parler de sexualité sans jamais tomber dans le fan service. Chapeau bas monsieur Swery65 !

Malheureusement tout n'est pas parfait dans le traitement de l'histoire avec des comédiens de doublage pas toujours au top mais aussi une mise en scène trop répétitive. Les personnages ont des sortes de poses « signatures » qu'ils répètent ad vitam eternam et chaque type de dialogue (léger, sérieux, inquiétant...) dispose aussi de sa signature musicale revenant trop souvent. Ce qui est dommage car les musiques sont vraiment bonnes et servent souvent à souligner de la meilleure des manières ce qui se passe à l'écran. Pour le reste de l'ambiance il ne faut néanmoins pas vraiment compter sur les graphismes qui rappellent surtout un jeu moyen PS2 qu'un titre PS3 malgré le soin apporter aux visages des personnages principaux. Mais l'ensemble s'avère bien trop pauvre pour offrir un monde ouvert qui impressionne avec des textures trop grossières et un aspect technique globalement bâclé. Heureusement que la direction artistique est solide. Après il faut quand même reconnaître que l'on a affaire à une production qui manque de moyens d'où un aspect parfois globalement... moche... Il existe bien quelques fulgurances avec un aspect glauque et vieilli intéressant pour l'étrange dimension. Les joueurs ne jurant que sur la technique et les graphismes doivent passer leur chemin...

En ce qui concerne son gameplay, le titre se divise en deux phases qui se rejoignent à quelques occasions. D'abord la phase purement d'enquête et d'exploration qui propose de se trimballer dans la ville et ses environs afin de poursuivre l'histoire, enchaîner les mini-jeux ou juste flâner. Pour ce faire vous disposer d'un véhicule dont la conduite est tout bonnement atroce tandis que l'open-wold en lui-même n'offre que peu d'intérêt si ce n'est converser avec les personnages bien travaillés du jeu. De plus, la carte n'est absolument pas pratique à utiliser et on se perd un peu aussi à cause d'une légende mal pensée. Un système de quêtes disponibles à certaines heures peut parfois s'avérer contraignant surtout que le temps passe assez lentement. Enfin, les différents habitants de la ville ont vraiment leur emploi du temps mais on ne peut pas dire que cela soit impressionnant en 2013... Pour pousser un peu le réalisme, les équipes d'Access Games ont ajouter des barres de fatigue et de faim au héros qui s'avèrent finalement plus qu'anecdotiques... Pendant ces phases, le titre prend des allures de jeu d'aventure en soit pas désagréable car l'histoire est bonne mais les longs voyages monotones en voiture pourront avoir raison des moins patients...

L'autre type de phase est celle purement survival-horror dans l'étrange dimension qui happe souvent York lors des phases les plus importantes de son enquête dans des lieux comme l’hôpital, une scierie et autres... Des phases où il va devoir explorer en trouvant des clefs avec de petites énigmes, éliminer des ennemis agressifs avec différentes armes à feu mais aussi parfois fuir face au mystérieux Raincoat Killer à l'aide de QTE. Tout est proprement raté ! De l'aveu des développeurs, ces phases ont été rajoutées pour donner plus de cachet à l'international au titre et cela se ressent. Non pas que les phases soient injouables, elles sont juste nulles... Le héros se manie comme un 35 tonnes, il ne peut tirer et se déplacer donnant un Resident Evil du pauvre pour le gameplay dans des décors évoquant plus un Silent Hill du pauvre... Les énigmes sont risibles et les phases de QTE franchement barbantes. D'autant que ces phases sont parfois bien trop longues pour un titre qui ne fait jamais peur car sans grande difficulté... Le titre atteint ainsi facilement les 20 heures de jeu mais on ne peut pas dire qu'on s'amuse tout du long... On se prend alors à rêver ce qu'aurait pu donner le jeu avec ces phases survival-horror mieux intégrées en embrassant un aspect aventure bien plus assumé à l'image d'un The Walking Dead par Telltale Games...

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Deadly Premonition #1 [2010]

Auteur Bastien L.
45

Pour beaucoup, Deadly Premonition est un jeu culte. Alors il est vrai que son ambiance mature, son histoire aux allures de bon thriller poisseux et ses personnages aussi attachants que bien travaillés donnent un cachet vraiment unique à l'expérience. Malheureusement pour lui, Deadly Premonition est un jeu et dès qu'il faut jouer c'est la douche froide sans imperméable avec un gameplay calamiteux dont le manque de moyen n'excuse pas tout... Une œuvre intéressante truffée d'imperfections avec une technique d'un autre âge dès sa sortie. Un grand mauvais jeu en somme...

On a aimé

  • Son histoire et ses personnages
  • Une direction artistique réussie
  • Un titre vraiment mature

On a moins bien aimé

  • Son gameplay
  • Sa technique et ses graphismes
  • Assez ennuyeux par moments

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