Critique Kraa! The Sea Monster [1998]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 31 août 2011 à 17h26

Ridiculous Monsters from Outer Space

Originaire de la planète noire Proyas (tout un programme), lord Doom est un pirate de l'espace mégalomaniaque portant fièrement une panoplie de Skeletor. Ce triste individu a pour objectif ultime  la conquête de la galaxie et, bien entendu, la Terre figure en bonne place parmi la liste de ses priorités (décidemment, nous, terriens, faisons des envieux; on ne compte pas un jour sans qu'un voyou intersidéral veuille nous spolier de notre bien). Cependant, malgré ses fanfaronnades et son rire sardonique, Lord Doom ne peut guère cacher qu’il ne dispose que de moyens limités. Pour s'en rendre compte, il suffit de jeter un oeil à son état-major, composé d'un unique nain binoclard, et à sa garde personnelle, deux types revêtus d’armures en plastique louées chez le Toys ‘’R’‘ Us du coin. En fait, pour executer ses desseins, il ne peut compter que sur une seule arme, cependant redoutable: Kraa, une terrifiante créature à la démarche arthritique et au sourire figé qui, selon les affirmations des agents de Space Patrol, est "aussi stupide que méchante".

Lord Doom envoie donc Kraa sur notre planète, plus précisemment dans l'océan, histoire que le monstre nous la fasse style kaiju eiga lorsque, surgissant des flots, il se dirige en gondrant vers une ville miniature composée de deux batiments en carton-pâte et d'une voiture Majorette. Enmême temps, là-haut dans l'espace, il tente de mettre hors d'état de nuire l’équipe de surveillance de Space Patrol, quatre ados en pyjamas bleus qui occupent une gigantesque boule disco utilisée comme station orbitale (oui, je sais, c’est étrange). L'attaque est très violente. Touchée par le rai d'une lampe de poche, la boule disco subit une brêche d’ou s’échappent des petites bulles de Perrier (c’est fou!) alors que ses occupants se jettent contre les parois et se roulent au sol, histoire de nous faire croire que les lieux sont sacrément secoués. Il y en a même une qui se casse un ongle. C'est gore.

Sur la maquette de la Terre, Kraa commence son taf de colosse destructeur. Voir ces batiments exploser sous l'impact de la queue du monstre, dispersant aux alentours de lourds blocs de papier mâché, est un spectacle vraiment impressionnant. Puis, après avoir visité la ville, voilà qu'il approche d'une centrale thermique composée de tubes en plastique et de pots de yaourts renversés. Soudain, le monstre est ralenti par des fils de pech... euh... des cables électriques tendus sur son chemin, et il hurle son mécontement. En fait, comme il ne peut pas remuer sa machoire de plastique moulé, Kraa se met à frénétiquement à secouer sa tête de haut en bas, et de droite à gauche. C'est bizarre. Alertées, les autorités ont envoyé sur place des forces considérables: deux gars dans une jeep et un agent de la CIA habillé en VRP. On installe rapidement une arme de destruction massive conçue par les arsenals Mecano. Le combat promet d'être titanesque.

Mais Kraa n'est pas le seul extra-terrestre à nous rendre une petite visite. Il y a aussi Mogyar, sorte de croissement improbable entre un champignon pourri et un gros mollard vert (certain lui trouve également une petite ressemblance avec une tortue, mais bon...). Lui, c'est un gentil, un agent planétaire. Il est là pour nous aider. Il a un look dégueu mais est très intelligent; la preuve, il est capable d'apprendre un dico d'anglais en le feuilletant à toute vitesse, comme l'Homme qui valait trois milliards... ou un autiste. Mogyar va trouver des oreilles attentives en Bobby le biker philosophe et Alma la serveuse, deux sympathiques crétins rencontrés après qu'il soit passé à travers le plafond du snack dans laquelle la seconde est employée (en fait, l'ET a atterri dans le New Jersey au lieu de sa véritable destination, l'Italie, sacré GPS!). Mais bon, force est d'admettre que cela n'est guère utile, le moment n’étant propice ni à causer philosophie ni à la conception d’un breakfast. Le gouvernement, lui, serait plus à même de mettre en application les conseils de Mogyar mais, depuis le crash de Roswell et le cas Michael Jackson, les services secrets ont quelques préjugés négatifs envers les aliens, surtout ceux qui ressemblent à des champignons pourris aux allures de gros mollards. Résultat: victime du délit de sale gueule, Mogyar finit dans un bocal à spécimen!

