Critique Killer Pussy [2004]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 6 juillet 2009 à 17h31

L'attaque des vagins cannibales

Malgré les sombres avertissements d'un figurant japonais grimé en indien d'Amazonie, un trio de scientifiques un peu idiots capturent un étrange petit invertébré dans les eaux d'un fleuve et le placent dans une glacière de polystyrène extrudé (la même qu’utilise mon papa pour y ranger ses asticots lors de ses expéditions de pèche). Pendant que les deux hommes de l'équipe tentent de calmer l'ire de l'autochtone emplumé, la représente féminine s'assoie sur la glacière, afin d'empêcher, par la présence de son élégant postérieur, la créature de sortir de sa prison en soulevant le couvercle. C'est alors que l'animal (une sorte de larve baveuse) parvient à traverser la paroi de la glacière et s'introduit dans le vagin de la jeune femme.
Fondu au noir...
Quelques temps plus tard, cinq jeunes touristes arrivent sur les lieux à bord d'une camionnette qui ne va pas tarder à tomber en panne. Après avoir marchés quelques temps, ils décident de s'installer pour la nuit dans un bunker apparemment abandonné... apparemment…

Connu pour sa série des ExorSister (cycle de pinku-eiga fantastiques mettant en vedette, comme son titre l'indique, des nonnes exorcistes), le réalisateur nippon (et sacrément fripon) Takao Nakano va encore plus loin dans le délire gore, potache et coquin avec ce Killer Pussy. Après une entame qui évoque quelque peu le BrainDead de Peter Jackson, le scénario de ce softcore baveux nous entraîne dans une intrigue aux douces fragrances de série B des années 80, mais par le biais d'un traitement ultra-cheap qui tire plutôt le métrage vers le Z. A la vue de ce parasite qui passe d'hôte en hôte via les rapports sexuels, l'on pense bien entendu au Frissons de David Cronenberg, mais aussi - par le fait que ce parasite soit très vorace - à une version fauchée d'Alien (d'autant plus que la créature finit par atteindre une taille respectable) ou au Parasite de Charles Band (filmé à l’époque en 3D).

Dialogues stupides, jeu d'acteur baignant dans la médiocrité, gags crades et débiles, personnages crétins et situations improbables bourrées de clichés sont au programme de ce film qui n'a qu'un seul objectif inscrit dans son cahier des charges: nous offrir un spectacle à la fois grand guignol et polisson. Takao Nakato fait donc fi de toute logique. On y voit un véhicule familial s'aventurer dans une région supposée sauvage; une fille plonger sans hésitation, nue comme un ver, dans une baignoire inexplicablement remplie d'une eau limpide (dans un bunker abandonné, ne l'oublions pas! Elle y trouve même une éponge et du savon !); deux jeunes gens découvrir un corps inerte dans un sac, hurler comme des damnés, et faire comme de rien n'était dés le plan suivant; un jeune débile en rut suivre la piste de sa copine en se fiant aux imposantes flaques visqueuses qu'elle laisse derrière elle, pensant qu'elle est tout bonnement très excitée, etc. Bref, c'est n'importe quoi!

Dans ces conditions, les principaux atouts du film se situent à la fois dans les séquences dénudées et les explosions gore. Et il est peu de dire que Takao Nakato excelle dans le mélange de ces deux éléments bis tant le film est riche en scènes trashs. Violentes castrations, saphisme sanglant, tripotages de nichons composent donc l'ordinaire de ce défilé de séquences nous exposant des jeunes "actrices" dénudées (des spécialistes du porno reconverties en comédiennes de série Z pour l'occasion) recouvertes de sang et autres substances dégueulasses et visqueuses. Cependant, si le craspec est au programme, son aspect glauque et malsain est désamorcé par l'omniprésence d'un comique potache, situé, bien sûr, exclusivement en dessous de la ceinture. Certains gags sont d'ailleurs très drôles, comme lorsque l'une des filles infectée laisse échapper de son vagin carnassier - devant les regards médusés de ses anciens amis - une paire de lunettes mâchouillée, déjection métallique de son dernier festin cannibale (armé d'une conclusion magnifiée par un face-sitting des plus voraces) .

Si le film est très sanglant, il est à signaler que les effets spéciaux sont totalement pourris, notamment les effets visuels (les inserts CGI représentant le parasite émergeant du vagin de ses victimes sont absolument grotesques). La version « mécanique » ne vaut d’ailleurs guère mieux car il s’agit en général d’une sorte de Muppet matérialisé via une sorte de chaussette monstrueuse (on devine même la main du manipulateur à l’intérieur), à l’hallucinante rangée de dents. Poussant jusqu'au bout la démarche Z, Takao Nakato ne prend même pas la peine d'essayer de masquer la multitude de faux raccords. Il mise tout simplement sur les débordements gore pour nous faire oublier les imperfections, à grands coups d'éviscérations, de membres arrachés, d'une désopilante énucléation et de décapitations. Il y parvient en partie, notamment dans la dernière demi-heure, quand il sombre dans une démesure que n'aurait pas renié Herschell Gordon Lewis.

A noter, enfin, que si le film se voit doté d'un scénario minimaliste, redondant et stupide, sa courte durée (une petite heure) empêche l'installation d'une sensation d'ennui et de monotonie.

 

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Killer Pussy [2004]

Auteur Nicolas L.
55

Killer Pussy est une crétinerie polissonne et grand guignol totalement décontractée qui ne va séduire que les inconditionnels du genre et les fans de V-Cinema. En effet, hormis ces deux aspects qui ont captivé le spectateur cinéphage, potache et fripon que je suis, il n'y a pas grand chose à retenir du film de Takao Nakato. En même temps, ce n'était pas dans les intentions du cinéaste de nous offrir autre chose qu'un délire craspec et rigolard, loin de la dissertation psychologique de Teeth, par exemple, qui présente, au premier abord, quelques similitudes dans son concept.

On a aimé

  • De bons gags
  • Parfois très drôle
  • Un aspect Z absolument assumé
  • Des filles dénudées, du gore... what else?

On a moins bien aimé

  • Un scénario débile
  • Des FX cheap
  • Interprétation assez médiocre

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