L’humanité vit-elle ses derniers instants?

Comédie réalisée par Aaron Osborne et Dave Parker (et oui, aussi incroyable que cela puisse paraitre, ils se sont mis à deux pour faire ça!), Kraa! The Sea Monster peut être présenté comme le mélange hétérogène d'un kaiju eiga, d'un space opera spaghetti (dans le même genre que ceux d'Alfonso Brescia) et d'une aventure à la ET, tant ces trois composantes, à aucun moment, ne parviennent réellement à se souder. D'un coté, vous avez une réplique cheap d'un monstre géant, style Godzilla relooké par les Power Rangers, qui écrabouille 10 cm² de décors miniatures et un train électrique, d'un autre des patrouilleurs de l'espace armés de seche-cheveux qui tentent de mettre lord Doom hors d'état de nuire et, enfin, les aventures terrestres d'une étrange créature impotente au design ridicule et à l'accent italien, nommée Mogyar. C'est d'ailleurs ce dernier élément qui est le plus réussi, car le plus surprenant.

La gestion des effets spéciaux a été confiée à Aaron Osborne, un chef décorateur de formation qui avait auparavant déjà collaboré avec Charles Band (producteur de ce film). Dans le genre, il fit ses premières armes en 1993, toujours au poste de chef décorateur, sur la version US du tokusatsu Ultraman. Ici, il fait ce qu’il peut avec les moyens du bord, qui sont extremement limités, mais, au final, il nous propose un monstre géant au design assez sympathique. On pourra noter que Kraa! The Sea Monster est construit à base de séquences qui mêlent des plans employant un acteur costumé et d’autres utilisant d’une marionnette miniature. Ce faisant, le film rend donc autant hommage aux kaiju eiga de la Toho et de la Daiei qu’aux super sentai japonais et leurs dérivés US (Power Rangers et Ultraman) et aux séries B des années. Force est également de signaler qu’Aaron Osborne et Dave Parker (Les morts haïssent les vivants) ont fait un véritable effort en ce qui concerne la multiplicité des décors, à défaut de pouvoir les rendre crédibles. Enfin, pour ce qui de la réalisation, sans réussir de miracle, le duo a réussi à insuffler au métrage une atmosphère fun (doté d’un humour naïf est omniprésent) et à instaurer un rythme qui ne faiblit qu’en de rares occasions - essentiellement en milieu de métrage, quand Bobby et Alma sont interrogés par la CIA.

Enfin, pour finir, notons la présence au casting d'Alison Lohman, qui incarne un membre du Space Patrol, et qui est la seule, à ma connaissance, à avoir connu ensuite une véritable carrière dans le milieu.

La conclusion de à propos du Film : Kraa! The Sea Monster [1998]

Auteur Nicolas L.
40

Alors, Kraa! The Sea Monster n’est pas un bon film. Ce n’est même pas un film moyen. Par contre, c’est un spectacle qui ne manque pas de charme pour tous les fans de super sentai et de keiju eiga. On sent en effet dans cet oeuvre le fruit du travail de deux techniciens amoureux du genre et même si le résultat à l’écran est plutôt médiocre (voire même parfois mauvais), force est d’avouer que j’ai passé à un agréable moment, en bon geek qui s’assume, en visionnant ce kaiju eiga bourré d’influences.

On a aimé

  • Une atmosphère fun
  • Un petit hommage sympa aux kaiju eiga

On a moins bien aimé

  • Une réalisation approximative
  • Des FX cheaps
  • Un scénario maladroit

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